Comment les biens communs numériques font du bien à nos démocraties
Fer de lance des civic tech, les communs contribuent depuis une décennie à construire un numérique d’intérêt général. Lumière sur ces ressources politiques souvent mises au service d’une démocratie plus ouverte et fondée sur une économie du partage.
Dans une société de plus en plus inégalitaire, que nous reste-t-il en commun ? Probablement plus que nous l’imaginons.
Ce postulat de solidarité constitue le socle des Communs, un modèle de partage des ressources en pleine renaissance qui, depuis une décennie, fédère un intérêt croissant au sein de la société civile et des pouvoirs publics. En quoi ce modèle consiste-t-il ? La préservation, la mutualisation et l’autogouvernance par une communauté des biens communs (matériels, naturels, symboliques) essentiels à sa vie collective.
Remettant en question le droit à la propriété privée, les commoners plaident en effet contre la privatisation, la nationalisation et la centralisation des ressources. Longtemps cantonné à des formes politiques marginales, ce modèle a trouvé dans le champ du numérique la source d’un nouvel essor. Logiciels libres (Linux), encyclopédies en ligne (Wikipédia), données ouvertes d’intérêt général (OpenStreetMap), plateformes collaboratives (decidim)… Aujourd’hui, partout à travers le monde, les communs numériques permettent à des millions de citoyen-ne-s de reprendre en main leur vie collective et de lui redonner un sens.
Chaque jour, parfois sans le savoir, nous les utilisons gratuitement pour collaborer, communiquer, apprendre, organiser sa vie — et se réapproprier, comme on va le voir, le pouvoir d’agir politiquement.
Accéder à la connaissance et la partager
Fondées sur une économie ouverte de la connaissance, les encyclopédies en ligne forment un premier ensemble de communs numériques qui contribue à démocratiser l’accès au savoir. Selon le philosophe Michel Serres, c’est tout simplement une révolution anthropologique.
Avec ses millions de connaissances traduites dans plus de 300 langues, Wikipédia représente la plus importante encyclopédie en ligne de toute l’histoire humaine — mais c’est loin d’être la seule. L’encyclopédie en ligne française Movilab, par exemple, documente plus de 2 500 bonnes pratiques concernant les tiers-lieux, acteurs essentiels de la démocratie contributive. Chaque jour, des communautés citoyennes y partagent les ressources qui leur permettent de concrétiser leurs projets collectifs.
Se former et s’insérer par le numérique
Certains communs numériques favorisent la formation et donc la réinsertion des personnes éloignées du numérique, un véritable enjeu de justice sociale à l’heure où 13 millions de Français sont victimes d’illectronisme.
La région Auvergne-Rhône-Alpes a lancé en 2019 l’Hinaura, un hub régional d’intérêt général visant à diminuer la fracture digitale de son territoire. Parmi ses différents programmes, Et si j’accompagnais sensibilise et forme les professionnels de l’action sociale à l’accompagnement des personnes éloignées du numérique. Les ressources sont collaboratives et en accès libre. Chaque membre de la communauté peut ainsi contribuer à leur amélioration par l’apport de son expérience.
Contribuer au projet politique de son territoire
Troisième ensemble de communs numériques, les plateformes collaboratives favorisent le développement de la démocratie ouverte.
Budgets participatifs, conventions citoyennes, enquêtes publiques, pétitions… L’entreprise Open Source Politics s’est spécialisée dans la création de ces nouveaux outils démocratiques. De plus en plus d’acteurs publics s’appuient dessus pour assurer leur mission de service public et pour impliquer les citoyen-ne-s dans les projets politiques territoriaux.
C’est le cas de la Nouvelle-Aquitaine, avec Proto Impact et Logiciels libres innovants, deux appels à projets destinés à financer les « solutions numériques responsables et ouvertes ». En Loire-Atlantique, le département propose à ses habitants de soumettre leurs idées sur une plateforme dédiée. Autre exemple, la ville de Grenoble a lancé en 2018 le Grenoble Civiclab, un programme destiné à accompagner et financer les projets numériques de la communauté grenobloise.
