Pas d'écran avant 6 ans. Comment aider nos enfants à déconnecter ?
En France, les enfants de 5 ans passent en moyenne 1 heure 30 par jour devant un écran.
Tablettes, smartphones, télévision… Les écrans font aujourd’hui partie de nos vies et peuvent nous offrir quelques minutes de répit (nécessaire) en captant l’attention de nos enfants.
Dans ce contexte, la récente recommandation “zéro écran avant 6 ans” de la Société Française de Pédiatrie a suscité de vives réactions et soulevé des questions légitimes en provenance de parents confus, voire désœuvrés. Comment occuper, sans dessin animé, un enfant de 3 ans et plus un dimanche pluvieux, en nous permettant d’accomplir la longue liste de tâches qui nous revient ? Que proposer aux jeunes passagers qui s’ennuieraient lors d’un long trajet en voiture ? Ou encore, comment tenir face aux regards réprobateurs de celles et ceux qui, au restaurant ou dans les transports, préféreraient que vous cédiez en donnant votre téléphone à votre enfant, pour qu’il arrête de pleurer ?
Cette fiche pratique vous accompagnera face à ces défis du quotidien en vous donnant des outils concrets mais aussi des conseils adaptés à chaque tranche d’âge pour créer un environnement stimulant pour vos enfants, loin des écrans !
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“Pas d’écran avant 6 ans" : une règle discutée depuis longtemps
Aviez-vous entendu parler de la recommandation de la Société Française de Pédiatrie, “pas d’écran avant 6 ans” ? Que vous soyez ou non informé de ce nouveau slogan, faisons le point… Cette recommandation a été lancée pour alerter sur le danger des écrans. Dans un texte envoyé au gouvernement, elle dénonce les effets délétères des écrans sur le développement cérébral des enfants et appelle à un renforcement des recommandations actuelles.
À l’origine : la règle 3-6-9-12 :
Cette approche n’est pas nouvelle. En 2008, le psychiatre Serge Tisseron popularise la règle des “3-6-9-12”, qui est devenue une référence en matière d’éducation numérique.
- Pas d’écran avant 3 ans
- Pas de console de jeu avant 6 ans
- Pas d’Internet avant 9 ans : et quand l’enfant commence à naviguer, il doit toujours être accompagné d’un adulte, de manière à intégrer certaines règles essentielles, telles que la distinction entre l’intime et le public, ou bien encore la notion de point de vue.
- Pas d’internet seul avant 12 ans : l’accompagnement des parents est ici primordial pour définir avec l’enfant des règles qu’il est en mesure de comprendre et d’intégrer, et et l’inciter à adopter une pratique responsable et mature du numérique, en toute autonomie.
Depuis, cette recommandation divise. D’un côté, des études alertent sur les risques d’une exposition précoce. De l’autre, certains spécialistes prônent un usage raisonné plutôt qu’une interdiction totale.
Mais dans un monde hyper-connecté, vous pourriez vous demander à juste titre ce qui justifie scientifiquement ces précautions.
La réponse se trouve dans le développement particulier du cerveau. Entre 0 et 5 ans, le cerveau de votre enfant se développe à une vitesse impressionnante. Pour que ce “câblage neuronal” se fasse correctement, votre enfant a besoin d’interactions réelles et sensorielles avec son environnement physique : découvrir, toucher, échanger avec vous… Malheureusement, l’écran, lui, ne réagit pas quand votre enfant fronce les sourcils, tend la main ou pose une question ! Résultat : votre enfant peut parfois rester scotché pendant de longues minutes sans que son cerveau ne travaille vraiment, dans ce qu’on appelle “l’état d’hypnose télévisuelle”.
C’est aussi pendant la petite enfance que l’on commence à appréhender le fonctionnement du monde qui nous entoure et à gérer ses émotions. Les écrans, qui montrent un univers parfois très différent du nôtre, peuvent perturber cet apprentissage fondamental.
Des impacts concrets sur le quotidien de votre enfant :
- Sur le sommeil : vous l’avez peut-être remarqué, après un écran, votre enfant met plus de temps à s’endormir et dort moins bien. La lumière bleue des écrans trompe en fait son cerveau en retardant la production de mélatonine : l’hormone du soleil.
