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L'obsolescence "programmée" : complot industriel ou phénomène de notre société ?

05.12.2021

Difficile d’affirmer que nos produits seraient sciemment condamnés à mort, dès leur conception, par les fabricants. L’obsolescence est pourtant un véritable sujet environnemental, au vu de l’impact mondial d’une consommation de plus en plus énergivore.

Sans tomber dans le mythe d’un complotisme industriel à grande échelle, il est aujourd’hui légitime de s’interroger sur l’impact de nos modes de consommation, et les perspectives visant à tendre vers un système plus durable et vertueux. La lutte contre l’obsolescence dite “programmée”, ancrée dans le mouvement low-tech, donne vie à des pistes d’améliorations intéressantes.

L’Obsolescence programmée a plusieurs visages

La définition officielle est la suivante : “L’obsolescence programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit, pour en augmenter le taux de remplacement.”

Autrement dit, c’est la réduction volontaire de la durabilité d’un produit afin d’en vendre plus souvent.

Bien que cette pratique soit illégale en France, et en théorie condamnable, elle reste compliquée à démontrer. Et si le terme historique de “programmée” évoque une sorte de manigance des industriels, nous pouvons aujourd’hui distinguer plusieurs catégories d’obsolescences, plus subtiles, mais tout aussi néfastes pour notre environnement :

  • L’obsolescence technique ou fonctionnelle : un objet cesse de fonctionner au bout d’un certain temps en raison d’une panne d’un de ses composants essentiels. Le remplacement de la pièce et la réparation sont presque impossibles, ou alors peu rentables pour le consommateur.
  • L’obsolescence esthétique : plus insidieuse, cette stratégie consiste à déprécier l’objet actuel dans l’esprit de l’utilisateur. Les campagnes marketing influencent nos décisions grâce aux effets de mode, tout en nous incitant à renouveler des produits encore fonctionnels par de nouveaux modèles plus “performants” et plus désirables.
  • L’obsolescence logicielle : les objets connectés subissent des incompatibilités, et commencent à dysfonctionner en raison d’un manque de support et d’adaptation aux nouvelles mises à jour.

Un cas concret : l’affaire des cartouches d’encre jetables

Les imprimantes à jet d’encre sont régulièrement citées pour illustrer ce système d’abrègement volontaire. En effet, les fabricants comme Epson, HP ou encore Canon furent mis en cause par une plainte pénale suite à des accusations de pratiques d’obsolescence programmée.

Une affaire qui a fortement retenti, entachant les constructeurs d’imprimantes à jet d’encre.

Epson est par exemple accusée de “raccourcir délibérément la durée de vie des imprimantes et des cartouches”. Concrètement, les cartouches seraient déclarées vides, alors qu’elles contiennent encore entre 20 % à 50 % de leur volume initial. Ce qui entraîne un blocage des impressions, prétextant le besoin de renouveler les cartouches.

Epson se défend ardemment contre ces accusations, alors que ses détracteurs l’accusent d’être responsable de l’impact d’une telle pratique :

Selon HOP (Halte à l’Obsolescence programmée), le dépositaire de la plainte, les actions entreprises pour faire condamner le constructeur pourraient à leur tour devenir obsolètes. En effet, l’affaire est toujours en attente de jugement depuis le 18 septembre 2017 (date du dépôt de plainte).

D’autres affaires concernent les constructeurs d’objets connectés comme les smartphones ou les ordinateurs (Apple, Samsung, Huawei, etc.). La durée de vie des batteries, ou encore l’obsolescence logicielle des systèmes d’exploitation utilisés pour faire fonctionner l’appareil correctement sont dans le viseur de la DGCCRF.

Le constructeur californien Apple a par exemple été condamné à régler une amende de 25 millions d’euros suite à une condamnation pour pratique commerciale trompeuse. Les investigations menées révélaient que des mises à jour logicielles diffusées en 2017 pouvaient ralentir artificiellement le fonctionnement des modèles d’iPhone 6, SE et 7.

Les conséquences alarmantes d’une surconsommation encouragée

Quel que soit notre avis sur le progrès technique et la nécessité de consommer dans une société comme la nôtre, les effets néfastes d’une surconsommation d’objets numériques sont indéniables et méritent d’être contraints.

La production de biens irréparables et destinés à être constamment jetés ou remplacés menace notre écosystème à l’échelle mondiale. Les ressources comme les minerais sont surexploitées et détruisent des terres rares. La production des composants, suivie de l’assemblage et de l’expédition aux quatre coins du globe engendrent des émissions de CO2 difficilement soutenables. Un téléphone portable nécessite 70 matériaux différents, et 90 % de l’empreinte écologique d’un appareil est émise lors de sa fabrication. Une fois jetés, ces millions d’objets et leurs composants toxiques sont trop rarement recyclés. Lorsqu’ils ne sont pas récupérés et traités correctement, les équipements obsolètes s’accumulent en monceaux de débris, dégradant fortement leur environnement. L’Asie est le continent le plus touché à l’heure actuelle.

Certaines initiatives cherchent à contrecarrer, voire à réglementer l’obsolescence prématurée de nos objets

À l’échelle des États, tout d’abord. En France, l’obsolescence programmée est considérée depuis 2015 comme une pratique trompeuse et illégale. Certaines réglementations apparaissent comme la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, ou la loi du 10 février 2020 (qui définit les sanctions) relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.

D’autres acteurs comme HOP mènent chaque jour des actions de sensibilisation et de dénonciation des pratiques d’obsolescence.

Enfin, les consommateurs ont également leur rôle à jouer. Chacun de nous peut se questionner et opter pour une consommation plus responsable, afin d’agir en conséquence.

Aller plus loin

  • Consulter notre article consacré au “Do it yourself”, et aux solutions pour réparer soi-même ses objets avant de s’en séparer. Le Repair Café à Paris organise par exemple des ateliers collaboratifs bénévoles de bricolage d’objets électroménagers.
  • Se tourner vers le marché d’occasion en ligne, notamment pour ses vêtements. On vous en dit plus ici.
  • Trouver et signaler les produits durables sur produitsdurables.fr.
  • Vous ne savez pas vraiment comment recycler vos cartouches d’encre ? Rendez-vous sur cartouche-vide.fr pour les revendre.

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Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !

Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.

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