Retrouver collectivement un élan démocratique
Comme en témoignent ces divers exemples, très loin d’être exhaustifs, notre démocratie puise dans le numérique les ressources de sa réinvention.
Le modèle des communs est-il pour autant institutionnalisable ? Les digital commoners cherchent encore leur économie, leur législation et se heurtent à de nombreux blocages culturels. Mais depuis 2018, l’État français multiplie les signaux et les initiatives en leur faveur.
En début d’année, la France a en effet initié la création d’une initiative européenne pour les communs numériques. Au niveau national, le plan d’action Société Numérique encourage la mutualisation des ressources numériques au sein des territoires. Quant à Code.gouv, OGPtoolbox, Aidants connect ou encore Pix, ces services publics numériques vont dans le sens d’une démocratie plus ouverte.
Common washing ? Le sujet divise chez les commoners. Voyant dans la numérisation des services publics « une extension de l’aire du capitalisme », certains observateurs comme Gilles Jeannot et Victor Poirier mettent par exemple en garde contre cette dernière tendance.
Quoi qu’il en soit, la protection des communs numériques semble devenir un enjeu stratégique pour nos démocraties et leur souveraineté. De plus en plus d’Etats envisagent en effet leur modèle comme une solution au monopole des GAFAM et des NATUS, maîtres et possesseurs actuels du monde numérique. Par ailleurs, ces ressources incarnent la promesse d’un Internet libre et neutre, principe fondateur du Web remis en cause par ces géants.
Enfin, comme en témoignent les retours d’expérience à ce sujet, de plus en plus de citoyen-ne-s semblent trouver dans les communs numériques un nouveau moyen d’engagement politique. En cela, face au sentiment d’impuissance politique, leur modèle pourvoie un champ social d’expérimentation et d’expression qui renouvelle l’imaginaire politique et revitalise l’aspiration démocratique de nos sociétés.
Preuve que, si vacillantes et vulnérables qu’elles puissent apparaître, nos démocraties n’en demeurent pas moins pleines de ressources.
Aller plus loin
Pour approfondir le sujet des communs numériques et agir en faveur d’un numérique d’intérêt général, vous pouvez vous tourner vers la plateforme Numérique en Commun[s]. Via un grand événement annuel, des dispositifs locaux, des ressources partagés et des ateliers de co-construction, NEC favorise la constitution d’une culture commune et d’outils destinés aux professionnels, leur permettant de les accompagner concrètement dans leurs missions de terrain.
Et pour bénéficier encore plus largement de savoirs et compétences partagés et enrichis collectivement, le Réseau Français des Fablabs rassemble plusieurs dispositifs animant des espaces ouverts de fabrication (FabLab). Le Réseau dispose ainsi de plusieurs espaces d’échanges favorisant l’apprentissage, la fabrication et le partage de connaissances, avec pour objectif de “contribuer à changer le monde”.
Pourquoi parle-t-on de "révolution NFT" dans le monde de l'art ?
C’est probablement l’une des innovations numériques les plus disruptives du siècle. Les NFTs révolutionnent un secteur élitiste, confidentiel et centralisé : le marché de l’art.
Le monde de l’art est en constante évolution. Au siècle de la Renaissance, la technique de la peinture à l’huile a permis d’apporter plus de détails et de réalisme aux toiles. L’arrivée des premiers appareils photos, puis des caméscopes, a créé une forme d’expression visuelle inédite. Plus récemment, une technologie a engendré un nouveau bouleversement. Son nom tient en 3 lettres : NFT.
Les Non-Fungible Tokens, ou « jetons non-fongibles » en français, sont en train de révolutionner le commerce des œuvres d’art. Tandis que la sphère médiatique s’emballe, certains puristes les considèrent encore comme les gadgets d’une immense bulle spéculative.
Il faut pourtant reconnaître que les NFTs ont des atouts indéniables. Certains en font d’ailleurs la dernière « révolution » artistique et numérique notable.
« Non-fongible », qu’est-ce que cela signifie, au juste ?