- Sur l’attention : les écrans changent d’image en permanence et votre enfant s’habitue à cette sur-stimulation. Il aura ainsi plus de mal à se concentrer sur une activité “calme” comme un livre ou un puzzle.
- Sur l’humeur : vous avez sûrement vécu la crise de votre enfant quand vous éteignez l’écran… C’est normal ! Son cerveau a libéré de la dopamine, l’hormone du plaisir, pendant le visionnage. L’arrêt brutal crée alors un manque similaire à celui d’une drogue douce.
- Sur les relations sociales : plus votre enfant passe de temps devant un écran, moins il interagit avec sa famille. Or, c’est dans ces moments qu’il apprend à décoder les émotions, à échanger et à développer son empathie.
Si malgré tout vous décidez d’introduire quelques écrans, autant savoir quels contenus privilégier, car tous ne se valent pas !
- Privilégiez les contenus de qualité : les livres numériques peuvent être un bon compromis s’ils restent proches du livre papier, sans animations excessives. Restez également méfiants face au marketing “éducatif”. Un vrai contenu éducatif laisse du temps à l’enfant pour réfléchir, ne le sur-stimule pas, et l’encourage à explorer le monde réel.
- Attention aux écrans interactifs : Les tablettes et smartphones sont plus captivants que la télévision grâce à leur interactivité. Certaines applications peuvent avoir un intérêt, mais attention à l’effet addictif du “swipe” qui pourrait “hypnotiser” votre enfant.
Comment aider son enfant à déconnecter ?
D’un côté, il y a cette recommandation claire : pas d’écran avant 6 ans. De l’autre, il y a la vie (la vraie) et le choix que vous peut-être avez fait d’équiper votre enfant d’un smartphone ou d’une tablette, que ce soit pour l’occuper les jours de pluie, ou pour communiquer avec lui à distance.
Alors, vous vous demandez peut-être, comment l’aider à déconnecter ? Entre les recommandations des experts et la réalité du quotidien familial, il y a parfois de grandes différences… Pas de panique, vous trouverez ici des conseils concrets pour vous aider au quotidien.
Définir des règles claires (et s’y tenir !)
- Des créneaux fixes si les écrans sont autorisés : si vous décidez d’autoriser les écrans, fixez des moments précis plutôt que de céder aux demandes impulsives. Vous verrez très vite le résultat ! Votre enfant apprendra la patience et vous éviterez les négociations permanentes. D’ailleurs, pensez toujours à vérifier ce que regarde votre enfant !
- Pas d’écran pendant les repas (pour toute la famille) : instaurez la règle du “zéro écran à table”. Créez par exemple une “boîte à téléphones” où vos enfants, et vous-même, déposeront leur téléphone ou écran avant et pendant toute la durée des repas. Si la transition peut être un peu compliquée au début, votre enfant associera vite repas et discussions en famille !
- Pas d’écran une à deux heures avant le coucher : cette règle aide votre enfant à se préparer naturellement au sommeil. Remplacez ce temps par une activité ou un rituel apaisant, comme lire un livre, dessiner ou s’occuper des plantes ou animaux de la maison. Votre enfant s’endormira plus facilement et vous retrouverez des soirées plus sereines.
Donner l’exemple (le plus difficile !)
- Expliquez les règles plutôt que de les imposer et adaptez progressivement les règles selon l’âge de l’enfant et sa maturité.
- Évitez également d’utiliser en permanence votre téléphone avec votre enfant. Si vous instaurez des moments sans écran, respectez-les aussi. Votre cohérence renforcera l’acceptation des règles !
- Communiquez sur vos propres difficultés : n’hésitez pas à parler avec votre enfant de l’usage du téléphone. Cela humanisera les règles, tout en montrant que la déconnexion est certes un défi pour tous, mais qu’elle présente de nombreux avantages !
Des activités alternatives pour tous les âges !
