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Objets connectés : amis ou ennemis de l'écologie ?

26.01.2023

L’Internet des objets (IoT) est indéniablement en train de changer la façon dont nous vivons et travaillons. Les objets connectés promettent de faciliter notre quotidien, voire de nous aider à faire des économies d’énergie en maîtrisant mieux notre consommation. Mais de la collecte massive de données personnelles à leur impact réel sur l’environnement, l’IoT génère des préoccupations croissantes…

“Internet des objets” : de quoi parlons-nous ?

L’Internet des objets désigne l’ensemble des objets connectés à Internet ; des objets équipés de puces, capteurs, logiciels et autres technologies qui leur permettent de relever, de communiquer et d’échanger des données.

L’expression « Internet of things » est formulée la première fois par Peter T. Lewis dans un discours qu’il prononce en 1985 lors d’une réunion de la Federal Communications Commission (FCC) des États-Unis. Kevin Ashton l’utilise à nouveau en 1999. Alors qu’il est directeur exécutif de l’Auto ID Labs du MIT, il emploie ce terme lors d’une présentation pour Procter & Gamble consacrée à la technologie de radio-identification (RFID) et à l’amélioration de la chaîne logistique. Ses travaux de recherche portent d’ailleurs sur la RFID qu’il considère comme un précurseur de l’IoT.

L’IoT fait partie des technologies dites de rupture appelées à révolutionner l’organisation de nos sociétés humaines. Le secteur connaît d’ailleurs une croissance plus que fulgurante : aujourd’hui, des milliards de dispositifs sont connectés à Internet à travers le monde, et aucun domaine n’y échappe. Le site de recherches et d’informations sur l’IoT, IoT Analytics, évoque le chiffre colossal de 14,4 milliards d’objets connectés dans le monde en 2022, avec une croissance de 18,8 % par rapport à l’année précédente. Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder autour de soi pour vite réaliser que les objets connectés font désormais partie de notre quotidien, et que leur présence dans notre vie de tous les jours est appelée à croître indéfiniment au fil des années.

Cependant, leur omniprésence soulève de nombreuses interrogations. Au-delà des enjeux de protection des données des utilisateurs, leur utilisation quotidienne et dans tous les domaines soulève la question brûlante de leur impact sur l’environnement. Alors que de nombreux objets connectés nous promettent d’optimiser notre quotidien et notamment de limiter notre consommation d’énergie, qu’en est-il réellement de leur empreinte carbone ?

Comment les objets connectés peuvent-ils nous aider à faire des économies d’énergie ?

Aujourd’hui, les fabricants n’hésitent pas à promouvoir les bénéfices attendus des objets connectés en matière de consommation d’énergie et de ressources, pour les entreprises, les industries et les particuliers.

À grande échelle, le REI, ou réseau d’électricité intelligent (smart grid en anglais), permet de surveiller avec précision l’état du réseau électrique en termes de consommation, de transits et de courants, ainsi que l’état des équipements du réseau, grâce à un réseau d’objets connectés disposés sur l’ensemble du réseau électrique. Cette surveillance permanente associée à une récolte massive de données permet d’ajuster avec précision la production d’électricité en fonction de la demande réelle, et donc de réduire la consommation d’énergie en évitant les gaspillages. La maintenance et la distribution du réseau sont également améliorées, offrant ainsi un meilleur service pour les usagers.

À une échelle moindre, l’IoT appliqué à la domotique peut par exemple permettre d’automatiser l’éclairage et les appareils électroniques des bâtiments, régler la température des pièces, ou encore, suivre en temps réel notre consommation d’énergie. Par exemple :
● les prises, interrupteurs et commutateurs intelligents sont capables de contrôler à distance les appareils électroniques d’une pièce, comme les lampes et les appareils ménagers,
● les thermostats connectés permettent de réguler automatiquement la température d’une pièce, en s’adaptant à la présence de personnes dans celle-ci et aux conditions météorologiques,
● les capteurs et compteurs intelligents relèvent des mesures sur l’utilisation de l’énergie dans un bâtiment et peuvent repérer les endroits et les périodes où la consommation d’énergie peut être adaptée ou réduite.

L’IoT permet à d’autres secteurs de réduire leur consommation de ressources naturelles et d’énergie et ainsi de limiter leurs émissions de carbone dans l’atmosphère. C’est entre autres le cas des secteurs de l’agriculture et des transports. Les capteurs connectés et les systèmes de surveillance peuvent aider les agriculteurs à mieux gérer les cultures et l’irrigation. Les véhicules connectés peuvent améliorer l’efficacité énergétique du transport routier en optimisant les itinéraires et en réduisant les embouteillages.