Quelque chose de non-fongible est unique. Nul besoin d’aller chercher plus loin pour comprendre les bases de cette technologie. Vous êtes non-fongible, car il n’existe aucun autre humain possédant exactement les mêmes caractéristiques que vous sur cette planète. À l’inverse d’un kilo d’or ou d’un billet de 5 euros qui sont fongibles car reposant sur des réserves de valeur universelles.
Une œuvre d’art est également non-fongible. Oui, même si c’est une image que l’on peut copier-coller à l’infini sur internet. Mais à une seule condition : sa version originale doit être authentifiable.
C’est à ce moment que la blockchain entre en jeu. La blockchain est une technologie qui a 3 fonctions essentielles dans le monde de l’art :
- certifier que le titre de propriété attaché à l’oeuvre (le fichier numérique) grâce au NFT est authentique ;
- prouver et tracer la propriété de cette oeuvre ;
- permettre l’échange sécurisé et instantané de NFTs.
Qu’est-ce qu’un NFT, concrètement ?
On peut les définir comme des actifs numériques collectionnables et échangeables. Sans rentrer dans les détails techniques ni employer trop de jargon, un NFT matérialise la propriété d’un objet (réel ou numérique) s’appuyant sur un contrat inviolable inscrit au sein d’une blockchain.
Dans le secteur de l’art, ils permettent d’acheter et de vendre la propriété d’objets numériques uniques : art numérique, graphiques, musique, vidéos, images, etc.
Ces jetons sont référencés dans une blockchain : un réseau mondial qui ressemble à un registre interconnecté sur lequel on peut tout voir, sans rien effacer. Similaire à un grand livre de compte public, une blockchain conserve la trace de toutes les transactions effectuées.
Les créateurs reprennent le pouvoir
La blockchain et les NFTs visent à offrir aux créateurs une solution pour se passer d’intermédiaires et se connecter directement à leur communauté pour vendre une œuvre d’art sous sa forme numérique. Les réseaux sociaux constituent alors le principal levier pour se créer une notoriété parmi les collectionneurs et les artistes.
La véritable révolution réside dans le concept de décentralisation : plus besoin d’un tiers (une galerie) ou d’une quelconque autorité centrale pour échanger de la valeur. La propriété numérique des NFTs et la possibilité d’échange sans intermédiaire facilitent ainsi l’accès à des acheteurs potentiels.
Comme n’importe qui, les artistes ont besoin d’être rémunérés pour le temps passé et les efforts déployés dans la création d’une œuvre ou d’une collection. Les plus célèbres (ou chanceux) n’ont bien sûr pas attendu les NFTs pour vivre de leurs créations. Mais le système traditionnel du marché de l’art était jusqu’alors hors de portée de la grande majorité d’entre eux.
Aujourd’hui, même les plus grandes galeries semblent suivre ce mouvement, à l’intersection de la technologie et de l’art.
Un système de royalties à vie ?
Grâce aux NFTs, les artistes peuvent bénéficier d’un système de royalties automatiques à chaque fois que leur création est revendue sur le marché secondaire.
Ces commissions sont programmées lors de l’émission du smart contract sur la blockchain. Elles se situent généralement entre 5 et 10 % du montant de la vente. À chaque transaction, l’artiste original (et non pas le propriétaire actuel) perçoit ainsi une partie de la somme de façon totalement passive.
Encore une fois, la blockchain permet ici de se passer d’intermédiaire pour rétribuer l’artiste plus équitablement.
De nouveaux investisseurs débarquent sur le marché
Entre 2018 et 2020, les NFTs auraient permis de multiplier la valeur de l’art numérique par 10. Chaque jour, des dizaines de millions de dollars sont échangés sur les places de marché dédiées (Opensea, Rarible, Binance NFT, etc.). Certaines estimations indiquent que le total des transactions effectuées sur ces plateformes aurait atteint les 25 milliards de dollars en 2021.
