Faut-il interdire les écrans à nos enfants ?
Parents, une préoccupation grandissante habite sans doute votre esprit : la surexposition de vos enfants aux écrans.
La hausse de notre dépendance au numérique est une tendance lourde, internet et les réseaux sociaux semblent désormais incontournables dans notre quotidien. Les moments de calme, d’ennui ou d’attente sont vite noyés dans un flux d’informations, de messages et de vidéos. Selon l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), la majorité des Français de 12 ans et plus est incapable de se passer d’Internet plus d’une journée sans ressentir de manque.
À quel point les jeunes enfants sont-ils concernés ? Quels sont les impacts et les solutions face à ces enjeux ?
Ici, nous vous proposons de faire le point sur les risques de la surexposition aux écrans, mais également de vous conseiller et vous outiller pour agir et mieux protéger vos enfants face à ces menaces. En adoptant des pratiques plus saines et équilibrées, à la portée de toutes et tous, nous chercherons à accompagner les plus jeunes à grandir et construire un avenir numérique plus sain et équilibré.
Les risques à connaître
L’omniprésence des écrans dans la vie quotidienne des jeunes générations suscite de plus en plus d’inquiétudes en matière de santé publique.
De la tablette à la télévision en passant par le smartphone, les écrans sont devenus des compagnons pratiques mais envahissants. En effet, les Français passent en moyenne 5h25 chaque jour connectés à Internet. La diminution de la consommation de l’écran unique, à savoir celui de la télévision, laisse place à un univers multi-écrans où le petit écran règne néanmoins en maître. Dès l’âge de 5 ans et demi, 98 % des enfants se tournent vers la télévision, 54 % s’adonnent à des jeux sur tablette ou ordinateur, et 26 % utilisent un smartphone au moins une fois par semaine.
Cette utilisation parfois jugée excessive entraîne des préoccupations relatives à la santé des jeunes, notamment pour leur développement physique et psychologique. Il est essentiel d’examiner et de comprendre ces risques, afin de mettre en place des stratégies préventives et d’assurer leur bien-être sans pour autant les couper du monde.
Un impact sur la forme physique et le sommeil : En période scolaire, les enfants et adolescents ont un besoin crucial de sommeil, celui-ci jouant un rôle prépondérant dans l’équilibre psychosocial et la consolidation de la mémoire. S’exposer aux écrans au-delà d’une heure après le dîner peut être à l’origine de troubles du sommeil.
Selon une analyse du Réseau Morphée réalisée auprès d’adolescents franciliens :
- 17,8 % des adolescents sont insomniaques,
- 45 % ont des sommeils non reposants,
- 40 % sont en restriction de sommeil
- 20 % expérimentent une privation de sommeil
L’usage des écrans durant la nuit est très étroitement lié à ces troubles, même lorsqu’il est bref, et la relation est proportionnelle : le risque s’accroît avec l’augmentation de la durée d’utilisation nocturne des écrans.
D’autres conséquences physiques de la surconsommation d’écrans, parfois directement liées au manque de sommeil, en découlent. Les cas de fatigue oculaire, migraines et surpoids sont également en augmentation chez notre jeune population.
L’altération de la capacité cérébrale : les enfants passant plus de deux heures par jour sur les écrans verraient leurs capacités cognitives (langage, mémoire, réactivité, temps de concentration, etc.) diminuer par rapport à ceux dont l’exposition est limitée.
Michel Desmurget, auteur de l’ouvrage coup de poing intitulé La Fabrique du crétin digital, emploie même le terme de « décérébration à grande échelle » lors d’une interview publiée dans le journal Le Monde en 2019.
Certaines conséquences psychologiques sont directement liées. Il est désormais prouvé que les réseaux sociaux peuvent altérer la santé mentale des jeunes utilisateurs. Pour explorer davantage ce sujet, vous pouvez consulter notre article Réseaux sociaux : la santé mentale de nos enfants en péril ?
Réseaux sociaux : la santé mentale de nos enfants en péril ?
Les troubles psychologiques affectant les enfants et les adolescents en hausse ces dernières années nous ouvrent les yeux sur les revers de l’accès toujours plus précoce aux outils numériques. Nous savons désormais que les réseaux sociaux peuvent avoir une part de responsabilité importante sur la santé mentale dégradée des jeunes utilisateurs.
