Friperies digitales : concilier écologie, économies et plaisir
La surconsommation de vêtements est-elle vraiment en voie de disparition ? Une nouvelle vague d’acheteurs, plus consciente, adopte les multiples innovations des entrepreneurs du numérique engagés. Voyons comment s’articule ce marché en plein essor.
Les enjeux sociaux et environnementaux actuels viennent changer les codes dans l’industrie de la mode. À l’ère de l’instantané et du changement permanent, une part croissante de consommateurs s’interrogent, et agissent en faisant leur shopping différemment. Voyons quel rôle jouent les nouvelles technologies dans l’essor d’une mode plus éthique.
L’essor digital du marché de la seconde main dans la mode
Les nouvelles technologies nous permettent d’accéder en quelques secondes à des millions d’articles textiles de seconde main. C’est même devenu un véritable marché porteur pour les entrepreneurs du numérique. À tel point qu’une étude de Vestiaire Collective, un des pionniers du secteur du luxe d’occasion, prévoit une croissance de 12 % par an du marché sur les 5 prochaines années.
Selon le groupe Boston Consulting Group, qui a co-mené cette étude, l’émergence d’un nouveau type de consommateurs, issus de la Génération Z et des Millenials, est au cœur de cette tendance pour plusieurs raisons :
- ils ont grandi avec un smartphone et sont habitués aux technologies ;
- leur sensibilité aux enjeux environnementaux est plus ancrée que chez leurs aînés ;
- ils sont en quête de pièces uniques, limitées pour se différencier, et moins chères pour conserver leur pouvoir d’achat.
La démocratisation des articles de luxe est porteuse du succès de ces plateformes, qui permettent entre autres de garantir l’authenticité et la qualité des articles vendus. 71% des acheteurs de vêtements d’occasion interrogés n’avaient pas les moyens de s’offrir des marques de première main. Une aubaine pour certaines maisons de mode iconiques, qui attirent ainsi une nouvelle clientèle. En effet, de nombreux acheteurs appartenant à ces catégories de clients (44 %) déclarent être plus à même de s’offrir un article neuf chez une marque de luxe car ils anticipent de le revendre facilement en ligne dans le futur.
Les principales marketplaces
Qui sont les principaux acteurs de la revente d’articles de mode en ligne et quels sont leurs modèles ?
- Vestiaire Collective, créé en 2009, est une des premières plateformes ayant pris le pari du haut de gamme d’occasion. Avec plus de 5000 marques référencées et environ 8000 pièces ajoutées chaque jour au catalogue en ligne, c’est un des leaders du secteur.
Son fonctionnement : le vendeur envoie un vêtement qui sera vérifié par le service de Vestiaire Collective. L’entreprise estime ensuite le prix de vente, en incluant sa commission (de l’ordre de 15 à 25 % du prix) et intègre la pièce sur son e-commerce. Une équipe logistique se charge ensuite de la livraison, partout en Europe.
- Vinted est un exemple de développement sur ce marché de l’occasion en ligne. Lancée en 2008 en Lituanie, Vinted était à l’origine spécialisée dans la revente de vêtements pour femmes entre particuliers. Puis, l’entreprise s’est élargie aux vêtements pour enfants et pour hommes, depuis peu aux accessoires, et même au mobilier ainsi qu’aux livres. Une sorte de Leboncoin à l’échelle européenne, qui revendique plus de 30 millions d’utilisateurs et près d’1,4 milliard de dollars de chiffre d’affaires.
Son modèle : une application mobile très intuitive, fonctionnant sur le principe de la notation des vendeurs et de la protection acheteur permettant de sécuriser les achats.
-
Certaines marques lancent elles-mêmes leur propre marketplace d’occasion. C’est notamment le cas de Petit Bateau, qui permet de poster des annonces pour revendre un vêtement dans l’onglet Changer DEmain de son application mobile. Autre option intéressante : il est possible de rendre ses pièces Petit Bateau en boutique, en échange d’un bon d’achat si les vêtements sont revendables. Citons également La Redoute et sa plateforme La Reboucle, permettant de revendre entre particuliers des produits achetés sur le e-commerçant nordiste, ou bien encore L’atelier Bocage qui permet de louer des chaussures qui seront ensuite reconditionnées afin d’être vendues d’occasion.
-
Enfin, s’il est plus connu pour son mobilier et ses voitures d’occasion, ou même ses maisons et appartements, l’incontournable Le Bon Coin dispose aussi d’une catégorie dédiée aux articles de mode. Avec plus de 100 millions de transactions par an, le site de petites annonces en ligne séduit en conciliant consommation responsable, lien social (la plupart des échanges se faisant en mains propres) et bonnes affaires.
Quel impact positif pouvons-nous espérer grâce à ces nouvelles tendances de consommation ?
Ces solutions pour une consommation plus responsable permettent de réduire l’impact écologique du secteur de la mode, connu pour être particulièrement énergivore. La “fast fashion”, qui désigne le marché du vêtement neuf d’entrée de gamme, est en effet régulièrement pointé du doigt par ses détracteurs :
- plus de 60% des fibres utilisées pour la fabrication de vêtements sont synthétiques et proviennent de dérivés d’énergies fossiles ;
- la quantité d’eau nécessaire fait de l’industrie textile le troisième pôle de consommation mondial ;
- 25 % des insecticides sont utilisés pour cultiver le coton non-biologique.
Acheter moins, mais de meilleure qualité, est logiquement favorable à l’environnement. Une chemise premier prix à 20 euros venue d’Asie sera potentiellement changée au bout de 6 mois. Tandis qu’une chemise de qualité vendue 80 euros, mieux fabriquée en Europe avec des matières plus qualitatives, pourrait durer plusieurs années. Et ceci sans même citer des critères d’ordre social ou sociétal.
Ainsi, nous pouvons espérer qu’une mode plus éthique, devenue très facilement accessible à grande échelle, engendre plusieurs bénéfices :
- moins de production, mais de meilleure qualité ;
- favoriser une consommation plus locale, pour réduire les émissions de CO2 liées au transport intercontinental ;
- la généralisation de labels certifiant une chaîne de production plus éthique (Global Organic Textile Standard, PETA, Oeko-Tex, etc.).
À l’heure des grandes mesures environnementales, le secteur de l’habillement sera certainement un pilier pour répondre aux objectifs ambitieux de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution.
Aller plus loin
Au-delà des géants Vinted et Vestiaire collective, d’autres petites friperies en ligne cherchent à conquérir le marché de la mode éthique. Pour en savoir plus, vous pouvez consulteR la liste proposée par Reset.eco.
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Le mouvement Low-tech : à la découverte de l’émancipation technologique
La décroissance est-elle inévitable ? Ce dernier siècle de révolutions technologiques en tout genre laisse place à une remise en question généralisée. Découvrons comment certaines solutions “low-tech” apportent leurs réponses aux défis écologiques.
Faire toujours mieux avec moins, selon ses ressources, à une époque où notre consommation est difficilement soutenable pour une seule planète Terre. C’est vers ce mode de vie que les disciples d’une consommation “low-tech” se dirigent.
Explorons ensemble comment ce mouvement agit concrètement, à travers des solutions accessibles à toutes et tous.
La Low-Tech vise à nous rapprocher d’une civilisation techniquement soutenable
Durant des décennies, il suffisait de prononcer le mot “high-tech” pour susciter l’intérêt.
Certes, la technologie en constante progression facilite la vie de milliards d’êtres humains, mais à quel coût ? Celui d’une inquiétante diminution des ressources, en accélération constante, couplée à l’érosion d’un précieux écosystème dans lequel nous vivons.
C’est pourquoi depuis environ 40 ans, une société quasi parallèle se construit en sens inverse, autour d’un ensemble de technologies jugées vraiment utiles, durables et économiques : la low-tech. Encore méconnu du grand public il y a peu, ce concept de “basse technologie” vise l’acceptation d’un confort de vie plus basique, parfois rudimentaire, afin de participer à un projet de société davantage en accord avec nos ressources disponibles.
Une vie plus sobre, qui s’articule autour de trois grands principes :
- produire et consommer utile, en revenant à l’essentiel ;
- se rendre accessible au plus grand nombre ;
- être durable, fonctionnel et optimisé.
La low-tech peut paraître régressive et idéaliste à première vue, tant nous sommes dépendants d’un confort atteint grâce au système de consommation actuel.
Pourtant, des initiatives crédibles et durables permettent de retrouver un mode de vie plus simple à l’aide d’innovations et de réinventions adaptées à nos cultures.
Trois initiatives Low-tech simples et accessibles
Chacun peut agir à son échelle pour tendre vers un mode de vie plus soutenable, en fonction de ses ressources.
Sans nécessairement effectuer une transition drastique en partant vivre dans un éco-village autonome, des solutions existent à portée de main, applicables sur tout le territoire.
Voici 3 initiatives abordables pour celles et ceux qui désirent découvrir quelques bonnes pratiques low-tech.
- Fabriquer des produits du quotidien
Avez-vous déjà entendu parler de phtalates, de bisphénol-A (BPA) ou de laurylsulfate de sodium ? Ces divers agents chimiques présents dans de nombreux produits de consommation courante (dentifrices, lessive, déodorants, etc.) sont invisibles, nocifs, et pourtant nombre d’entre nous en utilisent chaque jour.
Vous l’aurez compris, consommer low-tech aujourd’hui ne signifie pas forcément bricoler son propre ordinateur ou son chauffage solaire. Cela passe également par des gestes simples dans nos cuisines.
Le fait-maison jusque sur la brosse à dent, c’est le Low-Tech Lab qui en parle le mieux, en nous donnant ses meilleures recettes pour consommer mieux (et moins cher).
Voici quelques-uns de leurs tutoriels bien pratiques :
- Fabriquer son produit vaisselle 100 % naturel ;
- Cuisiner son dentifrice maison en 5 minutes ;
- Faire un déodorant à base de bicarbonate.
- Participer à des rencontres low-tech, ou ateliers participatifs
Il suffit de saisir “atelier participatif”, “atelier collaboratif" ou encore “association low-tech” sur un moteur de recherche pour se retrouver entre adeptes novices ou initiés.
Ces lieux de cohésion ont pour but de s’entraider à revenir aux fondamentaux, tout en découvrant de nouvelles pratiques. Loin d’être technophobes, les personnes qui se rejoignent dans des ateliers tels que le Low-Tech Lab de Boulogne-Billancourt sont également en quête d’innovation.
De plus en plus d’initiatives locales de ce type émergent, dans les centres-villes comme en périphérie. Ces points d’entrée communautaires feront probablement le bonheur de celles et ceux qui hésitent encore à se lancer vers ces nouvelles habitudes de vie.
- S’intégrer dans une dynamique d’économie circulaire
La lutte contre la pollution numérique, engendrée par une surconsommation de produits électroniques et électriques, fait partie des combats du mouvement low-tech.
C’est pourquoi l’éco-conception, le recyclage ou encore la réparation peuvent être considérés comme des pratiques low-tech accessibles à chacun. L’économie circulaire vise en effet à se détacher du modèle de consommation traditionnel consistant à extraire, produire, consommer, puis jeter.
Découvrez plusieurs moyens simples de limiter votre empreinte écologique :
- S’équiper avec des objets reconditionnés : BackMarket, Reepeat, Smaaart ;
- Limiter les déchets non-recyclables et emballages à usage unique : magasins en vrac, confection à partir de matériaux recyclés, objectif ZeroWaste !
- Apprendre à bricoler, réparer voire même fabriquer en se rendant dans un atelier collaboratif.
Quelques ressources pour aller plus loin
La philosophie low-tech n’a pas pour but de culpabiliser les foules, comme ses détracteurs le prétendent. Bien que certains experts de l’autonomie soient objectivement anti-consuméristes et rejettent la modernité actuelle, c’est loin d’être le cas de tous les adeptes d’une croissance mesurée et plus supportable.
Ce sujet vous intéresse ? Pour en savoir davantage, voici quelques ressources à votre disposition.
- L’âge des low-tech : Vers une civilisation techniquement soutenable - Un livre de Philippe Bihouix, ingénieur et auteur d’essais sur les questions environnementales ;
- Nomade des mers - le documentaire d’une expédition incroyable du Low Tech Lab ;
- Le forum des Entrepreneurs Low Tech.
Aller plus loin
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Métavers : nouveau monde utile ou divertissement illimité ?
Le métavers, une énième “révolution technologique”, pose question. Est-ce le nouveau gadget d’une génération ultra-connectée, ou un réel bouleversement des usages numériques à venir ?
Les discussions autour du “métavers” - metaverse en anglais - rappellent la démocratisation d’Internet il y a 25 ans. Le grand public accédait alors à un espace virtuel à découvrir et à construire, dans lequel il fallait apprendre à se repérer pour s’instruire, travailler, s’amuser, ou communiquer.
Mark Zuckerberg, le fondateur et actuel patron de Facebook, décrit le métavers comme “le futur d’internet”. Il a d’ailleurs renommé son entreprise Meta en 2021, laissant peu de doutes concernant ses intentions. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Est-ce un jeu vidéo, ou une nouvelle technologie révolutionnaire ? Pourquoi toutes les plus grandes entreprises cherchent à le conquérir ?
Voyons ce qui se cache derrière le métavers, nouvel eldorado numérique de notre époque.
Le Métavers, c’est quoi ?