- Entre 0 et 2 ans : livres en tissu ou cartonnés à manipuler, jeux d’éveil musical, boîtes ou hochets avec différentes textures, activités pour développer la motricité fine…
- Entre 2 et 5 ans : coloriage, pâte à modeler, puzzles, jeux de construction très simples, lecture accompagnée…
- Entre 5 et 10 ans : activités manuelles plus complexes (découpage et peinture), lecture en autonomie, jeux de construction, activités surveillées avec d’autres enfants….
- 10 ans et plus : projets plus créatifs, activités sportives, jeux de société, sorties culturelles…
Comment gérer les moments difficiles ?
Sur le papier, la déconnexion ne semble avoir que des avantages. Mais dans la vraie vie, c’est une autre histoire… Alors nous vous avons préparé une véritable boîte à outils de situations “délicates” (ne nous remerciez pas, c’est cadeau !) et de techniques pour y faire face en toute sérénité !
Les crises et les négociations :
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Mon enfant fait une crise quand j’éteins la tablette, que faire ? C’est normal ! Prévenez toujours votre enfant avant : “Dans 5 minutes, on éteint”. Si besoin, vous pouvez aussi utiliser un minuteur qui permettra à votre enfant de mieux visualiser et d’anticiper la situation. Préparez également une activité attractive pour remplacer la tablette et restez ferme mais bienveillant face à la colère. Ne vous inquiétez pas, la crise est normale et votre enfant apprendra progressivement à gérer cette transition.
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Mon enfant négocie sans arrêt : “encore 5 minutes”, “juste un épisode”… Fixez vos règles à l’avance et tenez-vous-y. “Non” veut dire “non”, même si c’est difficile. Plus vous céderez, plus les négociations seront intenses la prochaine fois et moins les règles fixées pour son bien seront respectées.
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Mon enfant me répète qu’il s’ennuie. Que faire ? Anticipez en proposant des activités avant que l’ennui ne s’installe. Créez par exemple une “boîte à activités” adaptée selon l’âge : puzzles, livres, déguisements… Et n’hésitez pas à accompagner votre enfant (par exemple, en dessinant au début avec lui, ou en lui lisant un livre).
Les urgences du quotidien :
- J’ai besoin de 30 minutes pour préparer le dîner ou pour me reposer. Est-ce que c’est grave si je démarre un dessin animé ? Essayez d’abord les alternatives : pâte à modeler, coloriages, jouets… Si l’écran vous semble vraiment nécessaire, choisissez un contenu adapté, essayez de rester dans la même pièce et limitez à 20-30 minutes maximum. Et surtout, ne culpabilisez pas ! Vous avez le droit d’avoir des besoins aussi.
Gérer son entourage :
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Mes (beaux) parents ne respectent pas mes règles… Que faire? Expliquez calmement à vos parents ou beaux-parents vos choix, sans culpabiliser. Proposez leur aussi des activités alternatives qu’ils pourront partager, comme des livres ou des jeux de société. Si c’est trop compliqué pour eux, acceptez aussi que les règles soient un peu différentes chez eux, mais maintenez vos principes à la maison.
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Mon/ma partenaire ne suit pas les mêmes règles que moi… Discutez-en avec lui ou elle en dehors de la présence de votre enfant. Trouvez des compromis et surtout, présentez un front uni. Les enfants ont besoin de cohérence entre leurs parents pour comprendre et appliquer les règles !
Pour finir, n’oubliez pas que la déconnexion de votre enfant ne pourra jamais se faire en un clin d’œil. L’idée est d’accompagner votre enfant, et de lui montrer l’intérêt des activités alternatives. Alors commencez progressivement, soyez cohérent et adaptez-vous à l’âge de votre enfant ! Et surtout, gardez en tête l’objectif : permettre à vos enfants d’appréhender le numérique et ses outils en toute sérénité, de manière à y puiser tout le potentiel qu’il représente, et en évitant ses écueils pour leur équilibre et leur santé.
Plus d'informations à retrouver ici :
24 heures dans la vie d'une famille connectée
Les Français passent un tiers de leur journée connectés à Internet. En fonction des âges, les usages et les équipements utilisés varient. Suivez le quotidien de trois membres fictifs d’une famille représentative de nos habitudes en ligne.
