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C’est quoi BeReal ?

5min
28.05.2024

L’application BeReal, créée par une start-up française, a toujours le vent en poupe ! Présentée comme plus authentique que d’autres réseaux sociaux, comment fonctionne-t-elle concrètement ?

« Tu as 2 minutes pour capturer un BeReal ! »

Ce message est reçu quotidiennement par près de 5 millions de français. Chaque jour, une notification est envoyée à un moment aléatoire à tous les utilisateurs en même temps. Un compte à rebours démarre, laissant deux minutes seulement pour lancer l’application afin d’immortaliser le moment en photo, en déclenchant l’appareil photo avant et arrière en simultané (Snapchat, TikTok et Instagram ont copié cette fonctionnalité). Peu importe ce que l’on est en train de faire, c’est l’algorithme qui décide du moment pour prendre son BeReal.

Un selfie et sa photo de contexte, une fois par jour : le concept de BeReal est de remettre de l’authenticité dans le partage sur les réseaux sociaux. Sur son site web, l’application promet une « dose quotidienne de vie réelle, des vraies connexions et des moments spontanés d’une vie réelle ». Elle encourage les gens à se montrer sous leur vrai jour, tels qu’ils sont, sans aucun filtre ni artifice.

Pendant ces deux minutes, il est impossible de voir le fil d’actualité de ses amis tant que sa propre photo n’est pas postée. L’application fonctionne donc sur un principe de réciprocité : pour voir les photos de ses amis, il faut d’abord poster soi-même. Et si la photo a été reprise plusieurs fois pendant les deux minutes, le nombre de tentatives sera visible.

Il existe bien une possibilité de prendre sa photo après le compte à rebours. Mais comme une sorte de sanction pour celui qui ne poste pas à l’heure, la communauté de l’utilisateur en sera informée grâce à une mention « en retard » qui s’affiche à côté de la publication…

Une fois posté, le cliché est partagé avec ses amis, et chacun peut voir et réagir sous les publications de son fil d’actualité en mimant une expression à l’aide d’emojis (un pouce levé, en rigolant, avec un visage heureux ou surpris). Il ne s’agit pas de like à proprement parler, mais plutôt de réactions. Plusieurs options permettent à l’utilisateur de partager ses photos à un cercle plus élargi composé des amis de ses amis, ou à n’importe qui à travers le monde.

Retour sur la création de BeReal par deux développeurs français

Alors que la majorité des applications sociales sont chinoises ou américaines, la France peut désormais se targuer d’être à l’origine d’un réseau au succès international. Alexis Barreyrat et Kévin Perreau, deux jeunes français passés par l’école de développement 42, ont commencé à travailler sur BeReal fin 2019.

Le projet est lancé en 2020. Son but : créer une application simple qui sert à interagir avec son cercle proche, et non pas à se créer une fausse réalité pour gagner des followers. Après un démarrage discret, BeReal dépasse les 500 000 utilisateurs en 2021.

Une critique courante des réseaux sociaux est qu’ils incitent les utilisateurs à publier des photos qui créent une illusion de vie polie, pouvant conduire à un cercle vicieux de compétition sociale et d’estime de soi négative, en déformant la perception de la réalité par les utilisateurs. Les effets sont particulièrement prononcés chez les jeunes : une étude réalisée en 2023 a révélé que 57 % en contact avec les écrans.des lycéennes ont déclaré avoir ressenti de la tristesse ou du désespoir en 2021, contre 36 % dix ans auparavant. Bien qu’une partie de cette hausse puisse être attribuée à la pandémie de COVID-19, l’augmentation a également été corrélée à l’utilisation excessive de smartphones. BeReal, à sa manière, cherche à contrer cet effet néfaste des réseaux sociaux.

Parentalité numérique
Article

Faut-il interdire les écrans à nos enfants ?

Parents, une préoccupation grandissante habite sans doute votre esprit : la surexposition de vos enfants aux écrans.

La hausse de notre dépendance au numérique est une tendance lourde, internet et les réseaux sociaux semblent désormais incontournables dans notre quotidien. Les moments de calme, d’ennui ou d’attente sont vite noyés dans un flux d’informations, de messages et de vidéos. Selon l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), la majorité des Français de 12 ans et plus est incapable de se passer d’Internet plus d’une journée sans ressentir de manque.

À quel point les jeunes enfants sont-ils concernés ? Quels sont les impacts et les solutions face à ces enjeux ?

Ici, nous vous proposons de faire le point sur les risques de la surexposition aux écrans, mais également de vous conseiller et vous outiller pour agir et mieux protéger vos enfants face à ces menaces. En adoptant des pratiques plus saines et équilibrées, à la portée de toutes et tous, nous chercherons à accompagner les plus jeunes à grandir et construire un avenir numérique plus sain et équilibré.

Les risques à connaître

L’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne des jeunes générations suscite de plus en plus d’inquiétudes en matière de santé publique.

De la tablette à la télévision en passant par le smartphone, les écrans sont devenus des compagnons pratiques mais envahissants. En effet, les Français passent en moyenne 5h25 chaque jour connectés à Internet. La diminution de la consommation de l’écran unique, à savoir celui de la télévision, laisse place à un univers multi-écrans où le petit écran règne néanmoins en maître. Dès l’âge de 5 ans et demi, 98 % des enfants se tournent vers la télévision, 54 % s’adonnent à des jeux sur tablette ou ordinateur, et 26 % utilisent un smartphone au moins une fois par semaine.

