This website requires JavaScript.

Numérique Ethique vous est utile (ou pas) ? Dites-nous tout en 5 minutes ici

Article

Pourquoi le «Sharenting» comporte des risques, et comment s’en prémunir ?

3min
30.04.2024

Comme plus de la moitié des parents, il vous arrive peut-être de partager des photos de vos enfants en ligne. Découvrez comment vous prémunir des risques liés à la diffusion de ces contenus.

Vous publiez des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux ? Lors d’un anniversaire, en vacances, ou le jour de la rentrée scolaire, les occasions d’immortaliser et de partager ces moments précieux ne manquent pas.

En apparence, cela peut paraître anecdotique. Pourtant, cette pratique banale pour beaucoup de parents peut comprendre des risques pour les enfants et leur famille.
Depuis la généralisation des réseaux sociaux, la surexposition des enfants sur le web porte un nom : le «sharenting».

Qu’est-ce que le «sharenting» ?

Le mot «sharenting», qui nous vient de l’anglais, est issu de la contraction des mots «share» (partage) et «parenting« (parentalité). Ce terme désigne le fait de partager des photos et vidéos de ses jeunes enfants sur les réseaux sociaux, sans leur consentement.

Nommé pour la première fois dans un article du Wall Street Journal ce phénomène alerte les instances de protection de l’enfance et les spécialistes de la vie privée. D’autant plus que certaines familles en ont fait un véritable loisir voire un métier d’influenceur, multipliant les posts, stories et vlogs pour documenter leur propre histoire.

Le sharenting en chiffres

Dans une étude réalisée par l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation numérique dévoilée en février 2023, nous constatons que les parents sont nombreux à avoir des pratiques potentiellement à risque pour l’exposition de leurs enfants en ligne :

  • Plus de la moitié (53 %) des parents français ont déjà partagé du contenu sur leurs enfants sur les réseaux sociaux, et 43 % d’entre eux ont commencé à publier dès la naissance de leur enfant.

  • 39 % des parents publient moins d’une fois par mois, et 1 % plus d’une fois par jour

  • 3 % des parents se disent influenceurs. Seulement 44% d’entre eux déclarent obtenir le consentement de l’enfant avant de publier du contenu sur lui, et 42 % ne pas empiéter sur ses temps de repos, de devoirs ou de loisirs.

En outre, un sondage réalisé auprès de 1000 parents par Security.org en 2021 démontre que les parents sont encore loin d’avoir les meilleurs réflexes :

  • 80 % des parents utilisent le vrai nom de leurs enfants dans leurs publications en ligne.

  • Moins d’un quart des parents demandent toujours l’autorisation de leurs enfants avant de publier du contenu les concernant sur les médias sociaux, et environ un tiers d’entre eux ne demandent jamais leur autorisation.

  • Près d’un quart des parents ont des paramètres publics sur leurs profils, ce qui signifie que n’importe qui peut voir ce qu’ils publient, même s’ils ne sont pas amis.

  • Près de huit parents sur dix ont des amis virtuels ou des followers qu’ils n’ont jamais rencontrés dans la vie réelle.

Le partage sur Internet n’est pas anodin


Un contenu peut être détourné à des fins malveillantes. Dès le moment où un fichier est publié sur Internet, nous en perdons le contrôle. Le cauchemar de n’importe quel parent serait de savoir qu’une photo qu’ils ont publiée est utilisée pour usurper l’identité de leur enfant. Dans certains cas plus graves encore, des parents ont découvert que des fichiers leur échappaient vers les réseaux les plus sombres du web (pédopornographie, forums pédophiles, etc.).
Selon le Conseil français des associations pour les droits de l’enfant (COFRADE) : « La prédation en ligne est favorisée par certaines pratiques des jeunes et des parents eux-mêmes qui ignorent ou sous-estiment les risques de leur exposition sur Internet.»