6h30, presque un tiers d’une journée. C’est le temps que les Français passent en moyenne chaque jour sur Internet. En plus d’établir ce chiffre, le premier Baromètre digital BNP Paribas-CSA Research, publié en novembre dernier, a cherché à comprendre comment nous surfons, sur quels sites et pour quels usages. Pour illustrer les conclusions de ce baromètre, nous avons imaginé une famille représentative des pratiques connectées en France, constituée de trois membres : Léa, l’adolescente hyperconnectée, son père Christophe, qui utilise Internet pour le travail autant que pour sa vie personnelle, et sa grand-mère Nicole. Voici le récit-fiction de leur journée.
Smartphone en main dès le réveil
7h00. Le réveil sonne. Léa, 17 ans, ouvre un œil et attrape son smartphone. Pas question de se lever avant de s’être connectée sur Facebook. 84% de ses amis sont inscrits sur ce réseau social, qui est l’application la plus utilisée par les mobinautes de tous âges. Comme 8 jeunes âgés de plus de 15 ans sur 10, autant dire tout le monde au lycée, elle ne peut pas envisager d’aller en cours sans avoir son smartphone dans la poche, et pour cause : c’est lui qu’elle utilisera principalement pour se connecter à Internet dans la journée. Pendant au moins 4 heures.
Avant de repousser la couette, Léa publie un selfie intitulé « pas envie d’aller en cours » sur Snapchat, le réseau social sur lequel la majorité de ses camarades sont inscrits, mais pas ses parents. Comme elle, 35% de ses camarades ont pris l’habitude de poster des photos d’eux sur les réseaux sociaux. Mais elle ne diffuse pas de clichés montrant ses proches. Seul un quart des jeunes le font.
Son père, Christophe, 47 ans, partage parfois quelques photos sur Facebook, mais c’est très occasionnel. Et comme près de la moitié des mobinautes, il restreint à ses seuls amis l’accès à ses images personnelles. Lui aussi débute sa journée sur son smartphone, mais il l’utilisera moitié moins de temps que sa fille au cours des prochaines 24 heures. Léa est de nouveau connectée, sur Instagram, pour poster une photo de la tenue vestimentaire qu’elle a choisi de porter ce jour-là.
En buvant son café, Christophe consulte une application de transport pour identifier le meilleur trajet pour se rendre à son premier rendez-vous client. Tout en évitant de préciser sa géolocalisation. Avant de se mettre en route, il consulte ses e-mails, usage fréquent pour la moitié des mobinautes, et il efface sans l’ouvrir ce courriel avec pièce jointe venant d’un expéditeur inconnu, pour éviter tout risque de piratage de ses données personnelles. Un coup d’oeil aux sites d’information, et il est temps de partir. Il attrape ses clés de voiture et son ordinateur portable professionnel, qui lui permettra de naviguer en ligne pendant 3 heures dans la journée. Après le déjeuner, de retour au bureau, il se connectera pendant 2h30, sur son ordinateur fixe cette fois, pour réaliser des opérations financières professionnelles. Entre deux dossiers, il consultera sa messagerie personnelle. Puis, comme trois utilisateurs professionnels sur dix, il utilisera Internet pour promouvoir son activité sur la page Facebook de l’entreprise, pour gérer ses déplacements professionnels, pour se tenir informé des meilleures pratiques dans son secteur, et pour stocker des fichiers. Il s’interdit de transférer des documents professionnels sur ses appareils personnels, par sécurité.
