24 heures dans la vie d'une famille connectée
Les Français passent un tiers de leur journée connectés à Internet. En fonction des âges, les usages et les équipements utilisés varient. Suivez le quotidien de trois membres fictifs d’une famille représentative de nos habitudes en ligne.
6h30, presque un tiers d’une journée. C’est le temps que les Français passent en moyenne chaque jour sur Internet. En plus d’établir ce chiffre, le premier Baromètre digital BNP Paribas-CSA Research, publié en novembre dernier, a cherché à comprendre comment nous surfons, sur quels sites et pour quels usages. Pour illustrer les conclusions de ce baromètre, nous avons imaginé une famille représentative des pratiques connectées en France, constituée de trois membres : Léa, l’adolescente hyperconnectée, son père Christophe, qui utilise Internet pour le travail autant que pour sa vie personnelle, et sa grand-mère Nicole. Voici le récit-fiction de leur journée.
Smartphone en main dès le réveil
7h00. Le réveil sonne. Léa, 17 ans, ouvre un œil et attrape son smartphone. Pas question de se lever avant de s’être connectée sur Facebook. 84% de ses amis sont inscrits sur ce réseau social, qui est l’application la plus utilisée par les mobinautes de tous âges. Comme 8 jeunes âgés de plus de 15 ans sur 10, autant dire tout le monde au lycée, elle ne peut pas envisager d’aller en cours sans avoir son smartphone dans la poche, et pour cause : c’est lui qu’elle utilisera principalement pour se connecter à Internet dans la journée. Pendant au moins 4 heures.
Avant de repousser la couette, Léa publie un selfie intitulé « pas envie d’aller en cours » sur Snapchat, le réseau social sur lequel la majorité de ses camarades sont inscrits, mais pas ses parents. Comme elle, 35% de ses camarades ont pris l’habitude de poster des photos d’eux sur les réseaux sociaux. Mais elle ne diffuse pas de clichés montrant ses proches. Seul un quart des jeunes le font.
Son père, Christophe, 47 ans, partage parfois quelques photos sur Facebook, mais c’est très occasionnel. Et comme près de la moitié des mobinautes, il restreint à ses seuls amis l’accès à ses images personnelles. Lui aussi débute sa journée sur son smartphone, mais il l’utilisera moitié moins de temps que sa fille au cours des prochaines 24 heures. Léa est de nouveau connectée, sur Instagram, pour poster une photo de la tenue vestimentaire qu’elle a choisi de porter ce jour-là.
En buvant son café, Christophe consulte une application de transport pour identifier le meilleur trajet pour se rendre à son premier rendez-vous client. Tout en évitant de préciser sa géolocalisation. Avant de se mettre en route, il consulte ses e-mails, usage fréquent pour la moitié des mobinautes, et il efface sans l’ouvrir ce courriel avec pièce jointe venant d’un expéditeur inconnu, pour éviter tout risque de piratage de ses données personnelles. Un coup d’oeil aux sites d’information, et il est temps de partir. Il attrape ses clés de voiture et son ordinateur portable professionnel, qui lui permettra de naviguer en ligne pendant 3 heures dans la journée. Après le déjeuner, de retour au bureau, il se connectera pendant 2h30, sur son ordinateur fixe cette fois, pour réaliser des opérations financières professionnelles. Entre deux dossiers, il consultera sa messagerie personnelle. Puis, comme trois utilisateurs professionnels sur dix, il utilisera Internet pour promouvoir son activité sur la page Facebook de l’entreprise, pour gérer ses déplacements professionnels, pour se tenir informé des meilleures pratiques dans son secteur, et pour stocker des fichiers. Il s’interdit de transférer des documents professionnels sur ses appareils personnels, par sécurité.
La journée au bureau touche à sa fin, et comme 20% des professionnels, Christophe s’accorde un moment au bureau pour traiter quelques affaires personnelles : gérer sa carrière sur LinkedIn, consulter son profil personnel sur Facebook, traiter une demande administrative ou encore faire un achat en ligne. Comme 97% des internautes qui possèdent un smartphone, Christophe est adepte du e-commerce. Il préfère ne pas enregistrer ses données bancaires sur les sites où il effectue ses achats, sauf sur ceux qu’il utilise souvent. Comme ce site de livraison de pizzas, où il passe commande pour le dîner du soir avec sa fille et sa mère, Nicole…
[* “97”, “des internautes qui possèdent un smartphone”, “achètent en ligne”, “” *]
De retour à la maison, il consulte son compte bancaire en ligne. Il fait pleinement confiance à sa banque pour garantir la sécurité de ses données – bancaires comme personnelles- plus encore qu’à son opérateur mobile. Mais il ne le fait pas n’importe où. Puis il se tourne vers sa tablette, qu’il utilise en moyenne 1h30 par jour pour lire les résultats sportifs ou se détendre en jouant à Candy Crush. Le « social gaming » séduit à tout âge ! Pendant ce temps, Léa est rivée à l’ordinateur familial. Comme 8 jeunes de moins de 25 ans sur dix, elle se rue sur Internet pour regarder la télévision et télécharger des films, des livres ou de la musique, ou pour regarder des films en streaming. Mais ce soir-là, elle suit un MOOC pour développer ses connaissances en dehors de l’école sur les sujets de son choix. Un quart de ses camarades sont inscrits à ces cours en ligne gratuits.
Internet n’est pas invité à table, si ce n’est dans la conversation.
La grand-mère, Nicole, estime que les risques sur Internet se sont accrus au cours des dix dernières années, et Léa acquiesce. Christophe, lui, fait partie des 10% de Français qui pensent que la Toile est devenue plus sûre. On parle « anti-virus » (qui oserait surfer sans en avoir un?), « paramètres de confidentialité », « historique de navigation », « géolocalisation » et « cookies ». Personne ne se demande s’il est question du dessert. Ces mots sont connus par 8 à 9 Français sur 10. D’autres restent mystérieux.
Léa explique donc à Nicole le concept du « phishing », le protocole de paiement sécurisé « https », et les avantages du « cloud ». Seuls 35% des Français utilisent cette solution de stockage, plébiscitée par près de la moitié des jeunes. Nicole se demande où sont stockées les photos que l’on poste sur les réseaux sociaux, et personne ne sait exactement. Par une anecdote, chacun raconte avoir pris des risques pour sa sécurité en ligne : Léa reconnaît s’être connectée à des sites inconnus avec ses identifiants Facebook, Nicole avoue utiliser le même mot de passe pour tous les comptes qu’elle crée et Christophe admet qu’il ne lit jamais les conditions d’utilisation avant de les accepter. On se promet d’être plus vigilants en découvrant les chiffres du piratage en ligne : un Français sur six et une entreprise française sur dix en ont été victimes au cours de l’année écoulée. Les trois convives s’accordent sur la nécessité de désactiver un compte victime de piratage. Mais de là à avertir la police… Et personne ne songe à solliciter la Cnil, qui est pourtant l’organisme chargé de protéger les citoyens sur Internet.
Le dîner terminé et Nicole partie, Léa se saisit de la tablette familiale pour acheter en ligne ce flacon de parfum qu’elle a découvert dans le tutoriel vidéo tout juste publié sur Youtube par sa blogueuse préférée, qui a le même âge qu’elle. La soirée touche à sa fin. Christophe récupère la tablette pour visiter quelques sites d’information avant d’éteindre les lumières. Léa est déjà couchée, mais pas déconnectée. Elle a tant de choses à raconter à ses amies par messagerie instantanée avant de s’endormir … avec son smartphone sur l’oreiller.
Sources complémentaires : Médiamétrie, Air of Melty
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