Le métavers est un cyberespace qui évolue en permanence, même quand vous n’y êtes pas connecté. Ce n’est pas une technologie à part entière, mais plutôt un changement dans notre façon d’interagir sur Internet.
En d’autres termes, voyez-le comme un environnement virtuel accessible à tous, dans lequel nous serions représentés par nos avatars numériques. La combinaison de la réalité virtuelle et de l’intelligence artificielle ambitionne de permettre aux utilisateurs de vivre des expériences digitales plus “réelles” avec d’autres communautés, afin de bâtir leur propre monde.
L’économie virtuelle au cœur du système
Une des grandes nouveautés apportée par le métavers est directement liée à l’économie des crypto-actifs. La notion de propriété digitale, bien qu’elle puisse sembler abstraite, a pris forme. Chaque utilisateur peut créer, acheter et vendre des biens numériques, puis les transférer entre les différents mondes qu’il explore. Avec l’aide des NFTs - des jetons de cryptos agissant comme des certificats de propriété d’un élément numérique - le métavers semble offrir la perspective d’un marché florissant pour les créateurs. Et chacun peut y contribuer.
Quelques chiffres sur le métavers :
- Facebook (devenu Meta) a investi 10 milliards de dollars pour se développer dans ces univers parallèles ;
- le marché des métavers pourrait atteindre 800 milliards de dollars avant 2030 ;
- l’industrie du jeu vidéo serait la grande gagnante, et pourrait dépasser les 400 milliards de dollars de valorisation en 2024.
Un jeu immersif, sans aucune limite ?
Dans un métavers, la réalité virtuelle est au cœur de l’expérience. Elle permet de profiter pleinement des possibilités offertes. Grâce à un casque ou à des lunettes connectées, les utilisateurs sont immergés dans un autre monde qu’ils peuvent rejoindre pour accéder à une nouvelle réalité vécue en virtuel : faire du shopping avec leurs cryptomonnaies, jouer au poker, affronter un ogre, assister à une réunion d’entreprise ou tout simplement se promener. Tout devient virtuellement possible, en quelques clics seulement.
Toutefois, l’industrie la plus présente dans le métavers à l’heure actuelle est celle du jeu vidéo. Récemment, nous apprenions que Sony et Lego avaientt investi 2 milliards de dollars dans l’éditeur de jeu vidéo Epic Games, qui a entre autres développé le célèbre jeu Fortnite. Le but de cet investissement : propulser les efforts d’Epic Games, un des pionniers dans la conquête des métavers.
L’éditeur Niantic (PokemonGo) est également intéressé. La start-up désormais valorisée à 9 milliards de dollars compte bien développer son propre métavers. Et elle s’en donne les moyens, après avoir levé 300 millions de dollars en 2021 pour “jouer un rôle essentiel dans la prochaine transition informatique”.
Certains projets se connectent au réel
Au-delà du potentiel d’amélioration de l’expérience des gamers, le métavers pourrait aussi contribuer à de nombreux secteurs d’activité de nos sociétés modernes. Plusieurs projets en cours de développement cherchent à utiliser le métavers comme un outil à notre service, et non pas comme une façon d’échapper à la réalité.
Par exemple, Bill Gates prédit que les réunions d’entreprise seront transférées dans le métavers d’ici deux à trois ans. La visioconférence manque de connexions entre humains comparée à une réunion “physique”. Grâce au métavers, une expérience plus immersive, bien qu’elle soit virtuelle, pourrait améliorer les interactions entre des équipes de plus en plus morcelées depuis que le télétravail se généralise. Dès lors que le matériel et les logiciels nécessaires seront plus accessibles, ces pratiques pourraient être adoptées à grande échelle pour le bien-être des salariés.
Pour d’autres entreprises, le métavers peut jouer un rôle essentiel dans le support client. Au lieu d’un appel téléphonique classique, parfois désagréable, le métavers permettrait au personnel d’assistance de guider “physiquement” les clients dans la résolution de leurs problèmes. Cela permet à l’entreprise d’économiser du temps et des moyens, tout en offrant au client une meilleure expérience.
Certains projets devraient également voir le jour très prochainement dans le domaine de l’éducation, et les possibilités sont immenses. À terme, il y a fort à parier que la simulation en condition réelle pourrait faire partie intégrante des cursus scolaires.
Il est également possible de profiter de la capacité divertissante du métavers dans un but éducatif, en utilisant la gamification. Cette méthode consiste à appliquer les mécanismes des jeux vidéo à des secteurs plus traditionnels (comme par exemple l’apprentissage de la géographie) grâce à différents leviers : dimension sociale, systèmes de quêtes et de récompense, ou encore compétition.
Les infrastructures sont là, il ne reste plus qu’à s’en servir à bon escient pour bâtir, ensemble, un nouveau monde numérique qui réponde à nos attentes et à nos besoins. Encore faut-il que nous parvenions à nous en saisir avant que les géants du numérique en décident autrement…
Réduire son empreinte carbone en quelques clics
Les émissions de CO2 sont au cœur des débats dans le monde entier, ou presque. La consommation des peuples, en particulier en Occident, est souvent mise en cause. Découvrons aujourd’hui comment limiter, voire annuler son empreinte carbone.
Dans les transports, à la maison ou à table, tout ce que nous utilisons a un impact sur l’environnement. Cet impact, même indirect, est aujourd’hui mesurable (et de plus en plus visible). Certaines entreprises, les “GreenTech”, vont encore plus loin en proposant des solutions de compensation carbone en ligne.
Que désigne l’empreinte carbone ?
Afin de bien comprendre notre sujet, retournons en classe de physique-chimie quelques instants.
L’empreinte carbone désigne la quantité d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) produite par les activités d’une personne ou d’une entreprise. Car en effet, une des ressources que nous utilisons le plus est l’énergie fossile (charbon, pétrole, gaz naturel), très riche en carbone. Lorsqu’elle est produite puis consommée, la source d’énergie émet un florilège de gaz à effet de serre, comme le CO2.
Afin de simplifier les calculs et les comparaisons, les scientifiques s’accordent pour adopter l’équivalent CO2 comme unité universelle. Au moment de mesurer l’impact de la fabrication d’un ordinateur, il faudra analyser son cycle de vie complet, impliquant par exemple l’extraction et l’acheminement des matériaux nécessaires à sa conception, puis l’énergie utilisée lors de l’assemblage.
Nous sommes aujourd’hui en capacité de mesurer l’empreinte carbone d’environ tout ce que nous faisons ou utilisons :
- Voyages et modes de transport : un aller-retour de Paris à New-York rejette 1 tonne de CO2 ;
- Biens et services : envoyer un email, c’est entre 10 et 30 grammes d’équivalent CO2 selon le poids des pièces jointes ;
- Manger : produire 400 grammes de steak de boeuf polluerait autant que de rouler 450 km en voiture.
L’impact d’une recherche sur Google, de l’électricité utilisée par notre réfrigérateur ou encore le coût environnemental de notre nouveau jean est estimable.
Selon le ministère de la Transition écologique et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), chaque Français émet aux alentours de 6,9 tonnes de CO2 chaque année. Ce qui, à l’échelle mondiale, nous classe parmi les pays plutôt raisonnables, bien loin des États-Unis ou de l’Arabie Saoudite, qui culminent aux alentours de 18 tonnes de CO2 par habitant.
Comment calculer son impact carbone ?
En s’éloignant des moyennes nationales pour se pencher sur l’impact individuel, nous observons sans surprise qu’il existe de grandes disparités selon le mode de vie et les habitudes de chacun.
Les émissions étant principalement dues au logement, au transport et à l’alimentation, il est logique que certains groupes d’individus polluent bien plus que d’autres.
Pour s’en rendre compte, il suffit d’utiliser les outils à disposition permettant d’effectuer un bilan carbone personnel gratuitement : nosgestesclimat.fr, un test en ligne proposé par l’Agence de la Transition écologique, ou bien le quiz intuitif de Global Footprint Network. Essayez de vous situer (sans tricher !), vous pourriez être surpris.
Au-delà de l’écosystème des organisations gouvernementales et des associations de sauvegarde de l’environnement, certains visionnaires tirent leur épingle du jeu. En se basant sur la prise de conscience écologique d’une partie de la population, plusieurs entreprises comblent un besoin d’action citoyenne en proposant des moyens de compenser son empreinte carbone individuelle.
Se “décarboner” facilement en ligne : la mission de Carbo
Vous faire découvrir les initiatives innovantes et pratiques qui agissent pour un futur soutenable est une de nos missions. Et dans ce domaine, nos jeunes entrepreneurs ont du talent !
Intéressons-nous aujourd’hui à une start-up parisienne qui s’est spécialisée dans le développement de solutions 100 % digitales permettant de réduire son empreinte carbone au quotidien. Sans cacher son ambition de faire partie des GreenTech de référence en Europe, Carbo se distingue grâce à 3 fonctionnalités qui ont déjà conquis plus de 20 000 utilisateurs :
Suivre son empreinte carbone au jour le jour, en synchronisant automatiquement ses dépenses bancaires ;
comprendre l’impact écologique de sa consommation ;
soutenir des projets écologiques locaux pour compenser ses émissions.
Dans un premier temps, Carbo nous éduque sur les thématiques de la sauvegarde écologique (pollution numérique, consommation responsable, mobilité durable, etc.). Pour les utilisateurs qui souhaitent aller plus loin, l’application offre la possibilité de compenser son impact “en quelques clics”.
Concrètement, cette compensation se matérialise par un soutien financier de l’utilisateur qui sera investi dans un projet écologique :
agroforesterie & reboisement ;
protection des sols ;
agriculture régénérative ;
écosystèmes marins ;
habitats pollinisateurs.
Chaque soutien donne lieu à une action sur le terrain, dont l’impact positif estimé fait basculer notre balance carbone vers la neutralité.
Quelques minutes suffisent pour planter ses premiers arbres, et toutes les contributions sont les bienvenues à partir d’un euro par semaine.
Carbo se positionne également sur la compensation carbone des entreprises, de plus en plus incitées à s’engager dans la sauvegarde de l’environnement.
Sur son site web hellocarbo.com, la start-up revendique déjà plusieurs centaines de clients professionnels.
Quelques ressources pour en savoir plus sur les solutions proposées par Carbo :
- Neutralité carbone pour les citoyens ;
- Guides sur l’impact carbone pour particuliers et professionnels ;
- Présentation de Carbo.
Aller plus loin
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
La technologie au service de la réduction des déchets
Le défi du réchauffement climatique nous pousse à revoir nos façons de consommer. Mais le changement à grande échelle peut s’avérer fastidieux, et long. De plus en plus d’entrepreneurs y voient une opportunité, en s’aidant des nouvelles technologies.
Parmi les armes à notre disposition pour lutter contre la dégradation intensive de nos ressources, nous pouvons compter sur les innovations de quelques pépites françaises.
L’économie circulaire et la réduction des déchets font partie des thèmes en vogue. Observons de plus près comment certaines entreprises arrivent à proposer des solutions concrètes, qui améliorent notre quotidien tout en réduisant notre impact.
Manger moins cher en luttant contre le gaspillage
Vider une demi-bouteille de lait dans l’évier. Jeter quelques yaourts périmés de 2 jours. Ces petits gestes occasionnels peuvent paraître anodins.
Pourtant, ces petits gestes, mis bout à bout, ont des conséquences. On estime qu’un Français jette en moyenne [29 kg de nourriture par an] (https://toogoodtogo.fr/fr/press/releases/camera-cachee-cours-cuisine)1. Les acteurs de la grande distribution eux, n’hésitent pas à se débarrasser parfois de lots entiers de produits invendus, jugés impropres ou défectueux.
Mondialement, [près de 30% de la nourriture produite est gaspillée] (http://www.fao.org/platform-food-loss-waste/flw-data/en/)2. C’est gigantesque.
À tel point que ces chiffres alarmants ont poussé Lucie Basch à créer une solution simple et accessible pour lutter contre ce problème. La prise de conscience se transforme en une application qui connecte les commerçants souhaitant valoriser leurs invendus auprès les particuliers : [Too Good To Go] (https://toogoodtogo.fr/fr), née en 2016.
Un concept gagnant-gagnant qui séduit. Le commerçant jette moins et attire des clients dans son enseigne. Le client quant à lui, accède à ces “paniers surprise” de nourriture à prix réduit (environ -50 à -70%). Un bon geste pour la planète et pour le portefeuille, des deux côtés de la caisse.
Et les résultats sont là ! Avec plus de 56 millions de plats destinés à la poubelle sauvés, TooGood ToGo poursuit son“rêve d’un monde sans gaspillage”.
- Les enjeux de TooGood ToGo
Prévenir la perte d’un produit, mais surtout d’un cycle entier de production
Avant d’arriver sur les étals et dans les réfrigérateurs, la nourriture doit être produite (élevage, agriculture, pêche), transformée, empaquetée, transportée et vendue. Toutes ces étapes polluent, c’est inévitable.
Chaque déchet alimentaire est donc responsable du gaspillage de toutes les ressources naturelles, matérielles ou humaines impliquées dans sa chaîne de production.
Imaginons un instant ne plus rien gaspiller. Les émissions de gaz à effet de serre produites par le système alimentaire pourraient [baisser de 11%, selon WWF] (https://www.worldwildlife.org/stories/fight-climate-change-by-preventing-food-waste)3.