Cette utilisation parfois jugée excessive entraîne des préoccupations relatives à la santé des jeunes, notamment pour leur développement physique et psychologique. Il est essentiel d’examiner et de comprendre ces risques, afin de mettre en place des stratégies préventives et d’assurer leur bien-être sans pour autant les couper du monde.

Un impact sur la forme physique et le sommeil : En période scolaire, les enfants et adolescents ont un besoin crucial de sommeil, celui-ci jouant un rôle prépondérant dans l’équilibre psychosocial et la consolidation de la mémoire. S’exposer aux écrans au-delà d’une heure après le dîner peut être à l’origine de troubles du sommeil.

Selon une analyse du Réseau Morphée réalisée auprès d’adolescents franciliens :

  • 17,8 % des adolescents sont insomniaques,
  • 45 % ont des sommeils non reposants,
  • 40 % sont en restriction de sommeil
  • 20 % expérimentent une privation de sommeil

L’usage des écrans durant la nuit est très étroitement lié à ces troubles, même lorsqu’il est bref, et la relation est proportionnelle : le risque s’accroît avec l’augmentation de la durée d’utilisation nocturne des écrans.

D’autres conséquences physiques de la surconsommation d’écrans, parfois directement liées au manque de sommeil, en découlent. Les cas de fatigue oculaire, migraines et surpoids sont également en augmentation chez notre jeune population.

L’altération de la capacité cérébrale : les enfants passant plus de deux heures par jour sur les écrans verraient leurs capacités cognitives (langage, mémoire, réactivité, temps de concentration, etc.) diminuer par rapport à ceux dont l’exposition est limitée.

Michel Desmurget, auteur de l’ouvrage coup de poing intitulé La Fabrique du crétin digital, emploie même le terme de « décérébration à grande échelle » lors d’une interview publiée dans le journal Le Monde en 2019.

Certaines conséquences psychologiques sont directement liées. Il est désormais prouvé que les réseaux sociaux peuvent altérer la santé mentale des jeunes utilisateurs. Pour explorer davantage ce sujet, vous pouvez consulter notre article Réseaux sociaux : la santé mentale de nos enfants en péril ?

02.10.2023

BeReal en chiffres :

  • 119 millions de téléchargements (Play store et Apple Store) dans le monde depuis 2020, dont plus de 9 millions en cumulé en France (source : data.ai).
  • De 2,8 millions d’utilisateurs mensuels en novembre 2022 à 4,6 millions en novembre 2023.
  • 25 millions d’utilisateurs dans le monde.
  • 43% des utilisateurs ont entre 16 et 25 ans.

Un concept à contre-courant : prendre le moins d’attention et de temps possible à ses utilisateurs

« Be Real » signifie « sois authentique » en français. Cette injonction à se montrer sous son vrai visage prend ainsi à contrepied les habitudes que nous avons prises sur les autres plateformes. Sur Instagram, tout est beau et lisse. Sur TikTok, les personnes avec un talent particulier cumulent le plus de vues. Sur BeReal, tout est capturé sur le vif, et l’application permettrait de décomplexer le fait d’avoir une vie ordinaire.

Son succès s’explique donc notamment par l’absence de mise en scène. Bien que cela puisse être frustrant de ne pas pouvoir retoucher ses photos, on s’habitue rapidement à apprécier d’être libéré de la course à la perfection habituelle sur les réseaux.


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Connaissez-vous vraiment les réseaux sociaux ? Faites le test et reprenez la main sur votre identité numérique !


Être authentique, oui ! Mais à quel prix ?

Si Be Real permet aux utilisateurs de partager leur vie telle qu’elle est, l’application n’est pas sans conséquences.

En effet, avec Be Real, un nouveau rituel social a vu le jour. À n’importe quelle heure de la journée, les utilisateurs sont invités à abandonner leur activité en cours. Si la photo est spontanée, cette application bouscule aussi nos vies professionnelles, sociales ou familiales et peut aller à contre-courant du droit à la déconnexion numérique et mentale.

Gratuite, sans publicité, mais pour combien de temps ?

Depuis ses débuts, BeReal ne gagne pas d’argent. Aucun système d’abonnement, pas de publicité, seules les levées de fonds (30 millions, puis 60 millions de dollars en 2022) ont permis aux fondateurs et leur soixantaine de salariés de se rémunérer. Ce système est-il pérenne ? Absolument pas.

Dans une interview pour Business Insider en février 2024, les employés ont été informés qu’il restait environ 10 mois de trésorerie à la société. C’est en quelque sorte la rançon du succès d’une application avec un tel taux de rétention et une croissance exponentielle dans les pays développés. Les serveurs coûtent cher pour satisfaire les 25 millions d’utilisateurs qui se connectent chaque jour.

Tôt ou tard, la question se posera de l’avenir d’un tel modèle économique à l’avantage exclusif des utilisateurs. BeReal peut-il devenir payant ? Les données seront-elles exploitées ? L’application sera-t-elle vendue à un concurrent souhaitant tuer le projet ? Il va de soi que d’importantes décisions, ou une évolution majeure du réseau social, feront sûrement parler de BeReal très prochainement.

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