Réduire son empreinte carbone grâce au numérique
Des sites internet, des applications et des objets connectés peuvent nous aider à agir à notre échelle pour réduire l’impact de nos activités et consommations sur l’environnement.
Et si le virtuel pouvait nous aider à sauver la planète ? Grâce au numérique, les émissions mondiales de CO2 pourraient être réduites de 20% d’ici à 2030, selon Global e-sustainability initiative (GeSI). La France compte donc sur ces nouvelles technologies pour atteindre l’objectif de neutralité carbone 1 qu’elle s’est fixé à l’horizon 2050.
Brune Poirson, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, et Mounir Mahjoubi, son homologue au Numérique, ont donc accueilli avec attention les 26 propositions d’action détaillées dans le livre blanc « Numérique et Environnement : faire de la transition numérique un accélérateur de la transition écologique » 2, présenté le 19 mars dernier.
Si ces propositions sont destinées aux pouvoirs publics, les citoyens désirant agir pour l’environnement ne sont pas oubliés : chacun pourra bientôt s’inspirer des conseils du guide « écolo-geek » commandé par le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui devrait paraître avant l’été. En attendant de découvrir ces recommandations, voici 5 pistes à suivre pour réduire votre empreinte carbone grâce au numérique.
1. Bien choisir ses équipements
Fabriquer des ordinateurs, tablettes et smartphones neufs engloutit des ressources naturelles rares. Produire et utiliser une seule puce électronique de 2 grammes nécessite ainsi 1,6 kilogramme de carburant fossile, 72 grammes de produits chimiques, 32 litres d’eau et 700 grammes d’azote 3. Il faut 60 métaux différents pour construire un téléphone portable, dont une vingtaine seulement est recyclable actuellement. La facture environnementale associée à l’achat d’un nouvel appareil numérique est donc lourde.
En outre, la durée d’utilisation d’un ordinateur a été divisée par 3 en 30 ans (entre 1985 et 2015) passant de 11 à 4 ans 4. Le premier réflexe à adopter pour réduire son empreinte environnementale serait donc de ne pas céder aux sirènes de la surconsommation, et de s’interdire de se séparer d’un appareil au seul motif qu’il en existe un plus récent.
Quand le moment est venu de renouveler son équipement, il est préférable d’opter pour un produit respectant certains critères de durabilité et fabriqué par une entreprise respectueuse de l’environnement, répertoriée par Greenpeace 5. Pour ce qui est de son ancien appareil, il est possible d’en faire don via un groupe Facebook ou une application comme Geev, par exemple. En cas de panne, des sites internet comme SOSav et Ifixit expliquent comment réparer son smartphone soi-même et prolonger ainsi sa durée de vie.
2. Utiliser un moteur de recherche écolo et vider sa poubelle virtuelle
L’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe), a listé quelques principes pour surfer sur Internet sans gaspiller d’énergie. Il faut en effet autant d’électricité pour envoyer un e-mail de 1 Mo à un destinataire unique que pour allumer une ampoule de 60 W pendant 25 minutes. Et faire une recherche sur internet requiert autant d’énergie que faire bouillir de l’eau. Les recherches en ligne d’un internaute français représentant ainsi 9,9 kg équivalent CO2 par an.
Pour compenser cet impact environnemental, des moteurs de recherche écologiques utilisent les revenus publicitaires générés par les recherches des internautes pour financer des projets de développement durable (comme les moteurs de recherche français Lilo et Ecogine). Le moteur de recherche allemand Ecosia a ainsi planté 10 millions d’arbres depuis sa création en 2009.
3. Mesurer sa consommation d’énergie, d’eau et gérer ses déchets
Les objets connectés nous aident également à mesurer et optimiser notre consommation de ressources naturelles, en modulant à distance la température de chauffage de la maison, par exemple.
Le compteur électrique intelligent Linky d’EDF permet ainsi d’identifier la consommation d’énergie de chaque appareil de la maison, et de recevoir des conseils pour l’optimiser. Le pommeau de douche Hydrao, de la start-up grenobloise Smart & Blue, couplé à une application mobile dédiée, mesure et limite le volume d’eau utilisé à chaque douche. D’autres applications comparent la consommation énergétique des appareils électroménagers pour s’équiper « responsable » (par exemple : EcoGator, de l’agence de l’énergie autrichienne). Certaines nous éclairent sur le tri sélectif des déchets : Citeo aide ainsi à identifier les déchets à jeter dans les bacs verts ou jaunes.
4. Des applications pour se déplacer sans (trop) polluer
L’essor du numérique a également permis l’apparition de nouvelles solutions de mobilité moins polluantes que la voiture personnelle, et disponibles en quelques clics. Blablacar a ainsi popularisé le covoiturage en France dès 2006, tandis que Drivy permet de louer ponctuellement une voiture auprès d’un particulier quand celui-ci ne l’utilise pas. De son côté, l’application Rézo Pouce propose à la fois le partage de véhicule et l’auto-stop dans des régions rurales.
D’autres applications encouragent le recours aux moyens de transports « doux », comme la marche, le vélo et les transports en commun. Citymapper et Whim permettent ainsi de comparer les différents modes de transport disponibles et leur coût, ou encore de combiner différents moyens de mobilité dans un même trajet.
5. Eduquer aux gestes verts dès le plus jeune âge
Pour découvrir de nouvelles astuces et actions à mettre en œuvre pour participer à la transition écologique, l’application mobile 90jours propose un défi quotidien à relever pendant trois mois. Acheter en vrac, emballer ses cadeaux dans du tissu, brancher ses appareils électriques sur une multiprise avec interrupteur… les épreuves peuvent être relevées par tous les membres de la famille.
De nombreuses applications ludiques permettent enfin de sensibiliser les plus jeunes aux éco-gestes : BabyBus, Okaïdi Planet Challenge, Wasteblaster, ou encore Cleanopolis en réalité virtuelle. A l’occasion de la Journée de la Terre, Pokemon Go a annoncé le lancement de la « Mission Blue », une version « écolo » du célèbre jeu de chasse en réalité augmentée, mobilisant les joueurs pour une traque aux déchets à travers le monde.
1 Les émissions de gaz à effet de serre sont intégralement compensées par différents moyens comme la plantation d’arbres par exemple.
2 Iddri, FING, WWF France, GreenIT.fr (2018). Livre blanc Numérique et Environnement.
3 Eric Williams, Robert Ayres et Myriam Heller, « The 1.7 Kilogram Microchip: Energy and Material Use in the Production of Semiconductor Devices », Environmental Science & Technlology, 2002.
4 Guide pour un système d’information éco-responsable, Frédéric Bordage, WWF, 2011 – http://www.greenit.fr/sites/greenit.fr/files/WWF-GUIDE-NTIC_1.pdf
5 Voir le tableau des fabricants, pages 8 à 13 de l’étude « Clicking clean: who is winning the race to build a green internet » publiée par Greenpeace en janvier 2017.
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