This website requires JavaScript.

Numérique Ethique vous est utile (ou pas) ? Dites-nous tout en 5 minutes ici

Risque et sécurité
Article

TikTok : du « playback » au « hot », comment protéger les jeunes utilisateurs ?

12.04.2019

Officiellement interdite aux moins de 13 ans, cette plateforme sociale de vidéos courtes est aussi appréciée des (pré-)ados que suspecte aux yeux de leurs parents.

Sitôt l’application TikTok téléchargée, et sans même avoir à créer de compte, le ton est donné : c’est un gigantesque catalogue de vidéos partagées par des millions d’inconnus qui s’ouvre. Remake de clip, recette de cuisine, playback et chorégraphies sur le tube du moment, gags avec des chats… si les contenus sont divers, leurs créateurs sont pour la plupart de jeunes, voire très jeunes utilisateurs. Comment la plateforme de vidéos courtes a-t-elle séduit si rapidement ce public ?

Aux origines : la Chine et l’amour du playback

Derrière ce succès globalisé - des centaines de millions d’utilisateurs à travers le monde, il y a le groupe chinois ByteDance, spécialiste de la distribution de contenus en ligne, qui mise sur l’intelligence artificielle.

En 2017, le groupe rachète Musical.ly, une application qui permet de choisir une piste musicale pour se filmer en train de mimer les paroles. Les pays asiatiques, où le karaoké est très populaire, sont une première cible, qui s’étend très rapidement à l’Europe et aux Etats-Unis.

A l’été 2018, ByteDance fusionne l’appli TikTok et Musical.ly, additionnant ainsi 2 bases d’utilisateurs, pour se revendiquer comme une « communauté vidéo mondiale » et « l’une des applis les plus téléchargées au monde ».

« Chaque seconde compte »

C’est le leitmotiv de la plateforme : « la vie file à toute vitesse, alors fais en sorte que chaque seconde compte ». Chaque vidéo se doit donc d’être accrocheuse, pour attirer les « likes » et les commentaires des autres utilisateurs. L’appli propose pour cela une panoplie d’effets spéciaux :

  • en 2D, 3D, ou réalité augmentée, pour incruster un objet virtuel dans l’image, ou pour ajouter un masque sur un visage (comme sur Snapchat),
  • des filtres (comme sur Instagram) pour enjoliver l’image,
  • et des outils de montage, pour accélérer ou ralentir la vidéo, par exemple.

La vidéo réalisée se glisse ensuite dans un flux de vidéos addictif, sans fin. Une vidéo en chasse une autre, égrenant les styles : sketchs humoristiques, performances, chorégraphies… tous les ressorts sont exploités pour retenir l’attention et faire grandir son score d’abonnés, comme Lea Elui ou les jumelles Lisa et Lena, de jeunes créatrices vidéo aux millions de fans.

Le tout est proposé via une interface facile à utiliser, reprenant les codes qui ont fait le succès d’applications comme Tinder, avec ses « swipe » (on balaie l’écran en le faisant glisser sur le côté) pour passer d’une vidéo à l’autre.

La fausse note

De challenges en hashtags populaires, les utilisateurs sont régulièrement incités à « créer et partager des vidéos amusantes et mémorables » et à les « pimenter avec les filtres ».

Le risque de surenchère est important : de jeunes filles de 8 ou 10 ans se montrent court-vêtues dans des clips où elles adoptent les codes hypersexualisés de leurs idoles, dans des mises en scène suggestives, le regard mutin. Cette tendance alarme jusqu’à la police française qui, dans un tweet, a informé les parents que les adolescents pouvaient y être la cible de propositions sexuelles mal-intentionnées.

En effet, TikTok a la particularité d’être un réseau très ouvert : par défaut, les vidéos postées sont accessibles à tous, et chacun peut les commenter ou contacter son auteur. Pas de liste d’amis ou d’abonnés auxquels réserver les contenus publiés, comme sur Facebook ou Instagram, par exemple. C’est ce qui a conduit des adultes malveillants à faire de TikTok un canal de choix pour repérer des enfants et entrer en contact avec eux.

La voix de la raison ?

Début 2019, les critiques et avertissements se sont multipliés à l’égard de TikTok. En Février, la FTC, le régulateur du commerce américain, a infligé une amende de 5 millions d’euros à la plateforme, lui reprochant de collecter les données de ses jeunes utilisateurs et de ne pas les protéger.

En effet, n’importe quel détenteur de smartphone peut poster des clips vidéo et être contacté par des inconnus, quel que soit son âge : il lui suffit, en créant son compte, d’affirmer avoir plus de 13 ans ou l’autorisation de ses parents. Aucune vérification n’est effectuée par la plateforme.

Depuis cette sanction américaine, TikTok dispense des conseils pour protéger les plus jeunes. Mais en français, les recommandations sont rares : mieux vaut comprendre l’anglais pour accéder à cette liste de conseils, ou au compte « TikTok Tips », où 7 vidéos au ton léger tâchent de redorer le blason de la plateforme, en montrant comment faire de TikTok un espace « sécurisé » et « amusant ».

Les remèdes

La tentation peut être grande d’interdire purement et simplement à son enfant l’utilisation de TikTok, mais le revers est risqué : mieux vaut qu’il soit sensibilisé aux risques et se sente accompagné pour identifier les situations suspectes et savoir comment réagir.

Nul besoin d’être expert des réseaux sociaux pour donner des conseils avisés. Pour TikTok comme pour les autres plateformes, protéger les plus jeunes revient à leur rappeler que l’utilisation de l’application doit rester un divertissement, et que ces contenus ne doivent pas être pris trop au sérieux.
Côté pratique, un bon paramétrage de l’application permet aux plus jeunes d’utiliser TikTok sans s’exposer aux risques que cette « communauté vidéo » un peu trop ouverte implique.

Cinq conseils pratiques :

  1. Passer le compte en mode privé : seuls les followers autorisés peuvent alors visionner les vidéos ;
  2. Limiter les messages privés : pour discuter avec ses seuls amis ;
  3. Fermer les commentaires : complètement, ou seulement aux inconnus ;
  4. Restreindre l’utilisation avec un code secret : l’appli devient inaccessible au-delà de 2 heures par jour ;
  5. Activer le mode restreint : pour ne pas être exposé à des vidéos au contenu sensible.
Retour