This website requires JavaScript.

Numérique Ethique vous est utile (ou pas) ? Dites-nous tout en 5 minutes ici

Futur connecté
Article

Comment le Web 3 peut-il bouleverser notre économie numérique ?

10.03.2022

Loin des préoccupations premières des Français, la santé de notre économie numérique conditionne pourtant l’avenir de nos sociétés et notre capacité à préserver notre souveraineté. Parmi ces défis, les cryptomonnaies et la blockchain sont incontournables.

NFT, Metaverse, tokens, blockchain, ou encore DeFi et DAO. Ces mots, vous les avez sûrement déjà entendus au cours d’une conversation. Nous remarquons aussi qu’ils sont de plus en plus présents dans les médias.

Peu d’entre nous sauraient réellement les expliquer. Et pourtant, nous savons que ces termes désignent des technologies qui seraient sur le point de « bouleverser » de nombreux secteurs d’activité. À commencer par notre utilisation d’internet, et son système économique.

Ces termes semblent tous reliés à un projet déjà à l’œuvre : le Web 3.0, qui pourrait bien être l’innovation de la décennie. Découvrons de quoi il en retourne dans cet article.

L’économie du web jusqu’à maintenant

Pour expliquer ce nouveau phénomène, revenons quelques années en arrière. Car pour comprendre ce qu’est le Web 3.0, il faut déjà comprendre le web tout court.

Les débuts d’internet, vous vous en rappelez ? C’était en 1991. Des pages statiques, sans interaction possible ou presque. À l’époque, nous ne faisions que naviguer, lire, parfois acheter, et c’est à peu près tout.

Une sorte de Wikipédia géant, dans lequel nous pouvions uniquement consommer. C’est ce que l’on nomme le web 1.0.

Puis arrivent les années 2000. Les forums sont devenus un support d’interaction sur internet. Les réseaux sociaux commencent à être adoptés par le grand public. Nous créons et alimentons des profils virtuels, basés sur notre identité et nos comportements.

Viennent alors les années dorées des entrepreneurs de la Silicon Valley :

  • 2003 : création de Linkedin et MySpace ;
  • 2004 : lancement de Facebook et du célèbre mur ;
  • 2006 : Twitter introduit le microblogging, le fil d’actualité et les tags ;
  • 2007 : Facebook Ads fait son apparition ;
  • 2009 : naissance du fameux « like » ;
  • 2010 : Instagram est le premier réseau social mobile ;
  • 2011 : le monde découvre le contenu éphémère avec Snapchat.

Une petite révolution vient de se produire : il devient possible de créer, partager, et réagir au sein d’une communauté en ligne. L’utilisateur alimente désormais internet, et pas seulement l’inverse.

Dans le même temps, les géants du net en devenir (Google, Facebook, Microsoft, Amazon, etc.) ont appris à collecter nos données. Gratuitement, de façon massive, et sans aucun contrôle - ou presque - des individus. Une véritable mine d’or, présentée comme un service. Nous, les utilisateurs, acceptons cet échange d’un simple clic. Nous consommons du contenu toujours plus personnalisé et pertinent. Nous profitons des opportunités « offertes » par les communautés en ligne.

Mais à quel prix, au juste ? Même aujourd’hui, il est difficile de le mesurer. Les GAFAM en ont profité pour bâtir des fortunes colossales tout en monopolisant Internet. Le Web 2.0, toujours d’actualité, c’est en résumé l’essor de la publicité ciblée, de la communication digitale, et de l’exploitation des données personnelles.

Le web 3.0 : la prochaine révolution d’Internet ?

Nous vivons peut-être un changement radical. Il s’agit du Web 3.0.

Dans le web que nous connaissons depuis plus de 10 ans, nous sommes le produit. Les fournisseurs de services et les plateformes, aussi puissantes que des États, possèdent ce que nous créons, ainsi que nos données. Tout est centralisé dans des serveurs stockés dans leurs data centers.

