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Risque et sécurité
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Les internautes français en 2016 : assidus et méfiants

18.01.2017

Faire ses courses, consulter ses comptes bancaires ou encore déclarer ses revenus au Trésor Public se fait désormais le plus souvent en ligne. L’utilisation d’Internet se généralise, mais on surfe avec une vigilance accrue. Revue des pratiques numériques des Français, et de leurs astuces pour naviguer en toute tranquillité.

Les services accessibles en ligne sont de plus en plus nombreux, et de plus en plus utilisés. Mais avec méfiance.

Internet a conquis toute la France. Ou presque : une poignée d’irréductibles résistent encore et toujours à la vague numérique. 17 Français sur 100 n’utilisent aucun service en ligne que ce soit, selon la cinquième édition du baromètre de la Caisse des Dépôts, l’Acsel (Association de l’économie numérique) et la Poste publié en octobre dernier. Ceux qui ont adopté le numérique ne peuvent plus s’en passer. Pour eux, se connecter est devenu un réflexe quotidien : pour échanger sur les réseaux sociaux, pour remplir le réfrigérateur et acheter des vêtements, pour voyager en covoiturage ou commander un taxi, ou encore pour réaliser des opérations bancaires et adresser sa déclaration fiscale de revenus. Les services accessibles en ligne sont de plus en plus nombreux, et de plus en plus utilisés. Mais avec méfiance. La confiance des internautes a atteint cette année un niveau « historiquement bas » (37%).

Plus on utilise Internet, plus on surfe en confiance

Si la prudence en ligne prévaut pour tous les internautes, ce sont surtout les Français non connectés qui manifestent le plus d’inquiétudes vis-à-vis d’Internet. Selon la classification du baromètre, ces « réticents » (8% des sondés) sont âgés de 35 à 49 ans et rechignent à utiliser des services numériques. On trouve également des utilisateurs circonspects chez les plus de 50 ans. Mais ces « méfiants », qui sont 19 parmi 100 sondés, naviguent tout de même sur les sites de l’administration française, rassurés par leur reconnaissance officielle.

Les internautes de plus de 50 ans qui, en outre, s’aventurent sur les réseaux sociaux sont enclins à plus de confiance envers Internet. Ces « modérés » représentent l’opinion la plus partagée, avec 43% des personnes interrogées. Les « prudents » (20% des sondés) partagent ce point de vue balancé. Ces jeunes Franciliens de moins de 35 ans, très friands de réseaux sociaux et de consommation collaborative, surfent beaucoup plus souvent que leurs aînés « modérés ». Et ils débordent d’idées pour garder le contrôle sur leurs données personnelles en ligne, et éviter leur récupération à des fins commerciales.

Mieux on comprend comment fonctionnent les sites en ligne, plus on connaît de parades, et plus on fréquente une variété de sites en toute sérénité. Un internaute sur deux utilise sont smartphone ou sa tablette. Ces mobinautes sont globalement plus confiants à l’égard d’Internet que les utilisateurs d’ordinateurs. Sans surprise, la cinquième et dernière famille identifiée dans le baromètre, les « confiants », naviguent aussi bien sur ordinateur que sur smartphone ou tablette… voire utilisent plusieurs appareils connectés en même temps. Ces ultra-connectés addicts au numérique constituent 10% de la population. Ils sont des « Millenials », cette génération de moins de 35 ans qui a une connaissance « native » d’Internet, et qui sait comment en éviter les pièges, en particulier sur les réseaux sociaux.

Une multitude de parades pour protéger ses données en ligne

Quel que soit leur âge et leur niveau de confiance dans le numérique, les internautes français détestent que l’on récupère leurs données en ligne à des fins commerciales. Y compris contre la promesse d’une réduction de tarif. Et il est hors de question de laisser savoir à quiconque où l’on se trouve géographiquement quand on se connecte.

