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« Greencities » : comment le changement climatique transforme nos villes ?

20.01.2022

Une nouvelle génération de villes intelligentes fleurit à travers le monde. Plus respectueuses du Vivant, moins polluantes et plus agréables à vivre. Utopies d’urbanistes, projets de greenwashing, ou habitats de demain ? Tour d’horizon de ces naturapolis.

À travers l’histoire, les villes n’ont jamais vraiment cessé de se transformer. Mais depuis une décennie, la révolution numérique et le changement climatique donnent naissance à des villes aux formes inédites.

De plus en plus de métropoles à travers le monde repensent en effet leurs fondations pour s’adapter aux grands défis de notre époque et notamment à la crise écologique. Une crise dont elles sont, rappelons-le, partiellement responsables. Car si les villes figurent parmi les machines les plus complexes jamais conçues de mains humaines, elles synthétisent aujourd’hui les enjeux et les limites de notre civilisation. Bien qu’elles n’occupent que 3 % de la surface terrestre, les villes consomment en effet 70 % de l’énergie globale et émettent 70 % des gaz à effet de serre de nos sociétés. Un impact environnemental d’une magnitude planétaire qui pourrait encore s’alourdir, car la population mondiale augmente et s’urbanise à toute vitesse. En 2050, 1 personne sur 3 devrait ainsi vivre dans une métropole.

Heureusement, les villes sont aussi depuis leurs origines de formidables viviers d’innovation. Si nous parvenons à relever à leur échelle les défis qu’elles nous imposent, nous résoudrons peut-être ceux de notre civilisation. C’est tout l’enjeu des villes intelligentes et durables.

Naturapolis

Qu’est-ce qu’une ville intelligente durable ? C’est une ville bâtie sur des technologies responsables et des principes écologiques comme la sobriété et l’efficience énergétique.

Les greencities emploient ces technologies (numériques ou autres) pour optimiser leurs fonctions vitales (l’alimentation, la mobilité, le logement, le recyclage de ses déchets, etc.), réduire leur empreinte environnementale, contribuer au progrès social et renforcer leur résilience. Il existe différentes formes de smart city, variables selon les enjeux de chaque municipalité, et toutes ne sont pas durables. Mais à la lumière de la crise écologique, on s’aperçoit que les villes les plus intelligentes ne sont peut-être pas celles auxquelles nous aurions pensé au départ. À savoir les plus technophiles. Celles qui mettent leur révolution numérique au service de leur transition écologique (et sociale) semblent mieux s’adapter au changement climatique. Elles se révèlent à la fois plus efficientes, plus agréables à vivre et plus profitables — à la fois pour leur population, la société au sens large, et la planète. En somme, plus intelligentes car davantage douées d’adaptation.

Comme nous allons le voir, les villes durables travaillent en effet en bonne intelligence avec leurs habitants et avec le Vivant. Elles ambitionnent de servir avant tout la qualité de vie de leurs populations et la vitalité de leurs écosystèmes naturels, mais aussi sociaux.

Intelligences du Vivant

Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, bâtir une ville signifiait faire table rase de « la nature » alentour. Une vision anthropocentrique aujourd’hui remise en question.

Les villes durables reposent en effet sur un urbanisme « écosystémique ». Cela veut dire qu’elles pensent l’espace urbain comme un tissu complexe de relations symbiotiques entre des êtres vivants, des lieux de vie et des milieux naturels. Dans Urbanism in the Age of Climate Change, l’architecte et urbaniste Peter Calthorpe pose, parmi d’autres, les bases de ce nouvel urbanisme inspiré du vivant (biomimétique). Parmi ses technologies les plus emblématiques, citons les architectures végétales, les écoquartiers et les forêts urbaines. En la matière, la ville de Milan fait figure de référence. Le Bosco Verticale, son projet de végétalisation verticale, affiche deux hectares de forêt répartis sur les façades de deux grandes tours résidentielles.

À grande échelle, les villes intelligentes et durables forment des « territoires intelligents ». Ces grands écosystèmes urbains s’appuient sur des réseaux numériques (smart grids) pour améliorer leur efficience énergétique. Avec plus de 50 000 capteurs répartis dans sa région, Angers Loire Métropole représente ainsi le premier territoire intelligent français. Selon Bruno Hervet, CEO de Suez Consulting, sa digitalisation aurait réduit de 30 % la consommation d’eau et de 20 % le gaspillage nocturne de son réseau hydrique. Les technologies numériques permettent de diminuer l’impact environnemental des villes, mais aussi celui de l’environnement sur les villes. La digitalisation aurait ainsi permis à la ville de Buenos Aires de diminuer drastiquement les risques d’inondation sur son territoire.

Le problème, c’est que ces technologies sont encore trop coûteuses et énergivores. C’est pourquoi, pour concilier leur transition écologique et leur transition numérique, les villes durables appliquent un principe de sobriété numérique et énergétique.

Villes en transition

Longtemps considérées comme des utopies, les greencities prennent chaque année de plus en plus forme, grâce à des villes pionnières comme Lyon, Copenhague, Sydney et Singapour et bien d’autres à travers le monde.
Initié en 2007 par le professeur Rob Hopkins, le mouvement des « Villes en transition » en rassemble plus d’une centaine en 2021. En France, une cinquantaine de projets urbains s’inscrivent dans cette démarche. Sur un plan plus politique, le réseau C40 rassemble les maires des métropoles mondiales engagées contre le changement climatique. Citons à titre d’exemple la ville de Singapour, à l’avant-garde asiatique de ce mouvement. D’ici 2030, la capitale de la Malaisie, surnommée « la ville-jardin » tant elle excelle dans l’architecture végétale, ambitionne de verdir 80 % de ses bâtiments.

Il existe une relation quasi « symbiotique » entre une ville et ses habitants. Nos milieux nous transforment et nous transformons en retour nos milieux. Pour autant, les villes durables contribueront-elles à transformer l’essai d’un changement civilisationnel, comme l’appellent les grands penseurs de notre temps ? Difficile à dire pour le moment.

La forme d’une ville change plus vite que le cœur d’un mortel.


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