La journée au bureau touche à sa fin, et comme 20% des professionnels, Christophe s’accorde un moment au bureau pour traiter quelques affaires personnelles : gérer sa carrière sur LinkedIn, consulter son profil personnel sur Facebook, traiter une demande administrative ou encore faire un achat en ligne. Comme 97% des internautes qui possèdent un smartphone, Christophe est adepte du e-commerce. Il préfère ne pas enregistrer ses données bancaires sur les sites où il effectue ses achats, sauf sur ceux qu’il utilise souvent. Comme ce site de livraison de pizzas, où il passe commande pour le dîner du soir avec sa fille et sa mère, Nicole…
[* “97”, “des internautes qui possèdent un smartphone”, “achètent en ligne”, “” *]
De retour à la maison, il consulte son compte bancaire en ligne. Il fait pleinement confiance à sa banque pour garantir la sécurité de ses données – bancaires comme personnelles- plus encore qu’à son opérateur mobile. Mais il ne le fait pas n’importe où. Puis il se tourne vers sa tablette, qu’il utilise en moyenne 1h30 par jour pour lire les résultats sportifs ou se détendre en jouant à Candy Crush. Le « social gaming » séduit à tout âge ! Pendant ce temps, Léa est rivée à l’ordinateur familial. Comme 8 jeunes de moins de 25 ans sur dix, elle se rue sur Internet pour regarder la télévision et télécharger des films, des livres ou de la musique, ou pour regarder des films en streaming. Mais ce soir-là, elle suit un MOOC pour développer ses connaissances en dehors de l’école sur les sujets de son choix. Un quart de ses camarades sont inscrits à ces cours en ligne gratuits.
Internet n’est pas invité à table, si ce n’est dans la conversation.
La grand-mère, Nicole, estime que les risques sur Internet se sont accrus au cours des dix dernières années, et Léa acquiesce. Christophe, lui, fait partie des 10% de Français qui pensent que la Toile est devenue plus sûre. On parle « anti-virus » (qui oserait surfer sans en avoir un?), « paramètres de confidentialité », « historique de navigation », « géolocalisation » et « cookies ». Personne ne se demande s’il est question du dessert. Ces mots sont connus par 8 à 9 Français sur 10. D’autres restent mystérieux.
Léa explique donc à Nicole le concept du « phishing », le protocole de paiement sécurisé « https », et les avantages du « cloud ». Seuls 35% des Français utilisent cette solution de stockage, plébiscitée par près de la moitié des jeunes. Nicole se demande où sont stockées les photos que l’on poste sur les réseaux sociaux, et personne ne sait exactement. Par une anecdote, chacun raconte avoir pris des risques pour sa sécurité en ligne : Léa reconnaît s’être connectée à des sites inconnus avec ses identifiants Facebook, Nicole avoue utiliser le même mot de passe pour tous les comptes qu’elle crée et Christophe admet qu’il ne lit jamais les conditions d’utilisation avant de les accepter. On se promet d’être plus vigilants en découvrant les chiffres du piratage en ligne : un Français sur six et une entreprise française sur dix en ont été victimes au cours de l’année écoulée. Les trois convives s’accordent sur la nécessité de désactiver un compte victime de piratage. Mais de là à avertir la police… Et personne ne songe à solliciter la Cnil, qui est pourtant l’organisme chargé de protéger les citoyens sur Internet.
Le dîner terminé et Nicole partie, Léa se saisit de la tablette familiale pour acheter en ligne ce flacon de parfum qu’elle a découvert dans le tutoriel vidéo tout juste publié sur Youtube par sa blogueuse préférée, qui a le même âge qu’elle. La soirée touche à sa fin. Christophe récupère la tablette pour visiter quelques sites d’information avant d’éteindre les lumières. Léa est déjà couchée, mais pas déconnectée. Elle a tant de choses à raconter à ses amies par messagerie instantanée avant de s’endormir … avec son smartphone sur l’oreiller.
Sources complémentaires : Médiamétrie, Air of Melty
Comment gérer l’arrivée d’un téléphone pour ses enfants ?
“Maman, papa, tous mes amis ont un téléphone, quand est-ce que je pourrais en avoir un ?” Si vous êtes parent, vous avez probablement entendu cette phrase de nombreuses fois… Il est possible que vous ayez pris l’habitude de lui prêter occasionnellement votre téléphone pour voir une photo de la famille, pour jouer à un jeu ou regarder une vidéo. Ensuite, les demandes se sont faites de plus en plus pressantes, les comparaisons avec les camarades de classe se sont multipliées, et les négociations ont commencé…
Si vous vous sentez dépassé par cette situation, rassurez-vous : c’est parfaitement normal ! L’acquisition du premier téléphone représente aujourd’hui un véritable rite de passage et une étape symbolique entre l’enfance et l’adolescence.
