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Usages numériques
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Comment donner le goût de la data ?

17.01.2020

Nous produisons en moyenne 1,7 megabyte de données par seconde. Omniprésentes, les data n’ont pourtant pas toujours de place dans les programmes éducatifs. Alors comment donner envie aux jeunes de mieux comprendre ces data qui les entourent ?

Comment peut-on enseigner à des jeunes ce qu’est la data ?

Le concept de data literacy est un concept très anglo saxon, qui s’est introduit au niveau de la francophonie depuis quelque temps. Il revient à replacer la question de la donnée au coeur de son environnement. C’est à dire que nous ne pouvons pas parler de données sans parler des documents, des supports, des différents types d’informations et des acteurs de Ia data.

L’enjeu est également la démonstration de la donnée, car souvent les gens ne savent pas exactement ce qu’est une donnée : un numéro de téléphone, une empreinte ADN, une adresse mail, une photographie…?. Pour expliquer ce qu’est une donnée, il y a des techniques assez simples : sur des profils Google ou Facebook, on a la possibilité de voir ce que ces entreprises savent de nous1. Cette démarche permet une démystification, elle redescend la donnée au niveau du format : un tableur Excel.

La notion de métadonnées est également très importante : aujourd’hui ce qui rend intéressantes des data, ce n’est pas leur quantité, mais bien la façon dont elles sont rattachées entre elles. Ce n’est pas la somme des profils qui intéressent mais plutôt le fait que chaque profil soit rattaché à certains éléments de catégorisations qui permettent de donner sens.

Est-ce que l’art pourrait permettre une meilleure éducation autour de la question des données personnelles ?

La question artistique est une question intermédiaire. L’évolution pourrait être permise par des architectes de l’information ou des architectes des données. Ce type de formations regroupe des projections informationnelles sur les nouveaux médias, la dimension du traitement des données, la dimension de l’écologie des données, l’aspect éthique et l’aspect partage. L’architecture a un aspect artistique qui me paraît intéressant. Cette formation rassemble différentes approches : du design informationnel, des aspects économiques, des questions d’accessibilité au sens large, autant intellectuel que comme réponse au handicap. L’art est donc essentiel dans la démarche d’une meilleure connaissance des problématiques liées aux data.

Aujourd’hui qui pourraient être ces architectes de l’information ? Quelles formations feraient-ils ?

Les Etats-Unis ont créé des e-schools. Ce sont des écoles de l’information dotées d’outils web et data. En France, le terme est très peu compris. Aucune formation n’existe pour la formation d’architecte de l’information et des données. Les étudiants sont obligés de créer leur propre formation à travers plusieurs disciplines.

Pour répondre à la demande sur ces besoins, nous avons créé une licence à l’IUT de Bordeaux, appelée MIND, pour médiations de l’information numérique et des données2. Malheureusement, le recrutement des étudiants est difficile car les jeunes connaissent mal le domaine de la data. Ce secteur est très complexe et requiert des compétences qu’il faut aimer : la médiation, la com, le technique, l’humain et certains étudiants se sentent parfois trop jeunes pour allier toutes ces compétences.

Avoir un enseignement très lié au numérique surtout sur la forme, ne serait-il pas un moyen d’avoir des jeunes qui sont plus à l’aise avec les questions numériques ?

Certainement. Malheureusement, l’école avertit des dangers d’internet et des réseaux sociaux mais oublie souvent d’avertir sur les dangers des données personnelles. La pédagogie autour des data doit être simple et concrète. Apprendre aux élèves la manipulation de document avant de commencer la manipulation de données. Premièrement, expliquer comment fonctionne l’outil avant d’expliquer la technique. Lorsque les élèves ont acquis un niveau solide, ils peuvent travailler sur de l’open data. Par exemple, travailler sur les données laissées sur le web et apprendre à les télécharger, cela s’apparente à une première démystification.

Permettre à un individu de mieux comprendre des données, cela implique un renforcement de ces compétences et donc un empowerment, c’est un enseignement essentiel. Cela concerne l’ensemble des publics : les seniors mais aussi les plus jeunes.

C’est une question citoyenne. La question du numérique renvoie à des questions de démocratie, quand nous maîtrisons le numérique, nous maîtrisons la parole. Nous devons repenser l’accès à de l’information en matière de politique. Depuis trois ou quatre ans, la désinformation disponible sur internet a eu des conséquences politiques indéniables mais anticipables. Par conséquent, il y a un enjeu de formation mais qui n’est pas suffisant.


1 Données personnelles: ce que Facebook et Google savent vraiment sur vous, Aurélie Rodrigues pour Salte, publié le 28 mars 2018, url : http://www.slate.fr/story/159616/donnees-personnelles-facebook-google-savent-sur-vous

2 Licence professionnelle Médiations de l’Information Numérique et des Données, url : http://www.iut.u-bordeaux-montaigne.fr/diplomes/licences-pro/mediations-de-linformation-numerique-et-des-donnees-mind/

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