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Pourquoi parle-t-on de "révolution NFT" dans le monde de l'art ?

14.04.2022

C’est probablement l’une des innovations numériques les plus disruptives du siècle. Les NFTs révolutionnent un secteur élitiste, confidentiel et centralisé : le marché de l’art.

Le monde de l’art est en constante évolution. Au siècle de la Renaissance, la technique de la peinture à l’huile a permis d’apporter plus de détails et de réalisme aux toiles. L’arrivée des premiers appareils photos, puis des caméscopes, a créé une forme d’expression visuelle inédite. Plus récemment, une technologie a engendré un nouveau bouleversement. Son nom tient en 3 lettres : NFT.

Les Non-Fungible Tokens, ou « jetons non-fongibles » en français, sont en train de révolutionner le commerce des œuvres d’art. Tandis que la sphère médiatique s’emballe, certains puristes les considèrent encore comme les gadgets d’une immense bulle spéculative.

Il faut pourtant reconnaître que les NFTs ont des atouts indéniables. Certains en font d’ailleurs la dernière « révolution » artistique et numérique notable.

« Non-fongible », qu’est-ce que cela signifie, au juste ?

Quelque chose de non-fongible est unique. Nul besoin d’aller chercher plus loin pour comprendre les bases de cette technologie. Vous êtes non-fongible, car il n’existe aucun autre humain possédant exactement les mêmes caractéristiques que vous sur cette planète. À l’inverse d’un kilo d’or ou d’un billet de 5 euros qui sont fongibles car reposant sur des réserves de valeur universelles.

Une œuvre d’art est également non-fongible. Oui, même si c’est une image que l’on peut copier-coller à l’infini sur internet. Mais à une seule condition : sa version originale doit être authentifiable.

C’est à ce moment que la blockchain entre en jeu. La blockchain est une technologie qui a 3 fonctions essentielles dans le monde de l’art :

  1. certifier que le titre de propriété attaché à l’oeuvre (le fichier numérique) grâce au NFT est authentique ;
  2. prouver et tracer la propriété de cette oeuvre ;
  3. permettre l’échange sécurisé et instantané de NFTs.

Qu’est-ce qu’un NFT, concrètement ?

On peut les définir comme des actifs numériques collectionnables et échangeables. Sans rentrer dans les détails techniques ni employer trop de jargon, un NFT matérialise la propriété d’un objet (réel ou numérique) s’appuyant sur un contrat inviolable inscrit au sein d’une blockchain.
Dans le secteur de l’art, ils permettent d’acheter et de vendre la propriété d’objets numériques uniques : art numérique, graphiques, musique, vidéos, images, etc.
Ces jetons sont référencés dans une blockchain : un réseau mondial qui ressemble à un registre interconnecté sur lequel on peut tout voir, sans rien effacer. Similaire à un grand livre de compte public, une blockchain conserve la trace de toutes les transactions effectuées.

Les créateurs reprennent le pouvoir

La blockchain et les NFTs visent à offrir aux créateurs une solution pour se passer d’intermédiaires et se connecter directement à leur communauté pour vendre une œuvre d’art sous sa forme numérique. Les réseaux sociaux constituent alors le principal levier pour se créer une notoriété parmi les collectionneurs et les artistes.

La véritable révolution réside dans le concept de décentralisation : plus besoin d’un tiers (une galerie) ou d’une quelconque autorité centrale pour échanger de la valeur. La propriété numérique des NFTs et la possibilité d’échange sans intermédiaire facilitent ainsi l’accès à des acheteurs potentiels.

Comme n’importe qui, les artistes ont besoin d’être rémunérés pour le temps passé et les efforts déployés dans la création d’une œuvre ou d’une collection. Les plus célèbres (ou chanceux) n’ont bien sûr pas attendu les NFTs pour vivre de leurs créations. Mais le système traditionnel du marché de l’art était jusqu’alors hors de portée de la grande majorité d’entre eux.

Aujourd’hui, même les plus grandes galeries semblent suivre ce mouvement, à l’intersection de la technologie et de l’art.

Un système de royalties à vie ?

Grâce aux NFTs, les artistes peuvent bénéficier d’un système de royalties automatiques à chaque fois que leur création est revendue sur le marché secondaire.

Ces commissions sont programmées lors de l’émission du smart contract sur la blockchain. Elles se situent généralement entre 5 et 10 % du montant de la vente. À chaque transaction, l’artiste original (et non pas le propriétaire actuel) perçoit ainsi une partie de la somme de façon totalement passive.
Encore une fois, la blockchain permet ici de se passer d’intermédiaire pour rétribuer l’artiste plus équitablement.

De nouveaux investisseurs débarquent sur le marché

Entre 2018 et 2020, les NFTs auraient permis de multiplier la valeur de l’art numérique par 10. Chaque jour, des dizaines de millions de dollars sont échangés sur les places de marché dédiées (Opensea, Rarible, Binance NFT, etc.). Certaines estimations indiquent que le total des transactions effectuées sur ces plateformes aurait atteint les 25 milliards de dollars en 2021.

Mais comment se fait-il que des investisseurs soient prêts à miser autant de capital pour des œuvres disponibles gratuitement sur internet ? Tout s’explique par la notion de rareté numérique créée par ces NFTs. De plus, tout comme dans le marché de l’art « traditionnel », la spéculation est au cœur des motivations de nombreux propriétaires d’œuvres numériques.

Des collectionneurs d’un nouveau genre ont ainsi fait massivement leur apparition. En effet, on peut considérer que les NFTs contribuent à démocratiser l’art en général, au-delà du numérique. Toutefois, la typologie de collectionneurs s’est diversifiée.

Une révolution digitale qui a ses limites

La qualité ou la beauté d’une œuvre est tout à fait subjective, c’est évident. Pourtant, il apparaît que la qualité de nombreuses collections de NFTs laisse à désirer. Créer un NFT n’a rien de compliqué. Après tout, ce n’est qu’un lien vers une URL, ce qui signifie que n’importe quoi ou presque peut techniquement constituer un NFT.

Certaines collections s’échangent à prix d’or dans un intérêt purement spéculatif, alors qu’elles n’ont que peu d’intérêt artistique. On peut toutefois s’attendre à ce que des standards de « qualité » se stabilisent une fois que le marché sera devenu plus mature. En attendant, beaucoup d’apprentis investisseurs risquent d’y laisser des plumes.

La législation autour de ces œuvres numériques pose également de nombreuses questions. Les NFTs doivent-ils tomber dans le régime d’imposition de l’art ? Des actifs numériques ? Comment imposer les artistes et les plateformes de vente ? Aujourd’hui encore, le flou réside. Et au vu des sommes échangées, engendrant des profits massifs, il semble nécessaire de clarifier le sujet.

Bien que les NFTs aient ouvert la voie à plusieurs avancées majeures sur bien des sujets dans le monde de l’art, il faut rester vigilant. En attendant, cette technologie « révolutionnaire » devrait continuer à faire parler d’elle, pour le meilleur et pour le pire.

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