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Hygiène numérique
Article

Confinement : comment résister à l'hyperconnexion ?

27.03.2020

Pour beaucoup, le confinement fait reposer l’ensemble de nos loisirs et vies professionnelles sur le numérique. Alors comment lutter contre l’hyperconnexion qui nous guette ?

L’hyperconnexion, conséquence inévitable du confinement

Depuis plus d’une semaine, la population française est confinée et un tiers de l’humanité est dans l’obligation de ne plus quitter son domicile. Ce contexte inédit a coupé toute forme de communications et de relations sociales ordinaires, laissant le numérique omniprésent, avec pour conséquence une explosion des phénomènes d’hyperconnexion1.

La cerise sur le gâteau ? L’utilisation quotidienne de supports numériques pour travailler estompe la frontière entre professionnel et privé. Le domicile devient alors un lieu de vie et de travail, structuré par nos outils digitaux. Nous nous tournons quotidiennement vers nos ordinateurs et téléphones portables pour travailler, nous divertir, nous évader ou communiquer dans un contexte qui limite drastiquement nos activités extérieures et interactions physiques.

Chez les plus jeunes, on retrouve la même situation : les élèves et étudiants continuent leur scolarité à distance via des plateformes numériques et des programmes diffusés par le service public à la télévision, troquant leurs stylos et cahiers pour des écrans. Lorsqu’ils terminent leurs devoirs, c’est directement sur les réseaux sociaux qu’ils scrollent pour retrouver leurs amis.

L’un des facteurs multiplicateurs du phénomène d’hyperconnexion résulte de la mutation de nos interactions sociales vers le tout numérique. Comme le souligne Michael Stora, psychologue et psychanalyste français auteur du livre Hyperconnexion2, « dans le succès du smartphone, il y a cette dimension plus invisible du toucher […] le fait de toucher l’image vient colmater à certains moments des angoisses de séparation. Quand on écrit un SMS, on l’écrit avec ses doigts sur un clavier virtuel, il y a quelque chose de l’ordre du toucher. »

Dès lors, les personnes confinées combattent la restriction de leurs interactions physiques grâce au numérique et à une touche de créativité : apéro virtuel entre amis, partage d’informations, de défis et de vidéos divertissantes, appel groupé familial ou encore live sur les réseaux sociaux. Toute notre vie sociale dépend désormais nos ordinateurs et smartphones.

Que risquons-nous face à l’hyperconnexion ?

On estime qu’au-delà de trois heures de connexion quotidiennes, le numérique, comme toute activité pratiquée excessivement, peut être néfaste pour notre santé, physique comme mentales. Mais quels en sont les manifestations concrètes ? Hormis une crampe au pouce et des yeux rouges face à la lumière bleue, les risques liés à ce phénomène sont nombreux et pour certains inconnus.

Les conséquences de l’hyperconnexion peuvent être d’ordre psychologique avec une baisse de notre capacité de concentration et, in fine, de notre productivité. Pour cause, notre cerveau est continuellement stimulé par un flux innombrable d’informations nouvelles qui captent et déjouent notre attention. Pour Roland Gori, psychanalyste, l’hyperconnexion peut être responsable d’un repli sur soi : « l’homme numérique consomme de plus en plus de technologies et s’implique de moins en moins dans les relations humaines »3.

Mais des risques physiques sont aussi bien réels. L’hyperconnexion réduit la pratique d’activités physiques et favorise la sédentarité. Paralysé derrière ses écrans, seuls échappatoires au domicile du confiné, le corps se transforme (prise de poids, douleur musculaire, etc). Enfin, la lumière des écrans, couplée aux informations parfois anxiogènes auxquels ces derniers nous exposent aujourd’hui, multiplient les troubles du sommeil… Au point d’amener Facebook à nous faire ses propres recommandations pour faire face à l’épidémie d’anxiété causée par le contexte actuel4 « Attendez-vous à des moments de stress, il est normal de ressentir peur et anxiété, discutez de ce que vous ressentez, ne suivez pas l’actualité en continu, faites des pauses ».

Des solutions simples existent face à ce phénomène

Face au risque d’hyperconnexion et dans ce contexte particulier de confinement, comment faire en sorte de nous déconnecter ?

L’adoption de la Loi El Khomri a introduit en France le droit à la déconnexion. L’objectif ? Permettre aux salariés de concilier vie personnelle et vie professionnelle, tout en luttant contre les risques liés à l’hyperconnexion. Pour cela, les salariés doivent avoir la possibilité de ne pas se connecter aux outils numériques et de ne pas être contactés par leur employeur en dehors de leur temps de travail. Ce droit à la déconnexion concerne tous les salariés, y compris donc ceux qui ont opté pour le télétravail. Mais en pratique, comment appliquer ce droit ?

Avec le confinement, la frontière s’estompe entre vie privée et vie professionnelle. Pour y faire face, l’une des solutions peut être de recourir à des horaires fixes de travail, en dehors desquels vous serions totalement déconnectés de nos outils et plateformes d’échanges professionnels.

Certaines applications peuvent aussi nous aider à gérer notre niveau de connexion. Par exemple, Forest5 est une application ludique qui nous accompagne dans l’optimisation de notre temps de travail, ou encore Off Time6, qui permet de désactiver certaines fonctionnalités de notre téléphone pour un temps donné, avec, lorsqu’on se reconnecte, une synthèse de tous les messages ou sollicitations reçus pendant le temps de déconnexion.

Il convient aussi de profiter du week-end pour s’offrir une majorité de moments de totale déconnexion… Nombreux sont ceux à l’avoir rappelé, le confinement peut aussi être l’occasion de consacrer un temps plus long à de nouvelles activités (lire, jardiner, cuisiner, méditer ou dessiner), de (re)commencer une activité physique régulière (yoga, renforcement musculaire, cardio), de se reconnecter à soi-même ou bien encore à ses proches. Dans tous les cas, l’hyperconnexion n’est pas la solution !


1 Utilisation digitale dépassant trois heures quotidiennement. Source : “Les dangers de l’hyper-communication & hyperconnexion numérique” - Bahman Ajang

2 Hyperconnexion, co-écrit avec Anne Ulpat, Éditions Larousse, 2017

3 L’hyperconnexion révèle la solitude des hommes, par Roland Gori, Psychanalyste

4 Page Facebook d’informations sur le COVID-19

5 Forest App

6 Off Time App

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