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Usages numériques
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Les réseaux sociaux pour les plus jeunes : utiles ou dangereux ?

24.01.2020

Alors que les plateformes dédiées aux adolescents et jeunes adultes sont en plein essor, la question de leur protection face aux dangers du numérique se pose plus que jamais.

Les applications spéciales ado : un phénomène récent.

L’application Yubo, réseau social de 13-25 ans, a annoncé en décembre 2019 une levée de fonds de 11,2 millions d’euros “pour soutenir sa croissance internationale”. La startup créée en octobre 2015 par trois Français - Sacha Lazimi, Jérémie Aouate et Arthur Patora - compte déjà 25 millions d’utilisateurs dans le monde et “seulement 5 % sont des utilisateurs français”, précise Sacha Lazimi. Cette application permet de rejoindre des groupes de discussion, d’une dizaine de membres en moyenne, dans lesquels alternent échanges de messages, de photos et lives vidéos.

Le succès de cette application orientée sur la génération Z (13-25 ans) renvoie à celui d’une autre plateforme : TikTok. L’application de partage de vidéos, dont la cible est également les adolescents et jeunes adultes, a été la deuxième application la plus téléchargée au monde en 2019, devant Facebook Messenger et derrière WhatsApp.

Moins de quatre ans après son lancement, l’application serait déjà installée sur plus d’un milliard et demi d’appareils. Ce nombre fulgurants de téléchargements a permis à l’application, développée par le groupe chinois ByteDance, de générer 178,6 millions d’euros de revenus en 2019.

Le fait de développer des applications directement ciblées sur les adolescents est un mouvement relativement récent. En cause : les réseaux sociaux historiques, comme Facebook, se sont vus ringardiser au fur et à mesure que leur audience augmentait.

Aucun ado n’a envie de voir sa photo de profil likée par ses parents ou sa tante éloignée. Selon une étude réalisée en France par Diplomeo début 2019, 17% des jeunes de 16 à 24 ans avaient supprimés Facebook en 2018 et 50% des jeunes de 16 à 18 ans n’utilisent plus ce réseau social.

La sécurité, éternelle problématique des réseaux sociaux pour jeunes.

L’apparition de plateformes dédiées fait aussi suite aux dérives inhérentes à la cohabitation d’adultes, d’adolescents et d’enfants sur la même plateforme. C’est notamment ce qui a poussé Facebook à lancer en 2017 Messenger Kids, une version de sa messagerie réservée au 6-12 ans (Messenger étant réservée aux internautes de 13 ans et plus), avec contrôle parental de chaque ajout de personne.

Mais être sur un réseau social en principe réservé aux jeunes ne garantit pas l’absence de dérives. Facebook a ainsi été confronté en juillet 2019 à une faille de sécurité qui a laissé des enfants discuter avec des personnes qui n’avaient pas été approuvées par des parents.

TikTok s’est quant à lui vu infliger une amende record de 5,7 millions de dollars en février 2019 pour collecte illégale de données de mineurs par la Federal Trade Commission (FTC), organisme américain en charge notamment de la protection des consommateurs.

La FTC a accusé TikTok d’avoir “manqué à l’obligation de demander l’autorisation des parents avant de collecter noms, adresses email et autres informations personnelles des usagers âgés de moins de 13 ans", tout en sachant pertinemment que beaucoup d’enfants utilisaient l’application.

L’application Yubo s’est elle-aussi retrouvée au coeur de plusieurs polémiques, suite à plusieurs cas où elle a été utilisée pour faire circuler des “nudes” (des photos dénudées) d’adolescents et d’adolescentes. L’équipe de la startup a réagi en accentuant ses contrôles et en mettant en place une “modération qui s’effectue en temps réel grâce à des algorithmes qui analysent tout ce qui est sémantique et visuel afin de pouvoir agir le plus vite possible”, détaille Sacha Lazimi.

Dès qu’un contenu est détecté comme inapproprié, Yubo peut réagir “en fonction de la gravité de la situation” et ainsi fermer la discussion et bloquer le compte de l’utilisateur, que ce soit temporairement ou définitivement. Et Yubo complète ces dispositifs avec des “modérateurs humains” pour traiter les signalements faits par les utilisateurs de la plateforme.

Yubo a également noué un partenariat avec l’application Yoti, qui utilise de l’intelligence artificielle pour faire de la vérification d’identité. Yoti utilise un algorithme de reconnaissance d’âge pour voir si celui communiqué par l’utilisateur correspond à celui qui est inscrit sur sa carte d’identité. Cette capacité à vérifier cette information est primordiale pour une application qui fonctionne par groupe d’âges, mêlant mineurs et majeurs.

Être sur une application réservée aux, ou orientée vers, les enfants et les adolescents ne signifie donc pas pour autant qu’il faut baisser son niveau de vigilance et les précautions nécessaires, notamment pour les parents. Un réseau social ou une application de discussion sont des endroits où les jeunes peuvent être exposés à des contenus offensants, inappropriés et à du harcèlement. C’est également, comme nous l’avons évoqué pour TikTok, un potentiel risque pour les données personnelles des mineurs.

Quelle réponse législative au développement d’offres numériques pour les plus jeunes ?

Il existe un cadre légal assez strict en la matière, aux Etats-Unis comme en Europe. Aux Etats-Unis, la loi COPPA, pour Children’s Online Privacy Protection Act, date de 1998 et interdit aux entreprises de collecter les données personnelles d’enfants de moins de 13 ans. You Tube a récemment été accusé de ne pas respecter cette législation et a donc signé un accord en septembre 2019 avec la Federal Trade Commission (FTC).

Cela a notamment poussé la plateforme de partage de vidéos à modifier sa politique en matière de publicités ciblées et à appliquer ses nouvelles règles aux comptes YouTube du monde entier.

En Europe, c’est le règlement général sur la protection des données (RGPD) qui prévaut. Et le RGPD stipule que les mineurs “méritent une protection spécifique en ce qui concerne leurs données à caractère personnel parce qu’ils peuvent être moins conscients des risques, des conséquences et des garanties concernées et de leurs droits liés au traitement des données à caractère personnel”.

Un réseau social est donc, pour un mineur, un outil à utiliser avec encore plus de précaution. Mais les réseaux sociaux peuvent-ils aussi être utilisés pour protéger les mineurs ? C’est en tout cas le souhait émis par certaines associations et plateformes. Yubo a ainsi noué un partenariat avec l’association Point de Contact, qui permet de signaler les contenus offensants sur Internet.

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