- Sensibiliser les acteurs de la distribution et les gouvernements à revoir leurs pratiques
Plus qu’une application mobile à la technologie bien rodée (géolocalisation, paiement en ligne, etc.) Too Good To Go compte bien soutenir un mouvement de société.
Ces connexions quotidiennes entre commerçants et consommateurs forment un outil. Sa véritable utilité est de faire office de levier pour changer les habitudes de toute une chaîne de consommation. Le but est de sensibiliser au gaspillage, jusqu’aux plus hautes instances gouvernementales. Et les choses bougent, avec par exemple le [Pacte sur les Dates de Consommation] (https://toogoodtogo.fr/fr/campaign/pacte)4.
TooGood ToGo en chiffres :
- 90% des paniers de courses sauvés du gaspillage sont consommés,
- Plus de 50 000 points de vente ont rejoint l’application en 2020,
- 1 panier Too Good To Go sauvé = l’équivalent en consommation CO2 de 442 chargements de téléphone.
The Box : la révolution anti-carton
La pandémie mondiale et ses multiples confinements ont profité au secteur du e-commerce. Rien de bien surprenant jusqu’ici. En revanche, ils n’ont pas toujours été bénéfiques pour la planète.
Car si le ralentissement de la production mondiale a permis de diminuer notre consommation d’énergie et nos émissions carbone, il a également créé une habitude qui, elle, reste bien ancrée : commander sur internet.
Se faire livrer de tout, n’importe où et à tout moment. La grande majorité du temps dans des cartons. Par conséquent, la consommation d’emballages volumineux à usage unique (qui finissent en déchets) explose.
La réaction du Parlement européen ne se fait pas attendre. Après les sacs en plastique en 2015, les institutions s’attaquent à un nouveau [plan pour une économie plus circulaire] (https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_19_1480)5.
Pourrons-nous encore déchirer et jeter un colis à peine livré dans quelques années ?
Cette question, l’entreprise nantaise Living Packets se l’est posée. Leur réponse semble couler de source : la façon dont nous recevons et retournons les colis doit changer.
Un emballage intelligent, plus propre, et sécurisé.
La technologie connectée qui nous intéresse se nomme The Box. Et Living Packets, qui fabrique cet emballage intelligent, compte bien contribuer à révolutionner l’avenir du e-commerce.
Cette ambition se base sur 3 promesses :
- Protéger les marchandises à l’aide d’un arsenal de capteurs et de caméras dans le colis. Le tout connecté à une application mobile,
- Satisfaire les 85% d’acheteurs en ligne encore mécontents en réduisant les dommages, les vols et les pertes,
- Et surtout, faire baisser drastiquement l’empreinte écologique du transport de marchandises dans le e-commerce. Le colis serait réutilisable 1000 fois, tout en étant produit à partir d’éléments recyclés.
Devenu ordinaire, presque quotidien pour certains, le traditionnel colis en carton livré et aussitôt jeté est loin d’être innocent pour notre écosystème.
Comment The Box agit concrètement pour la planète ?
Outre son ambition d’améliorer l’expérience client, la start-up française s’engage pour notre environnement, et le revendique.
C’est une opportunité de transition écologique pour les commerçants qui envoient des marchandises. Et peu importe si ces derniers sont davantage intéressés par l’aspect sécuritaire de ce colis nouvelle génération. L’essentiel est qu’ils utilisent une technologie plus propre, afin de réduire l’empreinte carbone de leur logistique.
D’autant plus que l’usage multiple n’est pas le seul atout de The Box. Le colis intelligent est lui-même fabriqué à partir d’un matériau recyclé, et recyclable ! Avec moins d’emballages utilisés à grande échelle, des forêts entières peuvent être préservées.
Et cerise sur le gâteau : à l’intérieur de cette intrigante boîte, aucun papier bulle. C’est toujours un peu moins de plastique qui risque de finir sa course dans l’océan.
Les innovations technologiques : un espoir dans un climat de crainte environnementale
La situation alarmante décrite par les nombreux experts du climat et de la biodiversité fait écho. Les spécialistes sont écoutés par nos entrepreneurs, qui ne cessent d’innover pour agir plus “positivement”. Tout du moins, en cherchant des solutions concrètes pour limiter l’impact des activités humaines sur l’environnement.
Bien sûr, il faudra encore du temps pour changer les habitudes de consommation de centaines de millions d’individus. Mais avec l’aide de la recherche et des technologies, appuyées par les pouvoirs publics, l’espoir d’une empreinte écologique plus raisonnable à grande échelle est permis
Souhaitons que ces initiatives continuent à grandir, et à faire germer de nouvelles idées créatives chez les entreprises visionnaires de demain.
1 [VIDÉO : UN FRANÇAIS JETTE EN MOYENNE 29 KG DE NOURRITURE PAR AN] (https://toogoodtogo.fr/fr/press/releases/camera-cachee-cours-cuisine), sur Too Good To Go
2 [Food Loss and Waste Database] (http://www.fao.org/platform-food-loss-waste/flw-data/en/), sur FAO
3 [Fight climate change by preventing food waste] (https://www.worldwildlife.org/stories/fight-climate-change-by-preventing-food-waste), The Advance Computing System Association
4 [Ensemble, clarifions les dates de consommation pour réduire le gaspillage alimentaire] (https://toogoodtogo.fr/fr/campaign/pacte)
5 [Closing the loop: Commission delivers on Circular Economy Action Plan] (https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_19_1480), sur Anssi
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
L'obsolescence "programmée" : complot industriel ou phénomène de notre société ?
Difficile d’affirmer que nos produits seraient sciemment condamnés à mort, dès leur conception, par les fabricants. L’obsolescence est pourtant un véritable sujet environnemental, au vu de l’impact mondial d’une consommation de plus en plus énergivore.
Sans tomber dans le mythe d’un complotisme industriel à grande échelle, il est aujourd’hui légitime de s’interroger sur l’impact de nos modes de consommation, et les perspectives visant à tendre vers un système plus durable et vertueux. La lutte contre l’obsolescence dite “programmée”, ancrée dans le mouvement low-tech, donne vie à des pistes d’améliorations intéressantes.
L’Obsolescence programmée a plusieurs visages
La définition officielle est la suivante : “L’obsolescence programmée se définit par l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit, pour en augmenter le taux de remplacement.”
Autrement dit, c’est la réduction volontaire de la durabilité d’un produit afin d’en vendre plus souvent.
Bien que cette pratique soit illégale en France, et en théorie condamnable, elle reste compliquée à démontrer. Et si le terme historique de “programmée” évoque une sorte de manigance des industriels, nous pouvons aujourd’hui distinguer plusieurs catégories d’obsolescences, plus subtiles, mais tout aussi néfastes pour notre environnement :
- L’obsolescence technique ou fonctionnelle : un objet cesse de fonctionner au bout d’un certain temps en raison d’une panne d’un de ses composants essentiels. Le remplacement de la pièce et la réparation sont presque impossibles, ou alors peu rentables pour le consommateur.
- L’obsolescence esthétique : plus insidieuse, cette stratégie consiste à déprécier l’objet actuel dans l’esprit de l’utilisateur. Les campagnes marketing influencent nos décisions grâce aux effets de mode, tout en nous incitant à renouveler des produits encore fonctionnels par de nouveaux modèles plus “performants” et plus désirables.
- L’obsolescence logicielle : les objets connectés subissent des incompatibilités, et commencent à dysfonctionner en raison d’un manque de support et d’adaptation aux nouvelles mises à jour.
Un cas concret : l’affaire des cartouches d’encre jetables
Les imprimantes à jet d’encre sont régulièrement citées pour illustrer ce système d’abrègement volontaire. En effet, les fabricants comme Epson, HP ou encore Canon furent mis en cause par une plainte pénale suite à des accusations de pratiques d’obsolescence programmée.
Une affaire qui a fortement retenti, entachant les constructeurs d’imprimantes à jet d’encre.
Epson est par exemple accusée de “raccourcir délibérément la durée de vie des imprimantes et des cartouches”. Concrètement, les cartouches seraient déclarées vides, alors qu’elles contiennent encore entre 20 % à 50 % de leur volume initial. Ce qui entraîne un blocage des impressions, prétextant le besoin de renouveler les cartouches.
Epson se défend ardemment contre ces accusations, alors que ses détracteurs l’accusent d’être responsable de l’impact d’une telle pratique :
- sur l’environnement : chaque année, seulement 15 % des 81 millions de cartouches d’encre seraient correctement recyclées en France.
- sur le pouvoir d’achat : l’obsolescence prématurée contraint les consommateurs à se procurer trop souvent de nouvelles cartouches d’encre, dont le prix se situe aux alentours de 2000 € le litre.
Selon HOP (Halte à l’Obsolescence programmée), le dépositaire de la plainte, les actions entreprises pour faire condamner le constructeur pourraient à leur tour devenir obsolètes. En effet, l’affaire est toujours en attente de jugement depuis le 18 septembre 2017 (date du dépôt de plainte).
D’autres affaires concernent les constructeurs d’objets connectés comme les smartphones ou les ordinateurs (Apple, Samsung, Huawei, etc.). La durée de vie des batteries, ou encore l’obsolescence logicielle des systèmes d’exploitation utilisés pour faire fonctionner l’appareil correctement sont dans le viseur de la DGCCRF.
Le constructeur californien Apple a par exemple été condamné à régler une amende de 25 millions d’euros suite à une condamnation pour pratique commerciale trompeuse. Les investigations menées révélaient que des mises à jour logicielles diffusées en 2017 pouvaient ralentir artificiellement le fonctionnement des modèles d’iPhone 6, SE et 7.
Les conséquences alarmantes d’une surconsommation encouragée
Quel que soit notre avis sur le progrès technique et la nécessité de consommer dans une société comme la nôtre, les effets néfastes d’une surconsommation d’objets numériques sont indéniables et méritent d’être contraints.
La production de biens irréparables et destinés à être constamment jetés ou remplacés menace notre écosystème à l’échelle mondiale. Les ressources comme les minerais sont surexploitées et détruisent des terres rares. La production des composants, suivie de l’assemblage et de l’expédition aux quatre coins du globe engendrent des émissions de CO2 difficilement soutenables. Un téléphone portable nécessite 70 matériaux différents, et 90 % de l’empreinte écologique d’un appareil est émise lors de sa fabrication. Une fois jetés, ces millions d’objets et leurs composants toxiques sont trop rarement recyclés. Lorsqu’ils ne sont pas récupérés et traités correctement, les équipements obsolètes s’accumulent en monceaux de débris, dégradant fortement leur environnement. L’Asie est le continent le plus touché à l’heure actuelle.
Certaines initiatives cherchent à contrecarrer, voire à réglementer l’obsolescence prématurée de nos objets
À l’échelle des États, tout d’abord. En France, l’obsolescence programmée est considérée depuis 2015 comme une pratique trompeuse et illégale. Certaines réglementations apparaissent comme la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, ou la loi du 10 février 2020 (qui définit les sanctions) relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.
D’autres acteurs comme HOP mènent chaque jour des actions de sensibilisation et de dénonciation des pratiques d’obsolescence.
Enfin, les consommateurs ont également leur rôle à jouer. Chacun de nous peut se questionner et opter pour une consommation plus responsable, afin d’agir en conséquence.
Aller plus loin
- Consulter notre article consacré au “Do it yourself”, et aux solutions pour réparer soi-même ses objets avant de s’en séparer. Le Repair Café à Paris organise par exemple des ateliers collaboratifs bénévoles de bricolage d’objets électroménagers.
- Se tourner vers le marché d’occasion en ligne, notamment pour ses vêtements. On vous en dit plus ici.
- Trouver et signaler les produits durables sur produitsdurables.fr.
- Vous ne savez pas vraiment comment recycler vos cartouches d’encre ? Rendez-vous sur cartouche-vide.fr pour les revendre.
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Intelligence artificielle : histoire et prospectives
Les machines vont-elles un jour nous dominer ? A quoi ressemblera notre monde bardé de connexions, d’algorithmes et de données infinies dans 30 ans ? Le point sur ces sujets avec Dominique Cardon.
En juin dernier, MAIF recevait M. Dominique Cardon, Professeur de sociologie et directeur du Medialab à Sciences Po Paris. Durant cette conférence, à retrouver en version complète sur YouTube, il nous partage sa vision de l’impact de l’intelligence artificielle dans notre quotidien.
Après une introduction sur l’histoire d’une science encore peu comprise du grand public, l’auteur de Culture Numérique - son ouvrage paru en 2019 - nous ouvre les yeux sur la nécessité de l’IA, si tant est qu’elle soit éthique et responsable.
Un sujet passionnant qui nous plonge dans le monde de la donnée, du calcul et de la prédiction.
Qu’appelle-t-on Intelligence Artificielle ?
L’IA est une technique particulière de Machine Learning, s’appuyant sur des réseaux de neurones, le Deep Learning.
Ces différents termes peuvent paraître complexes, voire ne rien vous évoquer, et à juste titre : ce sont des sciences informatiques nées à la suite de décennies d’innovations et de recherches.
Afin de mieux comprendre les sujets évoqués par Dominique Cardon, il semble toutefois pertinent de les définir. En voici une version simplifiée :
- Intelligence artificielle : Ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine (1).