Quelle est l’empreinte carbone d’un objet connecté par rapport à son équivalent non connecté ?

Évaluer l’empreinte carbone d’un objet connecté et la comparer à celle de son équivalent non connecté n’est pas une tâche facile.

Premièrement, l’empreinte carbone d’un objet connecté dépend de son cycle de vie, depuis la production des matières premières jusqu’à son recyclage ou son élimination. Il est difficile de donner une estimation globale de l’empreinte carbone des objets connectés car elle varie suivant la technologie utilisée, les matières premières employées, l’utilisation et la durée de vie du produit, etc. Ces aspects dépendent aussi des fabricants et du degré de durabilité qu’ils appliquent à leurs processus de production.

Deuxièmement, il existe encore très peu de données et d’études fiables réalisées spécifiquement sur l’empreinte carbone des objets connectés, ceux-ci étant généralement incorporés à l’ensemble des appareils du secteur du numérique.

Quel est l’impact environnemental de l’IOT ?

Les objets connectés offrent donc tout un ensemble de solutions et services qui aident les foyers, les entreprises et les industries à mieux contrôler et optimiser leur consommation d’énergie. Pourtant, l’utilisation de tous ces appareils connectés et la collecte permanente de leurs données sont décriées par certains pour, justement, la** consommation excessive d’énergie et de ressources** qu’elles impliquent.

On estime que l’empreinte carbone du secteur du numérique, dont font partie les objets connectés, serait trois fois supérieure à celle d’un pays comme la France. Le numérique représenterait plus ou moins 10 % de la consommation d’énergie et 4 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.

Consommation de ressources et fabrication polluante
La croissance exponentielle du secteur de l’IoT va entraîner une hausse drastique de la production des dispositifs connectés. Là encore, avancer un chiffre même approximatif n’est pas évident et les prévisions de différentes études divergent, mais le plus faible chiffre cit fait état de plus de 25 milliards d’objets connectés dès 2025 !

D’après une étude conduite par l’ADEME en 2021 sur le poids environnemental du numérique, la phase de fabrication/production est ce qui pèse le plus dans l’empreinte carbone d’un appareil électronique, connecté ou non. Cette étape implique l’utilisation de produits chimiques dangereux, l’extraction de métaux rares et des processus de production très gourmands en énergie.

Explosion de la consommation de données
Le traitement de toutes les données issues de l’IoT transmises aux _data centers _compte aussi dans l’empreinte carbone. Les data centers sont souvent pointés du doigt pour leur impact environnemental car ils nécessitent beaucoup d’électricité afin de pouvoir traiter et analyser les énormes quantités de données qu’ils reçoivent en continu. D’après certaines projections, le volume total de données des appareils connectés dans le monde devrait atteindre 79,4 zettaoctets (ZBs) en 2025.

Obsolescence et déchets électroniques
Enfin, les produits connectés comme tous les produits high-tech sont victimes de l’obsolescence programmée, et certains d’entre eux, de qualité moindre ou équipés de technologies rapidement dépassées, ont une durée de vie d’autant plus courte. Se pose alors la question de la prise en charge de tous ces déchets électroniques, dont la conception complexe et la présence de certains composants nocifs compliquent le recyclage.

Conclusion

Rappelons que même si les objets connectés sont responsables d’une part non négligeable d’émissions de gaz à effet de serre attribuées au secteur du numérique, ils peuvent aussi constituer des alliés de poids dans la transition écologique à grande échelle de notre économie et de nos sociétés.

Les objets connectés peuvent nous aider à mieux contrôler et consommer l’énergie. Leurs applications à des fins environnementales peuvent aussi grandement aider la société humaine à dépolluer la planète et à mettre en place des schémas d’utilisation des ressources plus respectueux de l’environnement.

Comme pour tout marché en pleine expansion, les gouvernements doivent réguler le secteur et mettre en place des normes environnementales ainsi que des labels et scores pour la fabrication, l’utilisation et la fin de vie de ces dispositifs. Les consommateurs ont aussi leur rôle à jouer en se tournant vers des marques et des fabricants qui remplissent des critères écoresponsables, et en limitant leur nombre d’appareils électroniques au strict nécessaire.

À nous de trouver un équilibre entre les bénéfices que peut apporter l’IoT dans notre quotidien et son impact sur l’environnement.

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