Mais comment se fait-il que des investisseurs soient prêts à miser autant de capital pour des œuvres disponibles gratuitement sur internet ? Tout s’explique par la notion de rareté numérique créée par ces NFTs. De plus, tout comme dans le marché de l’art « traditionnel », la spéculation est au cœur des motivations de nombreux propriétaires d’œuvres numériques.
Des collectionneurs d’un nouveau genre ont ainsi fait massivement leur apparition. En effet, on peut considérer que les NFTs contribuent à démocratiser l’art en général, au-delà du numérique. Toutefois, la typologie de collectionneurs s’est diversifiée.
Une révolution digitale qui a ses limites
La qualité ou la beauté d’une œuvre est tout à fait subjective, c’est évident. Pourtant, il apparaît que la qualité de nombreuses collections de NFTs laisse à désirer. Créer un NFT n’a rien de compliqué. Après tout, ce n’est qu’un lien vers une URL, ce qui signifie que n’importe quoi ou presque peut techniquement constituer un NFT.
Certaines collections s’échangent à prix d’or dans un intérêt purement spéculatif, alors qu’elles n’ont que peu d’intérêt artistique. On peut toutefois s’attendre à ce que des standards de « qualité » se stabilisent une fois que le marché sera devenu plus mature. En attendant, beaucoup d’apprentis investisseurs risquent d’y laisser des plumes.
La législation autour de ces œuvres numériques pose également de nombreuses questions. Les NFTs doivent-ils tomber dans le régime d’imposition de l’art ? Des actifs numériques ? Comment imposer les artistes et les plateformes de vente ? Aujourd’hui encore, le flou réside. Et au vu des sommes échangées, engendrant des profits massifs, il semble nécessaire de clarifier le sujet.
Bien que les NFTs aient ouvert la voie à plusieurs avancées majeures sur bien des sujets dans le monde de l’art, il faut rester vigilant. En attendant, cette technologie « révolutionnaire » devrait continuer à faire parler d’elle, pour le meilleur et pour le pire.
Le jeu vidéo au service de la démocratie numérique ?
Les jeux vidéo se politiseraient-ils de plus en plus ? Citoyens et partis politiques les investissent pour exprimer leurs voix et défendre leurs droits. Décryptage d’une tendance qui tend à changer les règles du jeu dans les urnes et sur les games stores.
Incarner le peuple pour reprendre le pouvoir : c’est la promesse sous-jacente à Watch Dogs : Legion, le nouvel opus de la licence futuriste d’Ubisoft. Le jeu offre en effet la possibilité de recruter des citoyens de Londres pour libérer la capitale anglaise d’une dictature numérique. Pour une fois, le message politique est clair et assumé. Il s’agit, selon Clint Hocking, le directeur créatif du jeu, de « travailler ensemble à construire un monde meilleur ». Par ce plaidoyer démocratique, Watch Dogs : Legion remet ainsi en lumière une dimension souvent discutée du dixième art : sa dimension politique.
Contrairement à l’idée reçue, les jeux vidéo forment et ont toujours formé des espaces politiques contestés, vivants, vibrants, traversés et influencés par les enjeux sociétaux qui entourent leurs contextes de production. Ces dernières années, leur dimension politique a pris une ampleur inédite à mesure que le jeu vidéo se transformait en une industrie culturelle florissante. Des jeux comme Minecraft et des plateformes comme Twitch constituent désormais des terrains de jeu politique où les voix s’élèvent par centaines de milliers. Ce qui fait de ces temples du gaming de puissants instruments d’influence.
Politisation du game
Depuis une décennie, de plus en plus de mouvements politiques emploient les jeux et leurs médias comme de nouveaux canaux de communication. Face à l’abstention, qui bat des records dans nos démocraties, les politiques cherchent en effet les moyens de remobiliser les votants indécis et défiants. Lors des dernières élections américaines, le parti démocrate s’est ainsi démarqué en s’invitant sur la plateforme de streaming Twitch et sur le jeu multijoueur Animal Crossing New Horizon. Les élections présidentielles françaises de 2017 avaient déjà vu émerger des jeux vidéo consacrant certains candidats, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon (Fiscal Kombat).