- Machine Learning : Le Machine Learning ou apprentissage automatique est un domaine scientifique, et plus particulièrement une sous-catégorie de l’intelligence artificielle. Il consiste à laisser des algorithmes découvrir des “patterns”, à savoir des motifs récurrents, dans les ensembles de données. Ces données peuvent être des chiffres, des mots, des images, des statistiques. Tout ce qui peut être stocké numériquement peut servir de donnée pour le Machine Learning (2).
- Deep Learning : Le deep learning ou apprentissage profond est un type d’intelligence artificielle dérivé du machine learning (apprentissage automatique) où la machine est capable d’apprendre par elle-même, contrairement à la programmation où elle se contente d’exécuter des règles prédéterminées (3).
Il est toutefois important de noter que tous les chercheurs impliqués dans ces sciences ne sont pas forcément d’accord sur un consensus de définitions et d’objectifs de l’IA.
Une histoire d’innovations et de désaccords scientifiques
Tout commence en 1956 lors du Summer Workshop de Dartmouth. C’est à cette occasion que 15 chercheurs, surnommés les Pères Fondateurs de l’IA, se réunissent pour mutualiser leurs recherches. L’intérêt du grand public commence à se faire sentir.
Les années 1960 marquent un tournant. On y apprend notamment que plusieurs courants ont commencé à s’opposer, allant jusqu’à se livrer une véritable bataille de l’innovation.
John McCarthy, créateur du terme “intelligence artificielle”, a pour idée de rendre les machines intelligentes. Il compte donner aux robots la capacité de raisonner et de décider. Cette vision de l’IA dominera une grande partie de l’histoire.
Face à lui, Doug Engelbart, qui est l’un des grands inventeurs de l’ordinateur personnel, lance l’ARC, l’Augmentation Research Center. Son idée est d’augmenter l’intelligence des humains grâce aux machines.
Symbolique ou Connexionniste ? L’affrontement des IA
Pour simplifier l’histoire de l’IA, on peut dire que 2 courants se sont affrontés.
- L’IA symbolique : une manière de permettre à l’ordinateur de raisonner et de reproduire un raisonnement humain.
- L’IA connexionniste : on part ici du principe que la machine n’est pas intelligente. Elle perçoit à travers les données (Big Data) des relations qui lui permettent de produire toute une série de perceptions. C’est le courant qui domine de nos jours.
Quelle est l’utilité de l’IA ?
La technologie de l’intelligence artificielle offre plusieurs avantages cruciaux qui en font un excellent outil pour pratiquement toutes les organisations modernes :
- Automatiser une tâche répétitive qui était auparavant effectuée manuellement, sans ressentir de fatigue ou devoir prendre de pauses (comme un employé humain devrait le faire).
- Rendre les produits et les services plus intelligents et plus efficaces, en améliorant les expériences des utilisateurs finaux (conversation, service client, meilleures recommandations de produits).
- Analyse de données à un rythme beaucoup plus rapide que les humains, permettant de croiser des ensembles de données beaucoup plus importants que ce que peuvent faire les humains.
- Récolter et interpréter des données de manière plus précise que les humains, pour prendre de meilleures décisions. Par exemple pour choisir un investissement financier ou identifier une excroissance cancéreuse sur des radiographies.
Globalement, l’IA permettrait ainsi aux organisations de prendre de meilleures décisions, améliorant les processus de base en augmentant à la fois la vitesse et la précision des tâches accomplies.
L’exemple des plateformes de streaming
Spotify et Deezer sont les deux leaders du marché du streaming musical. Leurs algorithmes utilisent l’intelligence artificielle pour traquer toutes nos actions sur la plateforme. Les musiques que nous écoutons, celles que nous passons, les styles que nous n’écoutons jamais, etc. Ainsi, il apprend et met à jour constamment nos données comportementales. Finalement, ces applications établissent un profil utilisateur le plus précis possible, pour proposer un contenu optimisé selon nos goûts musicaux grâce à l’IA.
Conclusion
Alors, les hommes se feront-ils vraiment remplacer par les machines ? Que restera-t-il de notre sens critique lorsque chaque information qui nous parvient sera ultra-personnalisée ?
Les études d’historiens de l’économie réalisées depuis 30 ans n’ont jamais vu le marché de l’emploi se réduire avec toutes les vagues d’automatisation (machines-outils, informatique, etc.). Les paysans équipés de fourches sont devenus des ouvriers munis d’outils, rendant leur travail plus productif et moins pénible.
A l’heure actuelle, certaines prévisions sont pourtant assez alarmistes : dans 20 ans, 42 % des emplois en France pourraient disparaître. L’OCDE tempère toutefois ces conclusions en indiquant que 10 % des emplois “seulement” seraient voués à véritablement disparaître, tandis qu’environ 50 % de ces emplois seraient plutôt amenés à évoluer.
(Re)voir la conférence
Un nouveau monde de la donnée, du calcul et de la prédiction est en train de se mettre en place. Et forcément, cela nous intrigue. Alors pour continuer votre aventure au pays de la data, vous pouvez visionner l’intégralité de l’intervention de Dominique Cardon, disponible sur la chaîne YouTube de la MAIF : Intelligence artificielle : histoire et prospectives.
Pourquoi parle-t-on de "révolution NFT" dans le monde de l'art ?
C’est probablement l’une des innovations numériques les plus disruptives du siècle. Les NFTs révolutionnent un secteur élitiste, confidentiel et centralisé : le marché de l’art.
Le monde de l’art est en constante évolution. Au siècle de la Renaissance, la technique de la peinture à l’huile a permis d’apporter plus de détails et de réalisme aux toiles. L’arrivée des premiers appareils photos, puis des caméscopes, a créé une forme d’expression visuelle inédite. Plus récemment, une technologie a engendré un nouveau bouleversement. Son nom tient en 3 lettres : NFT.
Les Non-Fungible Tokens, ou « jetons non-fongibles » en français, sont en train de révolutionner le commerce des œuvres d’art. Tandis que la sphère médiatique s’emballe, certains puristes les considèrent encore comme les gadgets d’une immense bulle spéculative.
Il faut pourtant reconnaître que les NFTs ont des atouts indéniables. Certains en font d’ailleurs la dernière « révolution » artistique et numérique notable.
« Non-fongible », qu’est-ce que cela signifie, au juste ?
Quelque chose de non-fongible est unique. Nul besoin d’aller chercher plus loin pour comprendre les bases de cette technologie. Vous êtes non-fongible, car il n’existe aucun autre humain possédant exactement les mêmes caractéristiques que vous sur cette planète. À l’inverse d’un kilo d’or ou d’un billet de 5 euros qui sont fongibles car reposant sur des réserves de valeur universelles.
Une œuvre d’art est également non-fongible. Oui, même si c’est une image que l’on peut copier-coller à l’infini sur internet. Mais à une seule condition : sa version originale doit être authentifiable.
C’est à ce moment que la blockchain entre en jeu. La blockchain est une technologie qui a 3 fonctions essentielles dans le monde de l’art :
- certifier que le titre de propriété attaché à l’oeuvre (le fichier numérique) grâce au NFT est authentique ;
- prouver et tracer la propriété de cette oeuvre ;
- permettre l’échange sécurisé et instantané de NFTs.
Qu’est-ce qu’un NFT, concrètement ?
On peut les définir comme des actifs numériques collectionnables et échangeables. Sans rentrer dans les détails techniques ni employer trop de jargon, un NFT matérialise la propriété d’un objet (réel ou numérique) s’appuyant sur un contrat inviolable inscrit au sein d’une blockchain.
Dans le secteur de l’art, ils permettent d’acheter et de vendre la propriété d’objets numériques uniques : art numérique, graphiques, musique, vidéos, images, etc.
Ces jetons sont référencés dans une blockchain : un réseau mondial qui ressemble à un registre interconnecté sur lequel on peut tout voir, sans rien effacer. Similaire à un grand livre de compte public, une blockchain conserve la trace de toutes les transactions effectuées.
Les créateurs reprennent le pouvoir
La blockchain et les NFTs visent à offrir aux créateurs une solution pour se passer d’intermédiaires et se connecter directement à leur communauté pour vendre une œuvre d’art sous sa forme numérique. Les réseaux sociaux constituent alors le principal levier pour se créer une notoriété parmi les collectionneurs et les artistes.
La véritable révolution réside dans le concept de décentralisation : plus besoin d’un tiers (une galerie) ou d’une quelconque autorité centrale pour échanger de la valeur. La propriété numérique des NFTs et la possibilité d’échange sans intermédiaire facilitent ainsi l’accès à des acheteurs potentiels.
Comme n’importe qui, les artistes ont besoin d’être rémunérés pour le temps passé et les efforts déployés dans la création d’une œuvre ou d’une collection. Les plus célèbres (ou chanceux) n’ont bien sûr pas attendu les NFTs pour vivre de leurs créations. Mais le système traditionnel du marché de l’art était jusqu’alors hors de portée de la grande majorité d’entre eux.
Aujourd’hui, même les plus grandes galeries semblent suivre ce mouvement, à l’intersection de la technologie et de l’art.
Un système de royalties à vie ?
Grâce aux NFTs, les artistes peuvent bénéficier d’un système de royalties automatiques à chaque fois que leur création est revendue sur le marché secondaire.
Ces commissions sont programmées lors de l’émission du smart contract sur la blockchain. Elles se situent généralement entre 5 et 10 % du montant de la vente. À chaque transaction, l’artiste original (et non pas le propriétaire actuel) perçoit ainsi une partie de la somme de façon totalement passive.
Encore une fois, la blockchain permet ici de se passer d’intermédiaire pour rétribuer l’artiste plus équitablement.
De nouveaux investisseurs débarquent sur le marché
Entre 2018 et 2020, les NFTs auraient permis de multiplier la valeur de l’art numérique par 10. Chaque jour, des dizaines de millions de dollars sont échangés sur les places de marché dédiées (Opensea, Rarible, Binance NFT, etc.). Certaines estimations indiquent que le total des transactions effectuées sur ces plateformes aurait atteint les 25 milliards de dollars en 2021.
Mais comment se fait-il que des investisseurs soient prêts à miser autant de capital pour des œuvres disponibles gratuitement sur internet ? Tout s’explique par la notion de rareté numérique créée par ces NFTs. De plus, tout comme dans le marché de l’art « traditionnel », la spéculation est au cœur des motivations de nombreux propriétaires d’œuvres numériques.
Des collectionneurs d’un nouveau genre ont ainsi fait massivement leur apparition. En effet, on peut considérer que les NFTs contribuent à démocratiser l’art en général, au-delà du numérique. Toutefois, la typologie de collectionneurs s’est diversifiée.
Une révolution digitale qui a ses limites
La qualité ou la beauté d’une œuvre est tout à fait subjective, c’est évident. Pourtant, il apparaît que la qualité de nombreuses collections de NFTs laisse à désirer. Créer un NFT n’a rien de compliqué. Après tout, ce n’est qu’un lien vers une URL, ce qui signifie que n’importe quoi ou presque peut techniquement constituer un NFT.
Certaines collections s’échangent à prix d’or dans un intérêt purement spéculatif, alors qu’elles n’ont que peu d’intérêt artistique. On peut toutefois s’attendre à ce que des standards de « qualité » se stabilisent une fois que le marché sera devenu plus mature. En attendant, beaucoup d’apprentis investisseurs risquent d’y laisser des plumes.
La législation autour de ces œuvres numériques pose également de nombreuses questions. Les NFTs doivent-ils tomber dans le régime d’imposition de l’art ? Des actifs numériques ? Comment imposer les artistes et les plateformes de vente ? Aujourd’hui encore, le flou réside. Et au vu des sommes échangées, engendrant des profits massifs, il semble nécessaire de clarifier le sujet.
Bien que les NFTs aient ouvert la voie à plusieurs avancées majeures sur bien des sujets dans le monde de l’art, il faut rester vigilant. En attendant, cette technologie « révolutionnaire » devrait continuer à faire parler d’elle, pour le meilleur et pour le pire.
Comment le Web 3 peut-il bouleverser notre économie numérique ?
Loin des préoccupations premières des Français, la santé de notre économie numérique conditionne pourtant l’avenir de nos sociétés et notre capacité à préserver notre souveraineté. Parmi ces défis, les cryptomonnaies et la blockchain sont incontournables.
NFT, Metaverse, tokens, blockchain, ou encore DeFi et DAO. Ces mots, vous les avez sûrement déjà entendus au cours d’une conversation. Nous remarquons aussi qu’ils sont de plus en plus présents dans les médias.
Peu d’entre nous sauraient réellement les expliquer. Et pourtant, nous savons que ces termes désignent des technologies qui seraient sur le point de « bouleverser » de nombreux secteurs d’activité. À commencer par notre utilisation d’internet, et son système économique.
Ces termes semblent tous reliés à un projet déjà à l’œuvre : le Web 3.0, qui pourrait bien être l’innovation de la décennie. Découvrons de quoi il en retourne dans cet article.
L’économie du web jusqu’à maintenant
Pour expliquer ce nouveau phénomène, revenons quelques années en arrière. Car pour comprendre ce qu’est le Web 3.0, il faut déjà comprendre le web tout court.
Les débuts d’internet, vous vous en rappelez ? C’était en 1991. Des pages statiques, sans interaction possible ou presque. À l’époque, nous ne faisions que naviguer, lire, parfois acheter, et c’est à peu près tout.
