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Usages numériques
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L’apprentissage par le numérique, ça s’apprend

06.05.2021

Que ce soit à l’école ou à la maison, l’apprentissage avec le numérique questionne et crispe. Trop souvent, le débat est réduit à celui des écrans, et surtout, fait oublier qu’utiliser le numérique dans l’enseignement, ça s’apprend.

A la sortie du premier confinement, et dans l’année scolaire qui a suivi, l’enseignement à distance a beaucoup été questionné et critiqué. Souvent, il a été question des outils, des problèmes techniques et du temps passé devant les écrans par les petits et les grands. Et c’est vrai que, au printemps 2020 comme 2021, les bugs ont été nombreux et compliqué l’enseignement à distance. Pourtant, à ne parler que des outils numériques, on en oublierait presqu’un enjeu majeur : apprendre, et encore plus faire apprendre avec le numérique, ce n’est pas inné. Tout comme les digital native n’existent pas et nécessitent une éducation au numérique, cet enseignement dit à distance implique d’être formé. Car il ne s’agit pas seulement d’allumer un ordinateur et branche une caméra - encore une question d’outils - pour faire cours à distance et capter l’attention de ses élèves, quel que soit leur âge et leur niveau.

Littératie numérique : les clés du monde futur

Vidéos, podcasts, blogs, sites interactifs, applications, de nombreux enseignants ont redoublé d’efforts pour tester de nouvelles pratiques pédagogiques, et surtout, les adapter au numérique. M@rsouin, un groupement d’Intérêt Scientifique, a mené une enquête sur l’usage du numérique dans l’enseignement depuis le premier confinement . Les chercheurs ont tiré comme premières conclusions que les 3/4 des enseignants ont pratiqué un numérique élaboré, dépassement le seul usage de l’ENT par exemple, pour ne pas perdre leurs élèves, contre 1/4 avant le premier confinement. Pour se faire, ils souvent dû s’auto-former, chercher des tutos, observer le travail de collègues, demander à des proches un coup de main, et surtout, apprendre quoi et comment le transmettre. C’est tout l’enjeu de la littératie numérique, concept très utilisé chez les Anglo-Saxons, beaucoup en France. Selon le Centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique, Habilo Médias, la littératie numérique « n’est pas une catégorie technique qui décrit un niveau fonctionnel minimal de compétences technologiques, mais plutôt une vaste capacité de participer à une société qui utilise la technologie des communications numériques dans les milieux de travail, au gouvernement, en éducation, dans les domaines culturels, dans les espaces civiques, dans les foyers et dans les loisirs » . L’objectif est donc de travailler à l’acquisition d’une culture numérique pour « donner à tous les citoyens les clés du monde futur qui sera encore bien plus numérique » selon l’Académie des Sciences française. Pour rendre le concept plus pratique, Habilo Médias s’appuie sur trois principes, utiliser, comprendre et créer, qui forment la base de la littératie numérique pour les écoles canadiennes. Des ressources pédagogiques sont proposées en fonction des niveaux scolaires pour aborder les questions d’éthiques, de vie privée, ou encore de trouver et vérifier des informations.

Un numérique au-delà des écrans

Nous sommes bien au-delà de la question des outils numériques et des écrans, qui cristallisent tant les débats. Avec les confinements, l’enseignement numérique s’est réduit à un enseignement distance par écrans interposés. Premiers Cris, un projet du Centre de Recherche Interdisciplinaire de Paris, s’est intéressé dans un MOOC à la « petite culture numérique », c’est-à-dire la relation des jeunes enfants de 0 à 6 ans à la culture numérique . Bien sûr, les questionnements sont encore nombreux et aussi bien les professionnels que les chercheurs manquent de recul sur ces pratiques. Mais ces derniers s’accordent sur la nécessité de différencier les outils, du contenu et des usages. Laisser des enfants devant une vidéo sans accompagnement et sans explications ou apprendre aux enfants à coder pour programmer leur propre robot, ce n’est pas la même chose. La culture du numérique utilise de multiples outils, écrans, robots, assistants vocaux et autres objets. Il y a ainsi tout un pan pédagogique, ludique et même thérapeutique. Mais il nécessite de se former et d’apprendre à utiliser les différents outils, contenus et supports pour s’adapter à son public. La richesse est celle de nouvelles pratiques pédagogiques qui permettent de s’adapter à tout type d’enfant, qui n’auront pas les mêmes capacités d’apprentissage, d’écoute, de concentration. Et bien sûr, la question est celle de la fracture numérique, en termes d’équipement et de compétences numériques. Mais pour la chercheuse Caroline Vincent, maitresse conférence en sciences de l’éducation et en sciences du langage, il faut former les enseignants à la littératie numérique pour pouvoir transmettre aux plus jeunes ses usages et apprentissages. Cela nécessite également de faire évoluer la posture pour plus de coopération et d’activités partagées. Et surtout, d’apprendre à apprendre différemment.

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