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Environnement
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La facture environnementale de nos e-mails

12.01.2022

Nous avons généralement bien conscience des pollutions générées par certaines de nos activités : trafic routier, emballages plastiques ou encore consommation de viande. Mais qu’en est-il de la pollution numérique de nos conversations en ligne ?

Privilégier les factures numériques, lire la presse en ligne plutôt qu’en papier, préférer les échanges digitaux aux formats imprimés… Autant d’actions censées réduire l’impact écologique de nos activités. Nous avons l’impression, en effet, qu’en ayant recours au numérique, nos vies dématérialisées seraient moins, voire plus du tout, polluantes. En réalité, il faut de la matière première pour une telle opération : une grande quantité d’électricité alimente nos vies connectées, reliées à une infrastructure complexe et invisible pour la plupart d’entre nous.

Prenons l’exemple de nos e-mails : spontanément, nous pourrions avoir tendance à supposer que le coût environnemental d’un courrier électronique serait bien moindre qu’un courrier papier. Pourtant, il est loin d’être négligeable. Avec quel impact ? Et avons-nous les moyens de le réduire ?

L’e-mail : une révolution

Abréviation anglo-américaine de «Electronic mail», le premier e-mail, envoyé par son inventeur Ray Tomlinson, date de 1971. Une vraie révolution pour l’époque car les ordinateurs sont alors faits pour calculer, pas pour communiquer. L’e-mail sera échangé entre deux machines reliées entre elles par le système informatique Arpanet : un ancêtre d’Internet, le réseau des réseaux qui verra le jour au début des années 80.

Pour pouvoir envoyer un message, il faut cependant pouvoir s’identifier sur le réseau, autrement dit, avoir une adresse informatique. Tomlinson a l’idée de créer un identifiant contenant le nom de la personne suivi du nom de l’ordinateur, les deux séparés par un caractère spécial : l’arobase «@». Ce caractère typographique a pour avantage de n’être utilisé dans aucun mot. Ainsi, aucun risque de confusion n’est possible avec une lettre de l’alphabet.

Aujourd’hui, bien qu’il soit concurrencé par les médias sociaux, l’e-mail fait désormais partie des communications en ligne habituelles. Aussi bien dans les sphères privées que professionnelles, la possession d’une boîte mail est devenue une nécessité !

Envoyer un e-mail, ça pollue !

Certes, la dématérialisation nous a libérés du tout-papier mais il y a une mauvaise nouvelle : nos e-mails sont eux aussi énergivores. Selon le Carbon Literacy Project, l’e-mail standard générerait 4 g de CO2. Si on y ajoute une pièce-jointe, il pourrait produire jusqu’à 50 g de CO2. À titre d’exemple, une photo de vacances de 1 Mo (mégaoctet, mesure de la taille d’un fichier) envoyée à 10 amis, égalerait 500 mètres parcourus en voiture.

Pourquoi ? Même si nous envoyons un e-mail à notre collègue du bureau d’à côté, il doit d’abord passer par les data centers où sont regroupés différents équipements informatiques (ordinateurs, serveurs…) chargés de stocker l’ensemble des informations utiles à nos activités en ligne. Ainsi, notre e-mail parcourt des kilomètres avant de parvenir à son destinataire, en transitant par des serveurs qui consomment de l’énergie 24h/24 et demandent à être massivement refroidis en ayant recours à des systèmes de climatisation et à des litres et des litres d’eau.

En France, un internaute reçoit d’après ContactLab en moyenne 39 e-mails par jour. Une prévision du cabinet d’études Radicati Group, estime que 347 milliards d’e-mails auront été envoyés chaque jour dans le monde en 2021. On peut ajouter que toutes ces statistiques ne prennent pas en compte les spams (courriers indésirables le plus souvent à caractère commercial), qui représenteraient de 55 à 95 % du trafic total de nos courriers électroniques !

Mais l’envoi d’e-mails n’est pas le seul problème : leur stockage représente une part importante de leur coût environnemental. Chaque message conservé est stocké dans plusieurs data centers (jusqu’à 6 pour Gmail) de plus en plus énergivores. Selon l’Union française de l’électricité, les data centers auraient consommé en France environ 3 TWh en 2015, soit plus que la consommation électrique d’une ville comme Lyon.

On se trompe donc grandement si l’on imagine que la nature dématérialisée de l’e-mail lui conférerait automatiquement des vertus écologiques. Cette illusion cache en vérité une infrastructure pharaonique, avec des systèmes de réseaux informatiques complexes et des milliers de câbles sous-marins reliant les continents…

Prendre conscience pour changer

Si l’empreinte carbone d’un e-mail est certes limitée, le poids total de nos communications numériques est loin d’être négligeable, du fait notamment d’une multiplication constante du nombre de boîtes mails actives, accueillant une quantité grandissante de données.

Dans son livre, L’Enfer du Numérique : voyage au bout d’un like, Guillaume Pitron regrette que les jeunes de la «génération Greta» - si «soucieux et sensibles à la question environnementale» - n’aient pas pleinement conscience de la pollution engendrée par leurs activités numériques. En effet, au delà des e-mails, l’ensemble de nos communications gravitant via nos messageries instantannées tels que Whatsapp et Facebook Messenger polluent tout autant. Même constat s’agissant de nos publications sur les réseaux sociaux.

Collectivement acteurs de ce phénomène, nous pouvons toutefois agir pour soutenir l’émergence d’un monde numérique plus responsable…en commençant notamment par nos communications numériques !

Pour cela, sans arriver à une position radicale visant à supprimer toute communication numérique, plusieurs bonnes pratiques peuvent être adoptées pour réduire son impact environnemental.

Les bonnes pratiques

Concrètement, que pouvez-vous faire ?

  • Vous pouvez commencer par réduire le nombre d’e-mails inutiles : faire le tri, supprimer vos anciens e-mails, vos anciennes adresses et vider votre corbeille.
  • Réduisez la taille des pièces-jointes en compressant par exemple les images.
  • Réduisez la liste des destinataires au strict nécessaire. Si vous devez parler à un groupe, préférez une messagerie instantanée qui communique un seul message à plusieurs plutôt qu’un «répondre à tous» qui duplique le même message pour chaque destinataire.
  • Désabonnez-vous de toutes les newsletters et abonnements qui ne vous intéressent plus.
  • Évitez les signatures avec des logos qui rendent les e-mails beaucoup plus lourds, et donc polluants !
  • Stockez vos données sur des disques durs et des clés USB. Faute de mieux, utilisez WeTransfer (ou Smash) pour l’envoi d’un document. Le document sera supprimé après un temps et limitera donc son bilan carbone.
  • Si tout ça vous paraît trop fastidieux, n’hésitez pas à télécharger une application comme Cleanfox qui s’occupera à votre place de supprimer les spams, les newsletters et autres e-mails indésirables.

Voilà quelques pistes pour changer nos habitudes ensemble !


Aller plus loin

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Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !

Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.

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