Une sorte de Wikipédia géant, dans lequel nous pouvions uniquement consommer. C’est ce que l’on nomme le web 1.0.
Puis arrivent les années 2000. Les forums sont devenus un support d’interaction sur internet. Les réseaux sociaux commencent à être adoptés par le grand public. Nous créons et alimentons des profils virtuels, basés sur notre identité et nos comportements.
Viennent alors les années dorées des entrepreneurs de la Silicon Valley :
- 2003 : création de Linkedin et MySpace ;
- 2004 : lancement de Facebook et du célèbre mur ;
- 2006 : Twitter introduit le microblogging, le fil d’actualité et les tags ;
- 2007 : Facebook Ads fait son apparition ;
- 2009 : naissance du fameux « like » ;
- 2010 : Instagram est le premier réseau social mobile ;
- 2011 : le monde découvre le contenu éphémère avec Snapchat.
Une petite révolution vient de se produire : il devient possible de créer, partager, et réagir au sein d’une communauté en ligne. L’utilisateur alimente désormais internet, et pas seulement l’inverse.
Dans le même temps, les géants du net en devenir (Google, Facebook, Microsoft, Amazon, etc.) ont appris à collecter nos données. Gratuitement, de façon massive, et sans aucun contrôle - ou presque - des individus. Une véritable mine d’or, présentée comme un service. Nous, les utilisateurs, acceptons cet échange d’un simple clic. Nous consommons du contenu toujours plus personnalisé et pertinent. Nous profitons des opportunités « offertes » par les communautés en ligne.
Mais à quel prix, au juste ? Même aujourd’hui, il est difficile de le mesurer. Les GAFAM en ont profité pour bâtir des fortunes colossales tout en monopolisant Internet. Le Web 2.0, toujours d’actualité, c’est en résumé l’essor de la publicité ciblée, de la communication digitale, et de l’exploitation des données personnelles.
Le web 3.0 : la prochaine révolution d’Internet ?
Nous vivons peut-être un changement radical. Il s’agit du Web 3.0.
Dans le web que nous connaissons depuis plus de 10 ans, nous sommes le produit. Les fournisseurs de services et les plateformes, aussi puissantes que des États, possèdent ce que nous créons, ainsi que nos données. Tout est centralisé dans des serveurs stockés dans leurs data centers.
L’utilisation des nouvelles technologies de blockchains permettent la décentralisation. En théorie, le web 3.0 permettrait de contrôler totalement nos données. Nous entrons dans l’âge de l’internet « personnalisé et possédé ».
Le web 3.0 est la troisième génération d’un écosystème qui évolue sans cesse. Les sites web et les applications seraient alors capables de traiter l’information de façon plus intelligente, à la manière d’un être humain, grâce à des technologies telles que :
- l’apprentissage automatique (Machine Learning) ;
- le Big Data ;
- la technologie des registres décentralisés (DLT) ;
Le Web 3.0, appelé à l’origine Web Sémantique par l’inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, vise à créer un internet plus autonome, plus intelligent et plus ouvert.
Ce nouveau paradigme va probablement changer la façon dont nous interagissons avec un site web. On peut voir qu’il existe déjà aujourd’hui quelques applications
Ce nouveau paradigme va probablement changer la façon dont nous interagissons avec un site web. On peut voir qu’il existe déjà aujourd’hui quelques applications web 3.0 à un stade précoce. Mais tant que ce nouvel internet ne sera pas pleinement intégré à l’infrastructure Web existante, leur véritable potentiel ne pourra être observé.
Des avantages à relativiser
Plus ouvert, le Web 3.0 a de sérieux atouts à faire valoir :
1. La Décentralisation : sans autorité centrale qui gouverne de façon monopolistique les interactions, le web 3.0 aspire à plus de démocratie. La blockchain permet à tous ses utilisateurs de contribuer à son fonctionnement, tout en ayant une sorte « droit de vote » à l’égard de son évolution ;
2. Plus de liberté et de confidentialité : la censure de contenu ne sera plus possible. Du moins en théorie. C’est l’argument numéro 1 des défenseurs de la liberté absolue sur internet : recréer (comme à l’origine) un espace d’expression libre, souvent anonyme, accessible à tous.
Cependant, des questions éthiques se posent à ce sujet. Car sans aucun contrôle, nous imaginons très facilement les dérives qui pourraient survenir : harcèlement en ligne incontrôlé, multiplication de contenus dangereux (apologie du terrorisme, pédophilie, etc.), trafic intraçable, etc.
3. Une meilleure sécurité : l’architecture des réseaux blockchain repose sur un élément fondamental de sécurité qui exclut l’humain - et ses vulnérabilités - des processus de décision. Lors de hacks, ou de défaillances, une erreur humaine est souvent responsable de la brèche ouverte aux pirates.
Pour schématiser : un protocole Web 3.0 est composé de centaines de milliers de machines, réparties dans des serveurs aux quatre coins du globe. Pour rendre le réseau vulnérable, il faudrait pouvoir attaquer la majorité du réseau au moins, ce qui est impossible à l’heure actuelle. La cryptographie ajoute également une couche de sécurité supplémentaire.
4. L’utilisation de cryptomonnaies : des monnaies natives échangées sans aucun intermédiaire ni restrictions ouvrent une nouvelle voie à l’économie sur le web. Les NFTs, que l’on peut traduire par « jetons non-fongibles », innovent sur le terrain de la propriété intellectuelle en ligne.
L’essentiel à retenir sur la naissance du Web 3.0
Ce que certains appellent la « révolution du Web 3.0 » ne réside pas tellement dans les technologies et les fonctionnements adoptés. Ce sont des moyens à la disposition des créateurs et des développeurs. Et bien que toutes ces innovations soient de plus en plus documentées, elles restent obscures pour une majeure partie du grand public.
En réalité, le changement réside dans la distribution de la valeur, du contenu, et de la connaissance. Une valeur qui, sans intermédiaire, est transmise directement des créateurs aux utilisateurs. C’est une sorte de circuit court appliqué au Web.
Bien sûr, il y aura des dérives, des limites et probablement des échecs à prévoir. Le Web 3.0 est un terme si vaste qu’il est encore difficile d’en mesurer toute l’ampleur. Nous n’en sommes qu’au début, et il nous tarde d’observer l’impact socio-économique engendré par ces évolutions.
Sources :
Marketing d’influence : le business en or qui défraie la chronique
Sous les feux des projecteurs, les stars des réseaux sociaux sont depuis quelques années au cœur de nombreuses polémiques. Un sujet central revient en permanence : l’utilisation de leur influence qui tend à devenir problématique.
Le 11 septembre dernier, France Télévisions diffusait un Complément d’enquête au titre brûlant : “Arnaques, fric et politique : le vrai business des influenceurs”. Une émission très attendue par de nombreux détracteurs de cette industrie, espérant que certaines vérités soient enfin dévoilées au grand jour.
Une faction d’influenceurs avec peu de scrupules
Réunissant des millions de fans sur les réseaux sociaux, les candidats de télé-réalité, devenus stars d’Instagram et de YouTube, ont parfaitement compris les règles du jeu.
Leur notoriété a un prix, et les chiffres qui en découlent peuvent en affoler plus d’un. En échange de cachets pouvant atteindre 10 000 € pour une vidéo de quelques minutes, les influenceurs effectuent des placements de produits. Il s’agit tout simplement d’une publicité dans laquelle ils se mettent en scène pour vanter les avantages d’un service ou d’un produit auprès de leur communauté.
Certaines promesses fièrement promues doivent vous mettre la puce à l’oreille, et vous inviter à la vigilance :
- devenir riche sans efforts (paris sportifs, investissement en bourse et cryptomonnaie “faciles”, formation à l’entrepreneuriat) ;
- perdre du poids et s’embellir (cures amincissantes, vêtements gainants, compléments alimentaires, chirurgie esthétique, produits de beauté, etc.) ;
- avoir un style de vie à la mode (marques de vêtements en tout genre, gadgets technologiques et smartphones, bons plans de voyage, belles montres, bijoux, etc.).
Pour les influenceurs et leurs agents, ces opérations représentent une énorme manne financière…qui va malheureusement parfois leur faire tourner la tête, au point de les éloigner de toute considération éthique, et parfois, de tomber dans l’illégalité. C’est ce qu’a cherché à démontrer Tristan Waleckx, présentateur de Complément d’Enquête.
Depuis quelques années en effet, un mouvement de fronde se lève pour dénoncer de nombreuses pratiques litigieuses :
- vente de produits défectueux, jamais livrés, inefficaces ou dangereux ;
- promotion de faussaires (permis de conduire, test PCR valide, etc.)
- mise en avant de contrefaçons ;
- promesses de gains sur des jeux de hasard, des paris sportifs ou de l’investissement ;
- arnaques au Compte Professionnel de Formation ;
Leur discours regorge des mêmes superlatifs : “Miraculeux, sans risque, plan en or, promotion incroyable, etc.”. Le script du placement de produit est parfaitement rodé pour pousser à l’action immédiate.
Problème : les influenceurs ciblent une population jeune et crédule, connectée aux réseaux sociaux et adepte des émissions de télé-réalité. Cette catégorie de la population représente environ deux tiers de leur audience : 39,9% ont entre 15 et 24 ans et 24,6% ont entre 25 et 34 ans. En 2021, plus de 60 % des internautes reconnaissent d’ailleurs être influencés dans leurs décisions d’achats par les publications qu’ils voient sur les réseaux sociaux.
Au-delà des défaillances, une large communauté d’influenceurs de qualité
Il convient toutefois d’éviter les amalgames entre toutes les personnalités s’adressant à une large audience sur internet. L’étiquette ”influenceur”, connotée assez péjorativement tout au long du reportage, ne concerne qu’une partie d’entre eux. Du divertissement à la vulgarisation scientifique, une grande partie des créateurs de contenus et autres stars du web utilise leur influence à bon escient, tout en adressant des messages à impact positif.
Une partie de la révolte qui s’est levée à l’encontre des pratiques trompeuses et autres escroqueries des stars du web sans scrupule émane justement…de la communauté des influenceurs. Soucieux de prendre un maximum de distance avec celles et ceux dont les agissements tendent à jeter l’opprobre sur le monde de l’influence en ligne, la communauté s’organise pour assainir ses pratiques et acquérir ses lettres de noblesse, afin de retrouver ou de protéger la relation de confiance qui les unit à leurs abonnés.
Comités et chartes d’éthique fleurissent ainsi avec pour objectif d’asseoir de nouveaux standards appelés à réguler les campagnes d’influence en ligne, suivant une déontologie misant sur la transparence. L’agence Woo, par exemple, rédigeait dès 2021 une “charte éthique du marketing d’influence”, visant à promouvoir une influence plus responsable, invitant marques, agences et influenceurs à s’engager en ce sens. À la clé pour les signataires : un label appelé à attester de leur implication dans le mouvement. En parallèle, les collectifs Paye ton influence et À quand demain ont récemment créé leur propre “charte éthique de l’influence responsable”, s’adressant cette fois spécifiquement aux influenceurs, et intégrant une dimension plus militante liée aux enjeux de transition écologique.
Un sujet sur lequel l’ARPP, l’autorité de régulation de la publicité en France, entend aussi s’engager de manière croissante. Un certificat de l’influence éthique, délivré sous forme de diplôme, est désormais proposé à tous les créateurs de contenu appelés à collaborer avec des marques. Un module a d’ailleurs été ajouté cette année, consacré au rôle que peuvent jouer les influenceurs face à la crise climatique. En un an, plus de 150 influenceurs ont obtenu le certificat, signe de la sensibilité de la communauté à ces problématiques éthiques, et de leur volonté de s’engager personnellement pour lutter contre les dérives qui grèvent le monde de l’influence.
Administration en ligne et fracture numérique : où en sommes-nous ?
En France, les services publics jouent un rôle essentiel : ils sont nécessaires pour assurer l’accès aux droits, entretiennent un lien social de chacun avec l’État, et garantissent une certaine égalité entre les citoyens. Seulement aujourd’hui, 25 % des Français se sentent délaissés par l’administration.
La dématérialisation des services publics est-elle un calvaire pour les personnes les moins connectées ? Ce constat de la Défenseur des droits Claire Hédon, lorsqu’elle prend la parole au micro de France Inter en février 2022, relance le débat. L’administration en ligne a simplifié les démarches, tout en créant des obstacles.
Ce passage au tout-digital présente des bénéfices incontestables en termes de gain de temps, de process et d’accès aux informations.
L’équipement en outils numériques et l’habitude d’utilisation progresse aussi : nous sommes plus équipés en smartphones (84 %) et en tablettes (56 %). Le nombre d’internautes augmente également, avec 85 % des foyers équipés d’internet à domicile.
La gestion des tâches administratives est devenue plus simple au fil des années, à condition bien sûr de savoir comment s’y prendre. En 2019, le rapport intitulé Dématérialisation et inégalités d’accès aux services publics pointait déjà les risques du passage à la gestion 100 % en ligne des 250 démarches existantes. Et malgré les actions entreprises pour y pallier, le nombre d’alertes et de réclamations liées à la dématérialisation ne baisse pas.
En effet, la dématérialisation s’effectue parfois au détriment des personnes ayant peu d’accès aux outils et aux connaissances numériques nécessaires. Que ce soit pour mettre à jour sa situation auprès du service des impôts, faire valoir ses droits auprès de Pôle emploi, ou réclamer sa pension de retraite.