Les médias peuvent contenir des informations que vous ne souhaitez pas partager. Il peut s’agir par exemple de coordonnées GPS inscrites dans les métadonnées d’une photo. Ces données révèlent, entre autres, l’heure et le lieu où la photo a été prise.

Conseils

Vous pouvez facilement supprimer ces informations confidentielles d’un média. Quelques ressources :
- Arrêter et supprimer les métadonnées de localisation dans Photos sur iPhone
- Supprimer les métadonnées des images (sur Mac et Windows)
- Supprimer les données EXIF d’un appareil photo

La construction de l’identité numérique d’un mineur sans son consentement peut porter atteinte à sa vie privée. À l’âge de 13 ans, un enfant apparaîtrait sur 1300 photos en ligne, qu’il y consente ou pas. Pour remédier à cette surexposition souvent maladroite, une proposition de loi a été votée à l’Assemblée nationale le 10 octobre 2023. Ce texte vise à garantir le respect du droit à l’image des enfants, en précisant que l’avis de l’enfant doit être pris en compte, et que l’autorité des deux parents s’exerce au moment de partager un contenu privé.

Publier une photo de ses enfants : les bonnes pratiques à retenir

Le temps des albums photos est révolu, et il serait utopique d’interdire le partage de souvenirs sous format numérique à notre époque. Il convient toutefois de prendre quelques précautions pour préserver ses enfants.


Privilégier les e-mails et les messageries privées

Selon un rapport du commissaire à l’enfance sur la collecte et le partage des données relatives aux enfants, 22 % des parents permettent à des inconnus d’accéder à leurs publications sur Facebook. Pour partager un souvenir sur lequel votre enfant apparaît, il est donc recommandé d’utiliser un outil de messagerie privée comme un groupe WhatsApp familial.


Sécuriser ses profils sur les réseaux sociaux

Une bonne pratique consiste à limiter l’accès à votre profil et la visibilité de vos publications grâce aux paramètres de confidentialité sur chaque réseau social. Vous pourrez ainsi décider qui peut voir ce que vous postez, désactiver le partage de vos publications, ou encore bloquer certaines personnes qui vous suivent dont vous ne connaissez pas l’identité.


Anonymiser les photos partagées en ligne

Si vous publiez sur les réseaux sociaux, évitez de montrer le visage de l’enfant (il est possible de le cacher avec un emoji) ou de mentionner son prénom. Dans l’idéal, conservez uniquement les photos prises de loin ou en groupe en faisant un tri dans les publications que vous souhaitez conserver. En cas de doute avant ou après une publication, consultez en premier lieu l’autre parent ou votre entourage.

À savoir :

Si vous constatez qu’une photo a été partagée sans votre consentement et que vous souhaitez la faire retirer, il convient de s’adresser au réseau social dans le cadre de votre droit à l’effacement. Dans le cas où votre demande ne serait pas prise en compte, vous pouvez adresser une plainte à la CNIL.

Expliquer le consentement au partage et la notion d’identité numérique à ses enfants

Chaque mineur possède un droit au respect de la vie privée, dont il doit être informé lorsqu’il est en âge de comprendre. C’est également l’occasion de l’informer sur la notion de trace numérique, afin qu’il mesure ce qu’implique le partage de sa vie privée sur Internet.


visuel-paysage.png


Vous êtes-vous déjà demandé ce que votre enfant regarde sur les réseaux sociaux ? Ce qu’il fabrique toute la journée avec son smartphone ? Pas si simple de le savoir précisément… Découvrez notre défi familial pour apprendre, toujours en s’amusant, les bonnes pratiques sur les réseaux !


Usages numériques
Article

24 heures dans la vie d'une famille connectée

15.02.2017
Vie privée
Fiche pratique

Maîtriser sa vie numérique sur les réseaux sociaux

05.02.2023
parents-ados_maitriser_sa_vie_numerique_sur_les_reseaux_sociaux_0.png
Usages numériques
Fiche pratique

Qui peut voir mes stories ?

5min
15.11.2020
mdm-fiche-pratique-qui-voit-mes-stories.png
Retour