Mais comment savoir si c’est le bon moment ? Comment choisir le bon appareil ? Et surtout, comment accompagner votre enfant dans cette découverte ? Suivez le guide !
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Le premier téléphone : une étape majeure de l’enfance à l’adolescence
En France, 9 enfants sur 10 âgés de 12 ans disposent déjà d’un smartphone au quotidien et la moyenne tourne aux alentours d’un premier téléphone à 11 ans. L’entrée au collège reste le moment le plus fréquent pour offrir un premier téléphone à son enfant.
En quelques années, nous sommes passés du simple téléphone “urgence” au smartphone ultra-connecté. Résultat : une pression sociale énorme s’est créée autour de cet objet. Les groupes de classe se forment sur WhatsApp, les photos de sorties circulent sur Instagram, les tendances se créent et se partagent sur TikTok… Et vous constatez que sans téléphone, votre enfant se sent parfois exclu.
En tant que parent, vous pensez peut-être aussi que cela pourrait être plus pratique pour le contacter après ses activités extra-scolaires, pour qu’il puisse vous appeler en cas de souci sur le chemin du collège, ou simplement pour faciliter l’organisation familiale au quotidien.
Bref, vous êtes perdus entre l’envie de faire plaisir à votre enfant, le besoin de sécurité, et l’inquiétude face aux risques du numérique. Pas de panique, cette hésitation est tout à fait légitime !
À noter : Depuis 2018, l’utilisation du téléphone portable est supposée être déjà interdite dans les écoles et collèges. À partir de la rentrée 2025, une “pause numérique” sera généralisée dans tous les collèges français : les élèves devront désormais déposer leur téléphone à l’entrée de l’établissement dans des casiers ou pochettes, et ne pourront le récupérer qu’à la fin de la journée.
Comment franchir le cap ?
Les bonnes questions à se poser avant l’achat
Avant de céder à la demande, il est essentiel de prendre le temps de la réflexion. Voici les questions clés à vous poser :
Sur la praticité du téléphone :
- Son souhait d’avoir un téléphone est-il principalement le fruit de la pression sociale subie à l’école ?
- Mon enfant a-t-il des activités qui justifient réellement d’avoir un téléphone ?
Sur la maturité de l’enfant :
- Mon enfant fait-il preuve de responsabilité ?
- Respecte-t-il les règles établies à la maison ?
- Est-il capable de gérer son temps d’écran actuel ?
Sur l’organisation familiale :
- Ai-je le temps nécessaire pour superviser ses premiers usages du téléphone ?
- Comment les autres enfants de la famille vont-ils réagir ?
Savoir quel téléphone choisir
Le choix du premier téléphone ne se résume pas à céder à la dernière tendance. Plusieurs options s’offrent à vous, chacune avec ses avantages selon l’âge et la maturité de votre enfant, et votre budget :
- Un téléphone classique : Idéal pour débuter, il permet uniquement de téléphoner et d’envoyer des SMS. Plusieurs options s’offrent à vous : des modèles comme The Phone qui conservent un design moderne, les téléphones vintage type Nokia 3310 réputés pour leur robustesse, ou encore les téléphones à clapet qui séduisent par leur simplicité d’usage. De bonnes options qui permettront une transition plus sécurisée vers la possession de son propre téléphone portable.
- Un smartphone d’occasion ou reconditionné : Plus économique et écologique, c’est un bon compromis qui vous permettra aussi de tester la responsabilité de votre enfant sans investir dans un appareil neuf coûteux.
- Un smartphone neuf : Si votre enfant fait preuve de maturité et que votre budget le permet, vous pouvez aussi choisir d’opter pour un modèle neuf. Essayez néanmoins de privilégier un téléphone d’entrée ou de milieu de gamme, plutôt que d’opter pour le dernier modèle à la mode. Cette approche présente plusieurs avantages : elle permet de limiter le côté “achat plaisir” en axant sur l’aspect fonctionnel du téléphone. De plus, un appareil moins onéreux réduit les risques de vol, qui augmentent avec la valeur du téléphone. Enfin, cela enseigne à votre enfant la notion de consommation responsable et de rapport qualité-prix.