Pour déjouer la curiosité des vendeurs en ligne, 8 Français sur 10 prennent des mesures. La plupart d’entre eux suppriment les cookies sur leurs ordinateurs, rendant ainsi l’historique des sites visités intraçable pour les sites commerciaux. De la même façon que l’on fait régulièrement le ménage dans son logement, effacer le cache de son ordinateur est devenu un réflexe d’hygiène numérique pour 36% des internautes. Un tiers des internautes utilisent des bloqueurs de publicité, et les plus aguerris installent des logiciels dédiés pour surveiller la collecte des données lors de leur navigation. D’autres cultivent leur anonymat en changeant d’adresse mail selon les usages, en naviguant sous pseudo ou en entrant de fausses informations personnelles.

A l’échelle mondiale, la vigilance en ligne a le vent en poupe, même si elle prend des formes différentes selon les pays. Par exemple, les Américains se ruent sur les bloqueurs de publicité. Les Allemands, eux, étudient l’intégralité des conditions de vente d’un e-commerçant avant d’acheter… alors que les Français les acceptent sans les avoir lues.

Les services administratifs en ligne font l’unanimité

Tous les sites visités n’inspirent pas le même niveau de confiance. Le doute se concentrent d’abord sur les réseaux sociaux. Les services bancaires en ligne inquiètent fortement… ceux qui ne les utilisent pas. En revanche, acheter en ligne est devenu monnaie courante. Pionniers du numérique, les e-commerçants ont montré patte blanche : ils n’ont aucun intérêt à partager leur fichier clients avec leurs concurrents, et ils ont développé une logistique solide qui permet facilement de recevoir ses achats et de les retourner s’ils ne conviennent pas. Plus récentes, les applications de consommation collaborative, comme Blablacar pour le covoiturage ou Uber pour le taxi, ont séduit d’emblée. Le cloud, autre « nouveau venu » du monde numérique, a aussi su convaincre. Stocker des données dans le « nuage » reste un usage en ligne émergent, mais qui est jugé fiable.

La surprise de ce baromètre 2016 se trouve du côté des services administratifs en ligne. Trois Français sur quatre les utilisent, les yeux fermés pour les deux-tiers d’entre eux. La gestion des données par l’administration en ligne apparaît sécurisée pour les Français, comme pour l’ensemble des Européens interrogés lors du baromètre Ipsos-Spora Steria publié en novembre dernier. Cette étude souligne que c’est en France que la consommation de services administratifs en ligne a le plus progressé lors de l’année écoulée. Ce qui s’explique par l’activisme du gouvernement pour inciter les citoyens à se connecter, notamment pour déclarer leurs revenus au Trésor public ou encore pour effectuer une déclaration de vol. Les Français restent néanmoins sceptiques vis-à-vis de la relation en ligne avec les services administratifs de la police et de la justice.

Oui aux services de santé connectés, mais…

Aux côtés des Français, les Britanniques et les Norvégiens figurent également parmi les citoyens les plus enthousiastes à l’égard des services administratifs en ligne, alors que les Allemands sont plus dubitatifs. Mais, toujours selon l’étude Ipsos-Spora Steria, tous aimeraient aller plus loin dans leurs démarches citoyennes en ligne. Avec des attentes différentes. Sur Internet, les Allemands et les Norvégiens veulent de meilleurs services fiscaux, quand les Français souhaitent faciliter l’accès à la recherche d’emploi et à l’indemnisation chômage. De chaque côté du Rhin, l’attente principale des citoyens concerne les services de l’état civil. Mais un seul besoin d’e-service qui fait l’unanimité chez tous les Européens : la santé.

Pourtant, les internautes manifestent une vigilance maximale à l’égard du carnet de santé numérique, projet lancé en France dès 2004. Et pour cause : les risques liés à la divulgation des informations qu’il contient sont grands. Aux Etats-Unis, le piratage de 655.000 dossiers médicaux le 28 juin dernier a ainsi donné lieu à des demandes de rançon. Le « dossier médical partagé », qui doit être généralisé en France courant 2017, sera donc attendu au tournant par les citoyens connectés.

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