Malheureusement, les personnes qui rencontrent des difficultés importantes sont souvent celles qui ont les plus besoin d’aide :
- les personnes âgées, encore éloignées du numérique ;
- les personnes en situation de handicap (en 2019, seuls 5 % des sites internet publics étaient accessibles) ;
- une partie des jeunes, peu formés à la gestion administrative et pas toujours connectés ;
- les populations isolées, en situation de précarité sociale.
L’administration s’est éloignée de sa population
De nombreux citoyens isolés ne sont pas suffisamment formés ni informés à la transition numérique administrative. Ce qui, au fur et à mesure, les entraîne dans un cercle vicieux. En effet, les services publics ont de plus en plus tendance à fermer leurs antennes locales et à couper, ce faisant, la population d’un contact humain parfois nécessaire pour les accompagner dans l’accomplissement de leurs démarches. Ce qui, en toute logique, déconnecte encore plus les personnes qui n’ont pas encore adopté ces nouvelles pratiques, puisqu’elles ne savent pas à qui s’adresser.
Un inversement des rôles pouvant être problématique
Le sentiment général est que la logique s’inverse. Certaines responsabilités administratives, auparavant assurées par les services publics, ont changé de main. C’est désormais au citoyen de s’adapter aux demandes de l’État et des collectivités en effectuant la plupart des tâches de façon autonome. En outre, pour pallier le recul de l’intervention publique, ce sont souvent des associations et autres collectifs qui prennent le relai pour accompagner la population frappée d’illectronisme et ainsi éloignée des services publics.
La jeunesse n’est pas épargnée par cette fracture numérique
Souvent réputés être des “digital natives”, 1 jeune sur 4 (18-24 ans) déclare pourtant avoir du mal à effectuer ses démarches en ligne. Être autonome pour gérer sa vie administrative exige plusieurs conditions :
- avoir un accès facile à un équipement informatique fonctionnel (ordinateur, imprimante, scanner) ;
- disposer d’une connexion internet suffisante pour interagir avec les sites publics et communiquer des pièces jointes ;
- maîtriser le fonctionnement du web ;
- comprendre ce qui est attendu de l’usager dans le cadre des démarches administratives.
Bien plus connectés en moyenne que leurs aînés, les jeunes peuvent toutefois se retrouver en difficulté face à l’administration en ligne. Nous sommes loin du cliché sur les publics ayant le plus de difficultés avec le numérique. Cette forme d’illectronisme se produit surtout quand les moins de 25 ans ont pour tâche de réaliser leurs démarches en ligne sans leurs parents, et sans bénéficier d’une autre forme d’accompagnement humain.
Pour eux aussi, le lien direct reste bien souvent la solution la plus efficace pour répondre à leurs besoins. Le guichet traditionnel et la consultation téléphonique permettent de vraiment personnaliser la réponse attendue suite à une explication exhaustive de leur situation.
Demandeuse de formation à l’administration numérique, la jeunesse française peut toutefois compter sur des dispositifs ciblés comme la plateforme “un jeune - une solution” : un accompagnement pour bien déclarer son premier logement et se renseigner sur les aides disponibles.
La Défenseure des droits recommande par ailleurs de former les jeunes au “numérique du quotidien” dès le lycée, et de faciliter leurs démarches depuis un point d’entrée unique.
Des solutions existent pour faciliter cette transition
France Services et ses conseillers numériques
La transformation des Maisons des services au public (MSaP) en espaces France Services depuis 2020 par le Ministère de la Cohésion des Territoires vient combler le manque d’interactions interpersonnelles.
Bien que les guichets des services publics comme la CAF ou la Caisse des Retraites continuent de fermer sur tout le territoire, de nouveaux points de contact se créent. Le plus souvent sous forme de “maisons”, parfois de bus itinérants, dédiés à l’accueil physique des usagers.
Leur principal objectif est de permettre d’effectuer des démarches directement sur place, peu importe le service concerné (Justice, Finances Publiques, Protection sociale, Pôle Emploi, etc.). Cette action concrète promet aux Français de pouvoir être aidés par un agent territorial à moins de 30 minutes de chez eux. Il existe à l’heure actuelle près de 3000 points de contact France services dans le pays et 4000 conseillers numériques disponibles pour aider les usagers à devenir autonome dans leurs usages numériques.
Aidants Connect : « faire pour le compte de » en toute sécurité
La devise “faire pour le compte de” affichée sur le site web est on ne peut plus claire : il sera bientôt possible d’accompagner les personnes en difficulté avec le numérique en effectuant des démarches à leur place.
Développé par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, Aidants Connect permettra à des aidants habilités (via un dispositif d’identification France Connect) de réaliser des tâches administratives en ligne de manière légale et sécurisée pour le compte de personnes en difficulté avec les outils numériques.
Le milieu associatif prend le relais
Ce report des charges administratives sur l’usager parfois livré à lui-même a poussé des associations à suppléer le service public. C’est le cas par exemple des Astroliens qui fait découvrir le numérique à des personnes âgées fragilisées.
Leur mission : permettre à nos aînés de conserver et regagner de l’autonomie en proposant aux 16-40 ans d’animer des ateliers numériques au sein de la mairie du XIIIè arrondissement de Paris.
N’oublions pas également le rôle joué par une association comme Emmaüs Connect, l’une des premières structures françaises à lutter contre l’exclusion numérique dans le pays. Après un diagnostic numérique, visant à évaluer le niveau de compétences numériques de l’individu, un parcours d’accompagnement sur mesure est défini. Le bénéficiaire se verra également proposer des offres solidaires afin d’accéder à des outils numériques à des prix adaptés aux budgets les plus modestes.
En dehors des villes, c’est l’association Familles Rurales qui prend le relais, en déployant 100 points de médiation numérique dans les territoires ruraux. Leur devise : “Aller là où internet ne parvient pas et rendre autonomes et avertis les laissés pour compte du digital !”.
Conclusion
Favoriser l’inclusion numérique est un véritable enjeu social en France. Malgré des progrès et une volonté politique d’améliorer les choses, la disparition continue des services publics sur une grande partie du territoire semble encore trop précoce pour assurer une transition fluide.
Jeunes, âgés, démunis ou isolés : peu importe sa situation, chaque citoyen devrait pouvoir prétendre à l’égalité concernant l’accès aux démarches administratives et plus largement, aux services publics.
Au vu des récents rapports publiés, les enjeux des années à venir sur l’efficacité de la politique d’inclusion numérique devraient concerner en priorité l’amélioration des procédures dématérialisées. De nombreuses mesures sont proposées dans cette direction, en particulier pour les populations actuellement les plus pénalisées par ces nouveaux usages.
Il semble aussi pertinent de retourner à un fonctionnement laissant la possibilité de choisir son mode d’interaction avec les administrations, qu’il soit physique ou numérique. Ainsi, le service public s’adapte mieux aux besoins et aux réalités des usagers, et non l’inverse. Il s’agit là de revenir aux fondements du service public basé sur de grands principes que sont l’adaptabilité et l’égalité.
Peut-on disparaître d'internet ?
70 % des Français sont inquiets de l’utilisation des informations accessibles en ligne à leur sujet. Ces craintes concernent aussi bien la sécurité des données personnelles que la manière dont elles sont traitées et diffusées par les entreprises.
Avons-nous vraiment conscience de tout ce que nous partageons sur Internet ? À propos de notre vie, celle de nos proches, nos habitudes et comportements, ou encore nos secrets ?
La moindre utilisation de nos applications et des navigateurs laisse une trace. Dans un cookie, un formulaire, ou lors d’une inscription à un site web. Difficile toutefois de mesurer la quantité de données personnelles en circulation.
Ce phénomène, ainsi que les multiples scandales directement liés à un manque de protection de la vie privée en ligne, préoccupent de plus en plus. À juste titre, puisque notre e-réputation est désormais cruciale.
Pourquoi contrôler sa réputation digitale ?
Une question d’employabilité
LinkedIn, Twitter et Google ont transformé les méthodes de recrutement. Le sourcing des candidats et les vérifications des Ressources Humaines permettent en quelques minutes de se faire un avis sur un profil.
8 employeurs sur 10 effectuent une simple recherche en ligne pour consulter les réseaux sociaux d’un candidat à un poste. Certains recruteurs ne prennent même pas la peine d’aller plus loin, en excluant des profils dès cette étape de vérification. Une étude réalisée par Harris Poll pour CareerBuilder a recensé les comportements discriminants selon les ressources humaines :
- Publication de contenu inapproprié ou provoquant ;
- mention explicite d’alcool et de drogues ;
- contenu haineux, racistes, sexistes ou prosélytisme ;
- critiques publiées à propos d’un employeur ou d’un collègue ;
- mensonge concernant les diplômes et qualifications.
Éviter le Doxing et le harcèlement
Il arrive malheureusement que certaines archives soient utilisées à des fins malveillantes. Le doxing (abréviation de « dropping box ») consiste à trouver et diffuser un maximum d’informations relevant de la sphère privée (téléphone, adresse, données financières, photos embarrassantes, etc.).
Le malfaiteur publie intentionnellement des informations personnelles, avec pour motif l’envie de se venger, d’intimider la victime ou de nuire à sa réputation.
Quelques conseils pour maîtriser sa présence en ligne
1. Lister les bases de données personnelles
L’étape la plus simple consiste premièrement à saisir votre nom sur Google. Vous aurez ainsi accès à toutes les données personnelles « facilement » visibles vous concernant. Si certaines publications vous paraissent gênantes, vous pourrez demander leur retrait.
Faites également une liste de tous les réseaux sociaux sur lesquels vous avez créé un profil, même si cela fait des années que vous avez cessé de vous y connecter.
Ressource : Comment récupérer ses données personnelles collectées par les réseaux sociaux ?
2. Appliquer les bonnes pratiques de sécurité et de confidentialité
L’antivirus n’est pas toujours la solution la plus efficace pour vous protéger d’éventuelles fuites de données (parfois dûes à un piratage). Voici quelques réflexes simples à mettre en place :
- utiliser des pseudos différents (au lieu de votre nom) et des mots de passe complexes sur ses différents comptes ;
- créer plusieurs adresses e-mail selon l’utilisation escomptée (correspondance personnelle, professionnelle, souscriptions à des services en ligne/réseaux sociaux/applications) ;
- renforcer ses paramètres de confidentialité, accessibles depuis vos comptes ;
- lire les conditions générales avant toute inscription, pour éviter de donner certaines autorisations trop intrusives ;
Outil : JustGetMyData permet en quelques clics d’accéder aux informations personnelles collectées par les entreprises.
3. Bénéficier de son droit à l’effacement
Une légende urbaine raconte qu’un contenu, dès l’instant où il est publié sur internet, n’est plus privé. Mais bien que la donnée soit considérée comme « faisant partie de l’espace public » (une photo sur les réseaux sociaux, un post sur un blog personnel), elle appartient toujours à son auteur.
Nous avons donc le droit de demander la suppression de données à caractère personnel. Que ce soit pour retirer une photo de jeunesse sur Facebook, un tweet gênant, ou pour demander l’effacement d’informations privées.
Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en place depuis 2016 permet de demander l’effacement de données diffusées sur internet. Ce règlement est applicable dans toute l’Union européenne.
Plusieurs situations permettent de faire appel au droit d’effacement auprès de l’organisme détenteur de ces données :
- la personne était mineure au moment de la collecte de donnée ;
- choix de retirer son consentement à l’utilisation de ses données personnelles ;
- une utilisation illicite est constatée (suite à un piratage par exemple) ;
- les données ne sont plus utiles.
Toutefois, il y a des limites. Certaines obligations légales, comme le droit à la liberté d’expression ou l’intérêt public, donnent le droit aux organismes de ne pas recourir à ce type de demande.
Pour demander la suppression de certaines informations, un e-mail (ou un courrier) au gestionnaire du site web ou au service client peut suffire. Il convient de donner quelques informations de base : numéro client, identifiants et pièces d’identité dans certains cas.
Une fonctionnalité de suppression est parfois proposée dans les réglages de confidentialité du site web ou de l’application qui collecte vos données.
Quels sont les recours en cas d’abus ?
Dans le cas où vous jugez que vos données sont utilisées à des fins malveillantes ou contraires au droit, il est possible de porter plainte ou de faire un signalement auprès d’instances spécialisées comme la CNIL. Les affaires de ce genre portées en justice sont souvent compliquées, surtout lorsque le contenu devient viral.
Le procédé est le même si une demande de suppression n’est pas traitée sous 1 mois (vous ne recevez aucune réponse suite à votre e-mail ou votre courrier) ou refusée.
Modèle de lettre : saisine de la Cnil pour une suppression de données personnelles sur Quechoisir.org
Est-il possible (ou souhaitable) de disparaître d’internet ?
La suppression complète des données personnelles semble utopique. En effet, le renoncement à toute activité virtuelle n’est pas envisageable pour la grande majorité d’entre nous.
Certaines agences de « nettoyage » de réputation en ligne répondent toutefois à une demande croissante de régulation. Voici quelques exemples de services proposés :
- suppression d’avis négatifs ou diffamatoires ;
- déréférencement de contenu sur Google ;
- suppression de contenu intime ;
- gestion d’e-réputation ;
- effacement de données personnelles.