Pour les politiques, l’enjeu est de taille : capter les voix des millions d’électeurs qui se connectent chaque jour aux games stores. Car les rencontres virtuelles génèrent parfois des votes qui sont, eux, bien réels. Nous sommes — électeurs, citoyens — en effet de plus en plus nombreux à jouer ou à être exposés aux jeux vidéo. Selon l’étude SELL (Médiamétrie), 71 % des Français avouent jouer au moins occasionnellement à des jeux vidéo — un chiffre en hausse chaque année. La popularisation du jeu vidéo favoriserait ainsi sa politisation, un phénomène largement amplifié par la « démocratisation » des plateformes de streaming dont la plus populaire, Twitch, comptabilise à elle seule 17,5 millions de visiteurs uniques par jour dans le monde.
Les politiques ne sont ainsi pas les seuls à s’exprimer à travers les jeux vidéo. Depuis quelques années, des médias, des citoyens et des associations investissent ces derniers pour défendre et repenser la démocratie. C’est le cas de Reporters Sans Frontières : son projet Uncensored Library, monument numérique mondial en hommage à la liberté d’expression, en est l’une des plus brillantes démonstrations.
Au sein de l’industrie, de plus en plus de professionnels militent également en faveur d’une politisation vertueuse du jeu vidéo. Citons à titre d’exemple Gamers.Vote, qui s’est donnée pour mission d’encourager le vote chez les joueurs.
Gamification de la politique
Bien que largement prédominant, le « marketing politique » du jeu vidéo recouvre cependant des pratiques vidéoludiques plus constructive pour la société. Notamment dans le domaine de la démocratie participative, qui désigne l’ensemble des démarches associant les citoyens au processus de décision et de délibération politiques.
Depuis quelques années, certaines métropoles américaines recourent ainsi à des techniques de game design pour mobiliser leurs citoyens et les impliquer dans l’élaboration et la gestion de leurs services publics. Dans Games, Powers, and Democracies, Gianluca Sgueo, professeur en sociologie politique à l’université de New York, qualifie ce phénomène de « gamification de la gouvernance ». En 2017, Santa Monica a ainsi lancé CitySwipe, le « Tinder de la planification urbaine », qui permet aux résidents de « swapper » pour ou contre les projets d’urbanisme proposés par la ville.
Si la gamification favorise la démocratie participative et incite les citoyens à s’investir davatange dans la vie publique, Sgueo rappelle dans son essai qu’elle présente néanmoins des risques pour la démocratie elle-même. Parmi ces dérives, les problématiques relatives à la protection de la vie privée. Le système de crédit social chinois donne ainsi à voir une gestion autoritaire et étatique des masses de données personnelles requises au bon fonctionnement de ce mode de gouvernance.
La démocratie par le jeu ?
En tant que médium et industrie de masse, le jeu vidéo peut-il contribuer au renouvellement — et à l’enrichissement — de la vie politique de nos sociétés démocratiques ?
D’un côté, on voit qu’en permettant des échanges plus horizontaux entre la société civile et les institutions et en favorisant la participation citoyenne, celui-ci présente de nombreux atouts en matière de démocratie participative et culturelle. Le jeu favorise l’éducation populaire au comportement démocratique, et de nombreuses applications politiques sont possibles en ce sens. Certains jeux de stratégie, de rôle ou de construction pourraient par exemple contribuer à former les citoyens aux processus de décision et de gestion politiques.
D’un autre côté, le plus souvent, les usages politiques du jeu restent anecdotiques et relèvent plus du gadget que de l’outil démocratique. Il est peu probable que les jeux vidéo et leurs applications dérivées, comme la gamification, deviennent à terme le pivot de la démocratie numérique. Mais comme le démontrent les quelques exemples ci-dessus, sa politisation contribue à divers niveaux à favoriser la « démocratisation de la démocratie » — et du jeu vidéo en lui-même. Ce qui, dans un contexte de montée des régimes autoritaires à travers le monde, ne saurait faire du mal à nos sociétés.
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