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Des robots au service du grand âge

08.02.2019

La robotique offre des solutions pour améliorer le quotidien des seniors au grand âge et pour épauler les soignants qui les accompagnent.

Il n’est plus rare de croiser un robot dans une maison de retraite. Des expérimentations sont désormais initiées dans chaque région.

Pionnière en France dès 2015, la ville d’Issy-les-Moulineaux envoie le robot humanoïde Nao (mis au point par une entreprise française rachetée par le japonais Softbank) en mission au sein de ses établissements pour personnes âgées

A l’EHPAD Lasserre, Nao est devenu la coqueluche des pensionnaires, à qui il dispense ponctuellement des cours de sport adaptés au grand âge : du haut de son demi-mètre, le robot parlant fait la démonstration des mouvements à effectuer, et rythme l’exercice en respectant les instructions qu’il a collectées au préalable auprès du responsable d’animation.

Le robot n’intervient jamais seul : trois professionnels – le responsable d’animation de l’établissement, une psychologue et un technicien en robotique - encadrent cet atelier sportif, qui mobilise une seule personne lorsqu’il est dirigé par un humain.

Les séances animées par le robot font salle comble, et les participants se montrent alors particulièrement appliqués. Pour certains seniors au grand âge, il est en effet plus facile de recevoir des consignes de la part d’un robot que d’un homme qui pourrait être leur petit-fils. D’autres se réjouissent d’interagir avec une technologie de pointe, novatrice et internationale, et se sentent ainsi « dans le coup ».

Cette génération découvre les progrès de la robotique émerveillée : une machine qui parle, qui danse et qui « regarde » ses interlocuteurs avec de grands yeux colorés a quelque chose de magique. Le robot ne génère aucune réminiscence chez cette classe d’âge, peu sensibilisée aux craintes actuelles liées à l’essor de la robotique (concernant les éventuelles destructions massives d’emplois par exemple).

Des machines magiques, voire câlines

Si le fabricant de jouets américain Hasbro et le japonais Sega commercialisent auprès du grand public des robots-compagnons qui prennent la forme d’un chat, d’un chien, d’un hamster ou encore d’un perroquet, les constructeurs de robots destinés aux maisons de retraites préfèrent donner à leurs machines intelligentes une apparence qui ne risque pas d’évoquer chez la personne âgée le souvenir - parfois douloureux - d’un animal de compagnie.

Ainsi, le robot-peluche Paro, imaginé en 2005 pour les malades d’Alzheimer par le Japonais Takanori Shibata, a pris les traits d’un phoque. Arrivé en France en 2012, il vise à stimuler les réactions empathiques de l’utilisateur : sa fourrure soyeuse apporte bien-être et décontraction, il manifeste sa joie et s’étire de plaisir quand on le caresse, et il gémit et pleure si on lui tire les moustaches.

Les ergothérapeutes (i.e. : professionnels paramédicaux experts des technologies adaptées aux personnes âgées) valident en général l’utilisation de ces robots par les personnes souffrant d’Alzheimer (même si chaque situation doit faire l’objet d’une recommandation spécifique) : celles-ci apprécient la douceur et l’échange non-verbal - comme avec un animal – tout en se préservant d’un risque de blessure : en effet, elles oublient parfois que tirer les poils d’un animal suscite une douleur… les exposant alors à une réaction de défense, griffure ou morsure.

Des projets actuellement en développement offriront à l’avenir des solutions d’accompagnement des seniors plus variées. Par exemple, la start-up parisienne Wandercraft met au point un exosquelette pour rendre leur liberté de mouvement aux personnes à mobilité réduite, qui permettra aux seniors de se déplacer sans canne, ou de porter des objets sans douleur. Il pourra également faciliter la toilette d’une personne alitée : grâce à cet outil robotisé qui décuple la force des bras, un soignant sera capable d’officier seul sans effort, et sans avoir à solliciter l’aide d’autres intervenants. De quoi soulager les professionnels dans les maisons de retraites, où le manque de personnel est criant, comme celui des aidants à domicile.

A l’avenir, des robots-aidants au quotidien ?

Vivre chez soi le plus longtemps possible - le premier souhait exprimé par les seniors dans l’ensemble des études et sondages réalisés ces dernières années – deviendra possible au grand âge grâce à une nouvelle génération de robots.

Parmi eux, le robot-majordome Leenby, conçu par la société Cybedroid basée à Limoges, est capable de faire la conversation à la personne âgée, de lui rappeler l’heure de prise de ses médicaments, de l’aider à se relever après une chute, et de prévenir les secours si besoin.

La technologie est au point, mais l’entreprise s’interdit de le commercialiser aux seniors du fait de l’absence de cadre réglementaire concernant l’utilisation des robots : les responsabilités respectives du constructeur et de l’utilisateur n’étant pas encore définies par la loi, les sociétés d’assurance ne sont pas en mesure de couvrir le risque d’accident.

En attendant que le législateur se penche sur cette question, d’autres solutions sont d’ores-et-déjà expérimentées.

Ainsi, à Calais, la start-up Unaide accompagne actuellement le retour à domicile de seniors en grande perte d’autonomie qui étaient jusqu’alors hébergés en établissement, grâce à son assistant intelligent. Bardé de capteurs, il écoute les bruits du domicile en permanence pour détecter une situation anormale : dans ce cas, il échange avec le senior pour vérifier si tout va bien, et il prévient le soignant référent à proximité si l’alerte n’est pas levée. Les données collectées sont sécurisées en étant stockées au domicile de l’utilisateur.

Quelle que soit leur forme, ces robots contribueront à améliorer l’accompagnement des seniors ayant besoin de soutien voire de soins (qui seront 1,6 million en France en 2030 et 2,45 millions en 2060) aux côtés des hommes et des femmes qui les aident au quotidien.

Face à la nécessité de repenser le financement cet accompagnement, le président de la République Emmanuel Macron souhaite le vote d’une réforme d’ici à la fin de l’année. Les robots ouvrant des pistes pour réduire le coût de prise en charge de la perte d’autonomie, tant pour les bénéficiaires que pour les finances publiques, qui couvrent 80% du montant total.

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