Une solution qui a un prix : entre 3 000 et 15 000 € en moyenne. Toutefois, cela ne garantit en rien que toute mention négative ou gênante soit définitivement supprimée du web. En conclusion : mieux vaut prévenir que guérir !
Existe-t-il une « recette Netflix » pour nous rendre accrocs ?
Aucune idée de film pour ce soir ? Ne vous en faites pas, Netflix sait mieux que quiconque ce que vous allez aimer regarder. C’est l’ami de confiance qui a toujours de bonnes idées. Et pendant que vous hésitez en naviguant sur votre télévision ou votre smartphone, l’algorithme se met au travail avec un objectif : proposer la meilleure réponse à vos attentes en moins de 90 secondes.
Le marché du streaming cinématographique est saturé de concurrents féroces tels que Prime Video d’Amazon, Apple TV+, ou encore Disney+. Toutefois, Netflix reste le leader du marché avec plus de 220 millions de clients dans 190 pays. Pour conserver sa place, l’entreprise ne creuse plus l’écart uniquement avec son catalogue, mais par la manière dont il le propose.
Comment Netflix parvient-il à rester au sommet ? Découvrons les rouages d’une telle domination, ainsi que les impacts liés à un produit de divertissement pouvant s’avérer nocif.
Technologie & Psychologie : pourquoi l’algorithme de Netflix est si pertinent ?
Une question d’employabilité
Un algorithme est un ensemble de règles ou d’instructions données à un programme informatique. Celui-ci est chargé de faire des calculs en compilant des données pour fournir un résultat optimal. Dans le cas de Netflix, ce calcul tente de faire correspondre les suggestions de programmes aux goûts du client avec le plus haut degré de précision possible.
« Notre activité est un modèle de service par abonnement qui offre des recommandations personnalisées, pour vous aider à trouver des émissions et des films qui vous intéressent. Pour ce faire, nous avons créé un système de recommandations exclusif et complexe. » - Netflix Help Center.
Tout commence lors de la création d’un Profil utilisateur. L’application Netflix cherche à cerner nos goûts le plus rapidement possible en demandant de sélectionner plusieurs films, séries ou genres que nous apprécions.
Au fur et à mesure des heures de visionnage, le programme analyse nos actions pour affiner les préférences exprimées au départ. C’est le début d’une réaction en chaîne, dont l’objectif est de ne jamais décevoir l’utilisateur pour le maintenir actif le plus longtemps possible. Netflix devient notre réflexe pour accéder au divertissement.
Personnalisation à l’extrême, matching et apprentissage continu
L’algorithme de Netflix est un secret bien gardé. Impossible donc de connaître toutes les données utilisées pour tenter de nous figer devant nos écrans.
En revanche, nous savons que certains facteurs sont particulièrement prisés :
- les avis et notes des spectateurs ;
- nos habitudes de recherche ;
- les similitudes comportementales entre utilisateurs ;
Une première étape vers la proposition du contenu idéal consiste à mettre en avant les bonnes catégories (permettant de classer les films et séries). Il y a bien sûr les genres classiques (horreur, aventure, action, romance, sport, etc.) mais également toute une galaxie d’autres « micro-genres », qui semblent créés sur mesure par Netflix.
Vous pourriez par exemple trouver votre bonheur parmi une sélection de séries appartenant à une catégorie « romance et rivalité entre familles aux États-Unis ». Il en existe au moins 4000 différentes.
La force de Netflix réside dans sa capacité à analyser chaque visite sur sa plateforme pour entraîner continuellement son algorithme. Les données collectées permettent d’améliorer en continu leurs prédictions sur ce que vous êtes le plus susceptible d’aimer.
L’humain a du mal à choisir. Netflix lui facilite la vie en rendant ses prises de décision simples et rapides. Plus les recommandations sont précises, plus le client est satisfait et moins il a de raisons de quitter le service voire de remettre en question son abonnement.
Enfin, ce système de recommandation utilise l’adéquation entre les profils de spectateurs pour affiner ses résultats. Sur Netflix, personne n’a exactement la même page d’accueil, mais il existe des similitudes entre certains « types » de spectateurs.
Trois utilisateurs qui regardent un panel de 10 séries en intégralité reçoivent probablement des recommandations semblables lorsqu’ils sont indécis. Si l’un des trois visionne (et apprécie) un film que les deux autres n’ont jamais regardé, il y a de fortes chances que ces derniers voient ce film dans les recommandations de leur compte Netflix quelques heures plus tard.
Le « binge watching » devient un sujet de santé publique
Certains effets indésirables de la surconsommation de contenus vidéo sont susceptibles de se manifester rapidement.
Pour certains, Netflix s’apparente à une drogue, diffusée par tout un rouage de mécanismes intelligents créant une addiction. Ce phénomène consistant à regarder plusieurs épisodes d’une série à la suite est appelé « binge watching ». Il n’épargne pas les Français (+ de 8 millions d’utilisateurs), et peut devenir problématique quand il influe sur la vie réelle de l’utilisateur.
En 2019, les utilisateurs de la plateforme ont passé en moyenne deux heures par jour à regarder Netflix. Les confinements à répétition qui ont suivi en 2020 ont provoqué une augmentation de 61 % de l’utilisation du streaming vidéo, faisant grimper ce chiffre à 3,2 heures par jour.
De nombreux scientifiques nous avertissent à ce sujet : remplacer une part importante de temps consacré au sport, à la vie sociale et au sommeil par le visionnage de contenu en ligne augmente le risque de souffrir de problèmes de santé :
- maladies cardio vasculaires (cardiaques) ;
- dépression ;
- insomnies ;
- capacité de concentration ;
- dépendances comportementales.
Aux États-Unis, 60 % des adultes américains clients de services de streaming vidéo à la demande admettent pratiquer le binge watching. Les chiffres sont encore plus élevés chez les jeunes (en particulier les millenials), puisque 73 % des 18-29 ans s’y consacreraient au moins une fois par semaine.
« Vous recevez une émission ou un film que vous mourrez d’envie de regarder, et vous finissez par rester debout tard dans la nuit, donc nous sommes en fait en concurrence avec le sommeil », Reed Hastings, PDG de Netflix.
Que se passe-t-il dans notre cerveau en regardant Netflix ?
Regarder une série est une activité agréable. Chaque nouvel épisode libère une dose de dopamine dans notre cerveau.
Cette « hormone du bonheur » a pour particularité de provoquer un sentiment de bien-être. Comme nous en sommes difficilement rassasiés, notre cerveau intègre comment en obtenir de plus en plus pour prolonger cette sensation confortable.
Nous serions naïfs de penser que Netflix n’a pas connaissance de ces leviers psychologiques à sa disposition. Des réseaux sociaux comme Facebook et Instagram sont construits sur cette quête de dopamine à travers un autre levier : les likes.
Les services de streaming ne dérogent pas à la règle, et utilisent principalement le suspens et les scénarios à rebondissement pour nous tenir en haleine de longues heures devant nos écrans. Entre autres, l’attachement aux personnages joue aussi un rôle déterminant. En effet, nous sommes capables de projeter nos émotions et de ressentir celles des protagonistes d’un show télévisé.
Il semble évident que son studio de production en tire profit. En 2021, Netflix a sorti 395 productions originales dans le monde, dont 259 commandées et sorties la même année. Parmi les 10 séries qui rencontrent le plus de succès sur la plateforme, 9 ont été produites par Netflix, qui a tous les ingrédients - nos données par exemple - à disposition pour concocter la recette parfaite. La plateforme de streaming affirme de son côté qu’elle continue seulement d’améliorer son « Système de recommandation » en permanence.
Réseaux sociaux : la santé mentale de nos enfants en péril ?
Les troubles psychologiques affectant les enfants et les adolescents en hausse ces dernières années nous ouvrent les yeux sur les revers de l’accès toujours plus précoce aux outils numériques. Nous savons désormais que les réseaux sociaux peuvent avoir une part de responsabilité importante sur la santé mentale dégradée des jeunes utilisateurs.
Les nombreuses applications sociales installées dans notre téléphone font partie intégrante de notre vie. Depuis plusieurs années, nous découvrons que les conséquences néfastes pour le bien-être moral et l’équilibre psychologique se sont exacerbées, notamment à cause de l’isolement provoqué par les confinements à répétition lors de la pandémie de Covid-19.
Bien que les réseaux sociaux soient de formidables outils de divertissement et de maintien du lien social, nous nous intéressons dans cet article aux menaces qu’ils font peser sur un public jeune, parfois vulnérable, peu conscient du danger et des aides existantes pour une utilisation raisonnable et éclairée.
Que savons-nous de l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents ?
Les réseaux sociaux sont responsables d’une aggravation des problèmes de santé. Ce constat est celui de nombreuses études menées ces dernières années par un large panel de professionnels de la santé mentale, de neurosciences ou encore de psychologie comportementale. Aux Etats-Unis, il a par exemple été prouvé que l’augmentation du temps passé à utiliser les plateformes sociales durant la période de pic du Covid-19 a été associée à des symptômes d’anxiété et de dépression.
Pourtant, il est aussi reconnu que les interactions et relations sociales sont un élément crucial de la protection de notre santé mentale. La quantité et la qualité de celles-ci influencent nos croyances, nos pensées, nos comportements et même notre santé physique. Dès lors, comment se fait-il que des outils gratuits, accessibles en un clic, dont le but est de multiplier et faciliter nos interactions avec les autres, puissent causer de tels dommages ?
Une consommation à outrance qui nous dérègle
L’utilisation des réseaux sociaux active le système de récompense du cerveau en libérant de la dopamine. Cette substance chimique est connue comme étant “l’hormone du bien-être" liée à des activités vécues comme agréables telles que manger, rencontrer quelqu’un, jouer à un jeu vidéo ou parier en ligne.
Cette libération de dopamine se produit également lors d’une consommation de stupéfiants. À l’instar d’une addiction à l’alcool ou à la nicotine, l’utilisation des médias sociaux peut créer des sensations de manque. Les algorithmes qui régissent ces plateformes sont conçus pour créer une dépendance, ce que nous vous expliquons plus en détail dans cet article : Existe-t-il une « recette Netflix » pour nous rendre accrocs ?
Amy Plant : J’ai passé une semaine dans le noir, voilà ce que j’ai vu :
Faut-il interdire les écrans à nos enfants ?
Parents, une préoccupation grandissante habite sans doute votre esprit : la surexposition de vos enfants aux écrans.
La hausse de notre dépendance au numérique est une tendance lourde, internet et les réseaux sociaux semblent désormais incontournables dans notre quotidien. Les moments de calme, d’ennui ou d’attente sont vite noyés dans un flux d’informations, de messages et de vidéos. Selon l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), la majorité des Français de 12 ans et plus est incapable de se passer d’Internet plus d’une journée sans ressentir de manque.
À quel point les jeunes enfants sont-ils concernés ? Quels sont les impacts et les solutions face à ces enjeux ?
Ici, nous vous proposons de faire le point sur les risques de la surexposition aux écrans, mais également de vous conseiller et vous outiller pour agir et mieux protéger vos enfants face à ces menaces. En adoptant des pratiques plus saines et équilibrées, à la portée de toutes et tous, nous chercherons à accompagner les plus jeunes à grandir et construire un avenir numérique plus sain et équilibré.
Les risques à connaître
L’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne des jeunes générations suscite de plus en plus d’inquiétudes en matière de santé publique.
De la tablette à la télévision en passant par le smartphone, les écrans sont devenus des compagnons pratiques mais envahissants. En effet, les Français passent en moyenne 5h25 chaque jour connectés à Internet. La diminution de la consommation de l’écran unique, à savoir celui de la télévision, laisse place à un univers multi-écrans où le petit écran règne néanmoins en maître. Dès l’âge de 5 ans et demi, 98 % des enfants se tournent vers la télévision, 54 % s’adonnent à des jeux sur tablette ou ordinateur, et 26 % utilisent un smartphone au moins une fois par semaine.
Cette utilisation parfois jugée excessive entraîne des préoccupations relatives à la santé des jeunes, notamment pour leur développement physique et psychologique. Il est essentiel d’examiner et de comprendre ces risques, afin de mettre en place des stratégies préventives et d’assurer leur bien-être sans pour autant les couper du monde.
Un impact sur la forme physique et le sommeil : En période scolaire, les enfants et adolescents ont un besoin crucial de sommeil, celui-ci jouant un rôle prépondérant dans l’équilibre psychosocial et la consolidation de la mémoire. S’exposer aux écrans au-delà d’une heure après le dîner peut être à l’origine de troubles du sommeil.
Selon une analyse du Réseau Morphée réalisée auprès d’adolescents franciliens :
- 17,8 % des adolescents sont insomniaques,
- 45 % ont des sommeils non reposants,
- 40 % sont en restriction de sommeil
- 20 % expérimentent une privation de sommeil
L’usage des écrans durant la nuit est très étroitement lié à ces troubles, même lorsqu’il est bref, et la relation est proportionnelle : le risque s’accroît avec l’augmentation de la durée d’utilisation nocturne des écrans.
D’autres conséquences physiques de la surconsommation d’écrans, parfois directement liées au manque de sommeil, en découlent. Les cas de fatigue oculaire, migraines et surpoids sont également en augmentation chez notre jeune population.