Les nombreuses applications sociales installées dans notre téléphone font partie intégrante de notre vie. Depuis plusieurs années, nous découvrons que les conséquences néfastes pour le bien-être moral et l’équilibre psychologique se sont exacerbées, notamment à cause de l’isolement provoqué par les confinements à répétition lors de la pandémie de Covid-19.
Bien que les réseaux sociaux soient de formidables outils de divertissement et de maintien du lien social, nous nous intéressons dans cet article aux menaces qu’ils font peser sur un public jeune, parfois vulnérable, peu conscient du danger et des aides existantes pour une utilisation raisonnable et éclairée.
Que savons-nous de l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents ?
Les réseaux sociaux sont responsables d’une aggravation des problèmes de santé. Ce constat est celui de nombreuses études menées ces dernières années par un large panel de professionnels de la santé mentale, de neurosciences ou encore de psychologie comportementale. Aux Etats-Unis, il a par exemple été prouvé que l’augmentation du temps passé à utiliser les plateformes sociales durant la période de pic du Covid-19 a été associée à des symptômes d’anxiété et de dépression.
Pourtant, il est aussi reconnu que les interactions et relations sociales sont un élément crucial de la protection de notre santé mentale. La quantité et la qualité de celles-ci influencent nos croyances, nos pensées, nos comportements et même notre santé physique. Dès lors, comment se fait-il que des outils gratuits, accessibles en un clic, dont le but est de multiplier et faciliter nos interactions avec les autres, puissent causer de tels dommages ?
Une consommation à outrance qui nous dérègle
L’utilisation des réseaux sociaux active le système de récompense du cerveau en libérant de la dopamine. Cette substance chimique est connue comme étant “l’hormone du bien-être" liée à des activités vécues comme agréables telles que manger, rencontrer quelqu’un, jouer à un jeu vidéo ou parier en ligne.
Cette libération de dopamine se produit également lors d’une consommation de stupéfiants. À l’instar d’une addiction à l’alcool ou à la nicotine, l’utilisation des médias sociaux peut créer des sensations de manque. Les algorithmes qui régissent ces plateformes sont conçus pour créer une dépendance, ce que nous vous expliquons plus en détail dans cet article : Existe-t-il une « recette Netflix » pour nous rendre accrocs ?
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Agir pour modérer la connexion en cas d’utilisation excessive
Le problème de la surexposition aux écrans ne se résume pas uniquement à la durée d’utilisation. Il concerne aussi l’équilibre entre les diverses activités qui rythment la journée des plus jeunes.
Si vous remarquez que votre enfant consacre un temps que vous jugez problématique aux écrans, diverses stratégies peuvent être mises en œuvre pour modifier ses habitudes.
La règle 3-6-9-12
L’association e-Enfance, reconnue d’utilité publique, suggère de s’inspirer des préceptes du psychanalyste Serge Tisseron. Il recommande d’adapter les sources de divertissement numériques selon l’âge de votre enfant en suivant la règle 3-6-9-12 :
- pas de télévision avant 3 ans
- pas de jeux vidéo avant 6 ans
- pas d’internet sans surveillance avant 9 ans
- aucun accès aux réseaux sociaux avant 12 ans.
Instaurer des règles à domicile
Vous pouvez également fixer quelques règles, au moins à votre domicile, en instaurant des périodes et des espaces sans écrans. Exemples : pas d’appareil à table lors des repas, aucun écran après 22h30 ou avant de se rendre à l’école.
Proposer des alternatives
Afin de pallier une certaine frustration, voire une résistance, qui pourrait survenir avec ces nouvelles règles, il conviendrait de proposer des alternatives ludiques. Les rituels de déconnexion peuvent ainsi devenir des moments privilégiés en famille autour d’un jeu de société, d’une balade, ou d’une activité physique amusante.
Comme dans beaucoup de domaines, vous devrez sans doute, en tant que parents, vous astreindre à montrer l’exemple en limitant votre propre temps d’écran pour faire adopter ces nouvelles habitudes.
Un système de récompense peut aussi être imaginé pour encourager l’enfant à respecter ces limites, afin qu’il soit d’autant plus incité à s’impliquer et se responsabiliser dans cette démarche de déconnexion.
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