Les critères pratiques à retenir :
- Possibilité de limiter les applications et le temps d’écran
- Service après-vente accessible
- Résistance aux chutes
- Autonomie suffisante pour une journée
- Interface simple et intuitive
Conseil : N’hésitez pas à impliquer votre enfant dans le choix du téléphone pour qu’il se sente responsable (et écouté !).
Pourquoi leur offrir un téléphone ?
Maintenant que vous avez une meilleure idée des enjeux, il est important de peser le pour et le contre avant de sauter le pas. Le téléphone peut apporter de vrais bénéfices, mais il faut aussi avoir conscience des risques pour prendre les bonnes décisions.
Les avantages :
-
Apprentissage numérique progressif et responsable : L’étape du premier téléphone permettra d’initier votre enfant au numérique de manière graduelle. Il apprendra également à gérer un objet personnel, à respecter les règles d’usage et à développer une relation saine avec la technologie, sans être submergé par les multiples fonctionnalités et tentations d’un smartphone.
-
Sentiment de sécurité pour les parents qui peuvent joindre leur enfant à tout moment, et pour les enfants qui peuvent contacter leurs parents ou une personne de confiance
-
Autonomie progressive de l’enfant et facilitation logistique pour toute la famille
-
Intégration sociale de l’enfant, qui pourrait se sentir exclu des conversations ou en décalage avec les codes de son groupe d’âge. (Car oui, les codes sociaux ont évolué et les “likes”, partages et réactions sont devenus des marqueurs d’amitié et d’appartenance…)
Inconvénients et risques à anticiper :
-
Addiction aux écrans, troubles du sommeil et isolement social du fait de l’hyper-connexion
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Exposition à des contenus inappropriés et cyberharcèlement : raison de plus pour être vigilant face à l’usage du téléphone et accompagner son enfant !
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Risques financiers liés aux achats intégrés ou aux forfaits mal maîtrisés
-
Perte ou casse fréquente chez les plus jeunes, vol (et risque d’agression associée), avec un coût non négligeable
Comment établir un cadre sain dès le départ ?
Vous avez décidé de franchir le cap et d’équiper votre enfant de son propre téléphone portable ? Le véritable défi commence maintenant.
S’il ne faut pas diaboliser cet outil, mais de l’intégrer de manière équilibrée dans le quotidien familial. En posant un cadre clair dès le départ, vous éviterez bien des conflits et aiderez votre enfant à développer un rapport sain au numérique.
Créer un “contrat” pour encadrer en famille l’usage du téléphone
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Horaires d’utilisation autorisés et lieux interdits : par exemple,interdiction de l’utiliser lors des repas et avant/après une certaine heure)
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Applications autorisées et interdites et usages encadrés : possibilité de paramétrer directement sur le téléphone à l’aide du contrôle parental les apps accessibles, mais aussi de limiter les temps d’usage de certaines d’entre elles, ou bien encore le temps d’écran global autorisé par jour
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Expliquer en amont les conséquences en cas de non-respect des règles
Maintenir le dialogue avec son enfant
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Expliquer les règles plutôt que de les imposer
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Adapter progressivement les règles selon l’âge de l’enfant et sa maturité
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Expliquer l’intérêt de parler d’une situation qu’il trouverait problématique ou de cyberharcèlement
Si possible : créer une dynamique collective avec les autres parents
-
N’hésitez pas à parler aux autres parents pour comprendre comment cela se passe dans les autres foyers : quelles règles ont-ils établies ? À quel âge ont-ils franchi le cap ?
-
Si possible et en parallèle avec l’enseignant, évoquer des règles communes pour que l’usage soit cohérent au sein d’une même classe
-
Créer un groupe de parents pour rester en contact et être rapidement informés en cas de problème touchant plusieurs enfants (contenu inapproprié, cyberharcèlement…)
En résumé, l’acquisition du premier téléphone n’est pas anodine. Elle marque une étape importante dans la vie de votre enfant et nécessite un accompagnement bienveillant mais ferme. En posant un cadre clair dès le départ et en maintenant le dialogue, vous l’aiderez à développer un rapport sain au numérique. N’oubliez pas : votre rôle de parent est essentiel pour guider votre enfant dans cette découverte technologique !
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