L’utilisation des nouvelles technologies de blockchains permettent la décentralisation. En théorie, le web 3.0 permettrait de contrôler totalement nos données. Nous entrons dans l’âge de l’internet « personnalisé et possédé ».

Le web 3.0 est la troisième génération d’un écosystème qui évolue sans cesse. Les sites web et les applications seraient alors capables de traiter l’information de façon plus intelligente, à la manière d’un être humain, grâce à des technologies telles que :

  • l’apprentissage automatique (Machine Learning) ;
  • le Big Data ;
  • la technologie des registres décentralisés (DLT) ;

Le Web 3.0, appelé à l’origine Web Sémantique par l’inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, vise à créer un internet plus autonome, plus intelligent et plus ouvert.

Ce nouveau paradigme va probablement changer la façon dont nous interagissons avec un site web. On peut voir qu’il existe déjà aujourd’hui quelques applications

Ce nouveau paradigme va probablement changer la façon dont nous interagissons avec un site web. On peut voir qu’il existe déjà aujourd’hui quelques applications web 3.0 à un stade précoce. Mais tant que ce nouvel internet ne sera pas pleinement intégré à l’infrastructure Web existante, leur véritable potentiel ne pourra être observé.

Des avantages à relativiser

Plus ouvert, le Web 3.0 a de sérieux atouts à faire valoir :

1. La Décentralisation : sans autorité centrale qui gouverne de façon monopolistique les interactions, le web 3.0 aspire à plus de démocratie. La blockchain permet à tous ses utilisateurs de contribuer à son fonctionnement, tout en ayant une sorte « droit de vote » à l’égard de son évolution ;

2. Plus de liberté et de confidentialité : la censure de contenu ne sera plus possible. Du moins en théorie. C’est l’argument numéro 1 des défenseurs de la liberté absolue sur internet : recréer (comme à l’origine) un espace d’expression libre, souvent anonyme, accessible à tous.

Cependant, des questions éthiques se posent à ce sujet. Car sans aucun contrôle, nous imaginons très facilement les dérives qui pourraient survenir : harcèlement en ligne incontrôlé, multiplication de contenus dangereux (apologie du terrorisme, pédophilie, etc.), trafic intraçable, etc.

3. Une meilleure sécurité : l’architecture des réseaux blockchain repose sur un élément fondamental de sécurité qui exclut l’humain - et ses vulnérabilités - des processus de décision. Lors de hacks, ou de défaillances, une erreur humaine est souvent responsable de la brèche ouverte aux pirates.

Pour schématiser : un protocole Web 3.0 est composé de centaines de milliers de machines, réparties dans des serveurs aux quatre coins du globe. Pour rendre le réseau vulnérable, il faudrait pouvoir attaquer la majorité du réseau au moins, ce qui est impossible à l’heure actuelle. La cryptographie ajoute également une couche de sécurité supplémentaire.

4. L’utilisation de cryptomonnaies : des monnaies natives échangées sans aucun intermédiaire ni restrictions ouvrent une nouvelle voie à l’économie sur le web. Les NFTs, que l’on peut traduire par « jetons non-fongibles », innovent sur le terrain de la propriété intellectuelle en ligne.

L’essentiel à retenir sur la naissance du Web 3.0

Ce que certains appellent la « révolution du Web 3.0 » ne réside pas tellement dans les technologies et les fonctionnements adoptés. Ce sont des moyens à la disposition des créateurs et des développeurs. Et bien que toutes ces innovations soient de plus en plus documentées, elles restent obscures pour une majeure partie du grand public.

En réalité, le changement réside dans la distribution de la valeur, du contenu, et de la connaissance. Une valeur qui, sans intermédiaire, est transmise directement des créateurs aux utilisateurs. C’est une sorte de circuit court appliqué au Web.

Bien sûr, il y aura des dérives, des limites et probablement des échecs à prévoir. Le Web 3.0 est un terme si vaste qu’il est encore difficile d’en mesurer toute l’ampleur. Nous n’en sommes qu’au début, et il nous tarde d’observer l’impact socio-économique engendré par ces évolutions.


Sources :

Retour