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Usages numériques
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Minecraft, un nouveau terrain d'éducation ?

29.05.2020

Début mai, Reporters sans frontières investissait Minecraft avec une bibliothèque sans censure. Fin mai, ce sont deux créatifs qui y fabriquaient un simulateur de pandémie pour expliquer le Covid-19 aux enfants. Les jeux-vidéo, un médium éducatif ?

Minecraft, le champ des possibles

Prenez des éléments de construction virtuels et créez votre propre monde. Le principe du jeu en ligne Minecraft est simplissime. C’est peut-être l’une des raisons de son succès auprès de millions d’enfants à travers le monde. Contrairement aux jeux de construction classiques, où il s’agit de simplement pointer, cliquer, acheter et disposer, Minecraft laisse libre cours à la créativité. Et si une pile de briques virtuelles peut ne pas sembler très impressionnante, tous les joueurs savent qu’il faut des semaines, voire des mois de travail minutieux - brique par brique - pour créer un univers complet.

Cette liberté totale offre un terrain de jeu idéal pour la réflexion. En 2019, le ministère de la Cohésion des Territoires y a organisé un jeu concours sur la ville de demain. Il était demandé aux participants de créer une ville innovante pour faire face à l’accroissement de la population d’ici 2050, tout en allant dans le sens du développement de la biodiversité, de l’amélioration de la qualité de vie des citoyens, de la contribution à une société plus solidaire, etc.

Quand on sait que 75 % des 15-24 ans pensent que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles si le réchauffement continue2, il est particulièrement urgent de leur donner une façon de participer au débat public… et pourquoi pas grâce à un jeu vidéo ?

Enseigner de façon ludique

Si l’initiative du ministère de la Cohésion des Territoires a rassemblé des centaines de jeunes joueurs, d’autres projets se développent à plus petites échelles. Sur l’Innovathèque, le portail de l’innovation et de l’expérimentation pédagogiques du ministère de l’Education nationale, de nombreuses propositions s’appuient sur Minecraft.

La ville de Chenôve, dans la banlieue de Dijon, est très concernée par les problèmes de citoyenneté et d’urbanisme. Minecraft a permis aux élèves d’être confrontés directement aux problématiques urbaines. Exit l’enseignement théorique de la géographie, bienvenue au travail collaboratif entre élèves, et en interaction avec des urbanistes et des responsables politiques, le tout sur des plateformes numériques.

Si l’enseignement de la géographie urbaine semble particulièrement bien s’adapter à Minecraft, les autres sujets ne sont pas en reste. Près de Grenoble, dans le cadre d’un cours d’histoire, des élèves ont oeuvré à la reconstitution de la cité gallo-romaine d’Alba Helvorium. Dans le Tarn, le FabLab de Carmaux y organise un concours d’oeuvres d’art : les participants construisent une œuvre numérique au sein du logiciel Minecraft, dans le cadre d’un thème dévoilé le jour du concours.

Les jeux vidéo contre l’école buissonnière

Le point commun des projets utilisant Minecraft ? Des élèves en difficultés qui ne se reconnaissent pas dans le système d’apprentissage classique. Pour cause, le décrochage scolaire proviendrait en partie d’une aversion des élèves à l’égard de méthodes pédagogiques jugées trop académiques.

A Nantes, l’équipe pédagogique d’un lycée professionnel a utilisé Minecraft pour lutter contre l’école buissonnière. Le programme « Ville Erasmus » est un projet de création d’une ville virtuelle. Les élèves construisent la cité grâce à des représentations littéraires, artistiques et numériques, mais également par la création des structures administratives et politiques. Cerise sur le gâteau : les « habitants » de cette cité sont les élèves-citoyens des quatre nationalités parties prenantes de ce partenariat Erasmus + (Roumanie, Italie, Belgique, France). Aux commandes ? Des professeurs de français, d’histoire, de géographie, d’anglais, de biologie, de commerce et d’anglais…

Grâce au « maniement des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des jeux vidéo à des fins pédagogiques, grâce à la création sociétale et artistique, et à la projection de leur individualité dans la ville et la société durables », le lycée français espère avoir convaincu ses 34 élèves en Première Bac Pro Commerce de devenir des acteurs responsables, et pas seulement des consommateurs ou usagers passifs.


2 Environnement: les jeunes ont de fortes inquiétudes mais leurs comportements restent consuméristes - Une étude d’Alina Koschmieder, Lucie Brice-Mansencal et Sandra Hoibian, publiée par le CREDOC en décembre 2019

3 Site du FabLab de Carmaux

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