L’altération de la capacité cérébrale : les enfants passant plus de deux heures par jour sur les écrans verraient leurs capacités cognitives (langage, mémoire, réactivité, temps de concentration, etc.) diminuer par rapport à ceux dont l’exposition est limitée.
Michel Desmurget, auteur de l’ouvrage coup de poing intitulé La Fabrique du crétin digital, emploie même le terme de « décérébration à grande échelle » lors d’une interview publiée dans le journal Le Monde en 2019.
Certaines conséquences psychologiques sont directement liées. Il est désormais prouvé que les réseaux sociaux peuvent altérer la santé mentale des jeunes utilisateurs. Pour explorer davantage ce sujet, vous pouvez consulter notre article Réseaux sociaux : la santé mentale de nos enfants en péril ?
l’IA au quotidien : Intelligente ou Artificielle ?
l’IA au quotidien : Intelligente ou Artificielle ?
Parmi les inventions étonnantes de ces dernières années, l’Intelligence Artificielle (IA) se fraie un chemin audacieux de l’abstrait vers notre réalité quotidienne, témoignant de son potentiel à remodeler des secteurs cruciaux de notre société.
Ah, l’Intelligence Artificielle ! À peine avons-nous commencé à apprivoiser les subtilités de l’IA générative qu’elle s’incruste déjà dans notre quotidien, à la manière d’un invité surprise lors d’une soirée déjà bien remplie.
Entre Rayban et Meta qui nous promettent une vision “augmentée” de la réalité (pour s’orienter sans sortir son téléphone à chaque coin de rue, et pourquoi pas anticiper la météo en regardant le ciel), on se demande si le fiasco des Google Glass n’était finalement pas une sorte d’entrée avant le véritable festin technologique.
Dans cet article, nous vous emmenons à la découverte des inventions IA les plus originales, loufoques mais de plus en plus concrètes.
L’intelligence artificielle progresse de façon exponentielle depuis plusieurs années
L’Intelligence Artificielle (IA) fait référence à la simulation de l’intelligence humaine, utilisée dans des machines conçues pour penser et travailler comme nous. L’IA a la capacité de se nourrir de l’expérience pour apprendre, décider, ou exécuter des tâches qui nécessitent une intelligence humaine. Il est désormais acté que cette technologie peut améliorer la productivité, réduire les coûts de certaines activités et augmenter la précision des résultats obtenus.
Son utilisation s’est donc largement répandue, au point de transformer plusieurs secteurs de l’économie : la finance, la santé, l’art et la création au sens large, mais également l’éducation et bien d’autres encore.
Cependant, les objectifs de l’intelligence artificielle sont parfois flous. Est-ce une technologie destinée à nous rendre plus pertinents, davantage productifs, ou moins vulnérables ? Découvrons de quoi il en retourne dans cet article.
Le grand public adopte l’IA avec la naissance de ChatGPT
ChatGPT est un produit de la société américaine Open AI, fondée en 2015. Désormais leader sur ce marché avec plus de 100 millions d’utilisateurs mensuels, c’est le projet d’IA générative le plus célèbre.
GPT est l’acronyme de generative pre-trained transformer, que l’on traduirait par : transformateur pré-entraîné génératif. Cette expression désigne une forme spécifique de modèle d’apprentissage en IA, initialement mise en avant par Google dans un article de recherche en 2017. Cinq ans plus tard, la technologie a mûri, laissant place à de puissants modèles utilisables par tous comme ChatGPT.
Cet assistant virtuel amélioré a logiquement trouvé son public dans le secteur de l’éducation. Et malgré les réticences face à un risque de triche (nous abordons le sujet dans cet article : ChatGPT va-t-il faire les devoirs de nos enfants ?), il est indéniable que ce type d’outil fait déjà partie du quotidien des élèves. Son intégration dans les systèmes scolaires fait d’ailleurs partie des recommandations de l’UNESCO, qui y voit une opportunité de « relever certains des plus grands défis qui se posent dans le domaine de l’éducation aujourd’hui, de développer des pratiques d’enseignement et d’apprentissage innovantes ».
Les réseaux sociaux doivent-ils devenir payants ?
Mark Zuckerberg, patron de Facebook, a longtemps fièrement affiché comme slogan: « C’est gratuit (et ça le restera toujours) ». Nous aurait-il menti ? Et bien, pas vraiment. Le modèle gratuit est toujours d’actualité, mais se diversifie avec l’apparition de plusieurs abonnements payants.
Depuis quelques semaines, la plupart des utilisateurs de Facebook et Instagram ont vu s’afficher un avertissement encore inédit en se connectant. Les plateformes obligent à choisir entre deux options pour continuer à s’en servir. Il faut désormais souscrire un abonnement payant (à partir de 10 euros par mois) pour accéder à une version du service sans publicité, ou conserver la version gratuite de la plateforme. Ce « refus de payer » vaut acceptation auprès de la plateforme pour collecter et vendre les données personnelles afin de diffuser des campagnes de publicité ciblées.
Twitter a également fait couler beaucoup d’encre plus tôt dans l’année. Elon Musk, récent propriétaire du réseau social, a décidé de proposer un abonnement nommé Twitter Blue, pour s’octroyer la coche bleue tant convoitée grâce à un simple paiement mensuel.
L’utilisation des données personnelles n’est pas nouvelle, mais ces formes de souscriptions payantes posent de nombreuses questions. Que vont devenir nos données personnelles ? Jusqu’où les utilisateurs du Web sont prêts à aller ? Comment ces réseaux ont-ils bouleversé nos pratiques ? Est-il devenu concevable de payer pour des réseaux sociaux qui n’existaient pas il y a vingt ans ?
Quel est le principe des abonnements payants sur les réseaux sociaux ?
Bien que les entreprises à la tête de ces réseaux comptent parmi les plus importantes au monde, elles font face à un contexte défavorable qui les pousse à diversifier leurs sources de revenus.
Concrètement, il s’agit de proposer des fonctionnalités payantes aux utilisateurs des plateformes, la plupart du temps sous forme d’un abonnement conférant des avantages. La fonction Meta Verified pourrait rapporter 2 à 3 milliards de dollars de chiffre d’affaires supplémentaire chaque année à Meta.
En souscrivant, l’utilisateur peut afficher un badge « Vérifié » à côté de son pseudo sur toutes ses interactions. Meta promet aussi davantage de protection, un accès direct au support, et des fonctionnalités exclusives de personnalisation pour les créateurs de contenu.
Du côté de Twitter, rebaptisé X, il s’agit d’une quête vers la rentabilité, qui est une priorité d’Elon Musk. La première étape de son plan était de réduire drastiquement les effectifs, ce qu’il a rapidement entrepris. Depuis, Musk s’adonne à la création de revenus complémentaires en lançant l’abonnement Twitter Blue (devenu X Premium). Pour 11€ par mois, un compte payant peut :
- afficher un badge de certification à côté de son nom et sur son profil ;
- modifier et supprimer un tweet ;
- accéder à un système de monétisation de son contenu ;
- personnaliser l’interface de son compte.
L’offre peine à décoller, avec seulement 1% des utilisateurs ayant souscrit à X Premium, alors que les revenus publicitaires sont en chute libre dans le même temps.
Chez Snapchat en revanche, la création d’un abonnement payant a rencontré son public. Snapchat+, créé en juin 2022, a convaincu plus de 5 millions d’utilisateurs en un an. Ce succès s’explique par un tarif plus abordable (3,99€ mensuels), et des fonctionnalités attrayantes comme des boosts de visibilité. La plateforme vidéo YouTube connaît aussi un succès avec YouTube Premium (12€ par mois pour enlever toutes les annonces), générant 11 milliards de dollars en 2022 via ce service.
Fast Fashion : le vrai coût de la mode à petit prix
L’industrie textile, valorisée à 3000 milliards de dollars, est en pleine effervescence. Entre 2005 et 2019, la consommation mondiale de vêtements et de chaussures a presque doublé, atteignant plus de 130 milliards d’articles par an.
Au cœur de cette croissance effrénée, les plateformes en ligne et applications comme Temu et Shein, qui comptent des dizaines de millions d’utilisateurs et clients, posent des problèmes sociaux et environnementaux significatifs en raison de leur business model basé sur la surconsommation.
En favorisant des cycles de production et de renouvellement insoutenables, ces entreprises engendrent des conséquences environnementales et sociales alarmantes.
Comment pouvons-nous inverser la tendance et promouvoir une mode plus durable ?
L’ère de la fast fashion : un cycle infernal
La fast fashion repose sur un changement rapide des collections et des prix attractifs, incitant à une consommation effrénée. Ce modèle, influencé par le Lean management, vise à maximiser les profits en minimisant les coûts. Les enseignes peuvent renouveler leurs collections toutes les deux semaines, alimentant ainsi la surproduction et la surconsommation. Aujourd’hui, 130 milliards de vêtements sont produits chaque année, soit 80 % de plus qu’il y a quinze ans.
Les plateformes en ligne jouent un rôle crucial dans cette dynamique. Elles offrent une accessibilité et une variété inégalées, permettant aux consommateurs d’acheter facilement et rapidement des vêtements à bas prix, souvent sans se rendre compte de l’impact de leurs choix.
Pour rendre leurs clients accros, elles s’appuie sur plusieurs leviers imparables :
-
Publicité ciblée : utilisation d’influenceurs et de campagnes publicitaires intensives sur les réseaux sociaux.
-
Prix extrêmement compétitifs.
-
Gamification : intégration de jeux et de récompenses pour encourager l’engagement quotidien.
-
Remises constantes : envoi de notifications fréquentes avec des offres spéciales et des réductions limitées dans le temps pour inciter à revenir sur l’application.
-
Recommandations personnalisées basées sur les comportements d’achat précédents.
Derrière ce marché florissant se cache une réalité obscure, avec des conséquences alarmantes…
Un impact environnemental et social désastreux
L’industrie textile est une des plus polluantes au monde. Chaque année, elle émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit plus que tous les vols internationaux et le trafic maritime réunis. La production d’un simple jean nécessite environ 7500 litres d’eau, et le secteur est responsable de 20 % de la pollution des eaux industrielles mondiales.
À cela s’ajoutent les milliers de tonnes de microplastiques issus du lavage de nos vêtements qui se retrouvent dans les océans.
Des problèmes qui sont exacerbés par l’achat impulsif devenu banal sur les applications…
Du côté des fabricants, le bilan est tout aussi désastreux. On estime que les usines de production de vêtements emploient environ 75 millions de personnes à travers le monde, majoritairement des femmes, souvent dans des conditions lamentables. Au Bangladesh, par exemple, le salaire moyen est d’environ 80 euros par mois, à peine suffisant pour survivre. Ces économies réalisées par les mastodontes du secteur leur permettent de produire des vêtements dont le prix est attractif en Europe. Mais à quel prix ?
La lutte contre ces abus est en progression
Des organisations comme le Collectif Éthique sur l’étiquette, Fashion Revolution et la Clean Clothes Campaign se battent pour améliorer les conditions de travail dans l’industrie textile. Elles sensibilisent le public et mettent la pression sur les entreprises pour les faire adopter des pratiques plus responsables. Par exemple, Fashion Revolution a lancé le mouvement #WhoMadeMyClothes pour exiger plus de transparence sur les conditions de travail des fabricants de vêtements.
Les plateformes en ligne commencent également à s’adapter à cette tendance, en offrant des options plus durables et éthiques. Certaines marques commencent aussi à adopter des pratiques plus durables sous la pression de leurs clients et des ONG. Bien souvent, ces initiatives sont vues comme des campagnes de communication plus qu’un véritable changement, mais elles ont au moins le mérite de mettre en lumière ce qui ne va pas dans ce milieu.
Toutefois, certaines actions portent leurs fruits. Sous la pression de certains acteurs, notamment 60 Millions de consommateurs, l’entreprise chinoise Temu est contrainte de revoir ses pratiques. L’association a en effet révélé des problèmes de qualité, comme des produits défectueux et non conformes, ainsi que des méthodes de vente agressives et trompeuses, telles que la copie de designs de marques de luxe avec de légères modifications de nom.
Des engagements volontaires, comme la Charte de l’Industrie de la mode pour le climat, visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais manquent souvent de mécanismes de sanctions efficaces. C’est pourquoi plusieurs lois comme celle sur le devoir de vigilance en France obligent les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement dans toute leur chaîne de production. D’autres pays, comme le Royaume-Uni et l’Australie, ont également adopté des lois sur l’esclavage moderne, bien que leur application soit souvent insuffisante. Un cadre réglementaire international plus strict apparaît comme nécessaire pour garantir la responsabilité des entreprises.
Agir pour une mode durable : le consommateur au coeur du changement
La slow fashion propose une alternative à la fast fashion en mettant l’accent sur la qualité, la durabilité et la transparence des produits. Elle encourage une consommation plus réfléchie, dans le respect des droits humains et de l’environnement.
Pour opérer ce changement, il existe des alternatives pratiques pour une mode plus responsable, comme l’achat de vêtements de seconde main, le soutien aux marques éthiques et l’utilisation de labels de certification.
Des initiatives comme le Second Hand September d’Oxfam encouragent les consommateurs à adopter des habitudes de consommation plus durables. Les labels comme Fairtrade, GOTS et la Fair Wear Foundation offrent quant à eux des garanties sur les conditions de production et la durabilité des matériaux.
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !