Facebook et Google connect : faut-il s'en méfier ?
Pour chaque pan de nos vies, il y a des applications… et toutes demandent la création d’un compte. Pour éviter de perdre ce temps, une solution est souvent proposée à l’utilisateur : se connecter grâce à un compte tiers préexistant.
Vous avez 15 minutes devant vous et vous décidez de faire du shopping sur internet. Vous tombez sur le pantalon de vos rêves mais avant de finaliser l’achat, vous devez vous connecter à votre compte. Le problème ? Vous n’en avez pas et vous n’avez pas le temps ou l’envie de remplir un énième formulaire d’inscription. C’est alors que vous apercevez le bouton «Facebook login» ou «Google Login». Vous sautez sur l’occasion, vous cliquez, vous achetez en quelques minutes, mais quid de vos données ?
Se connecter en deux temps trois mouvements
Nombre de sites web et d’applications mobiles (IOS/Android) proposent d’utiliser un compte tiers (Facebook, Google, Twitter, LinkedIn…) pour s’inscrire. Cette méthode est attractive car elle représente un gain de temps conséquent. Et surtout, c’est simple : pas de formulaire à remplir, pas d’adresse e-mail à authentifier, pas de nouveau mot de passe à créer. En plus de cela, à chaque nouvelle connexion, il suffira de se reconnecter avec le compte utilisé. Avec la multiplication des applications, sites marchands et réseaux, beaucoup optent pour la facilité de connexion offerte par ces fameux boutons Facebook et Google connect.
Dans notre vie numérique, nous choisissons souvent de prendre des raccourcis. Qui n’a jamais choisi un mot de passe simple comme «1234» ? Qui n’a jamais sauté la lecture des CGU (conditions d’utilisations) ? Il faut dire qu’il serait plus agréable de lire l’intégralité de Guerre et Paix… Mais force est de constater que la sécurité passe parfois après le gain de temps. Dans ce contexte, la connexion via un compte tiers est une pratique bien établie et pourtant, peu sont celles et ceux qui en connaissent les conséquences.
Quels avantages pour le site ou l’application ? En plus d’authentifier rapidement votre connexion à la plateforme, ce système lui permet de mieux vous connaître. En utilisant un compte tiers, vous acceptez de partager certaines des données qui y sont rattachées. Ainsi, le site remplit des objectifs commerciaux et marketing, et sera en mesure de vous proposer des offres plus pertinentes, ou bien encore de vous envoyer un message pour vous souhaiter un joyeux anniversaire.
C’est donc d’abord une pêche aux informations ! Mais pas de panique, pour chaque plateforme, vous gardez le contrôle sur les données que vous partagez. Pour Facebook, par exemple, vous pouvez [consulter depuis votre compte personnel] (https://www.facebook.com/settings?tab=applications)1 les informations que vous partagez actuellement avec des applications, et choisir de leur interdire l’accès aux données non nécessaires à leur fonctionnement.
En résumé, les plateformes obtiennent de nouveaux utilisateurs vérifiés sans avoir à sécuriser leurs données de connexion, tout en collectant des données personnelles utiles à leurs objectifs marketing et commerciaux. De votre côté, en plus d’une connexion facile, vous évitez d’apprendre un nouveau mot de passe.
Une connexion sécurisée avec de rares risques
Les limites de cette pratique se situent évidemment au niveau des données que l’on accepte de laisser circuler d’un compte à un autre. Si plusieurs applications sont liées à votre compte Facebook, le jour où la plateforme subit une faille de sécurité, les pirates auront accès à vos données. Heureusement, c’est extrêmement rare !
Mais c’est arrivé : en 2018, Facebook annonçait une brèche dans sa sécurité : des pirates auraient eu accès aux comptes de 50 millions d’utilisateurs. Le même réseau social ajoutait dans la foulée [n’avoir trouvé aucun indice qui puisse attester que les pirates aient eu accès aux comptes externes] (https://bit.ly/3jJaXpY)2. Néanmoins, [un article publié par l’informaticien Jason Polakis en août 2018] (https://www.cs.uic.edu/~polakis/papers/sso-usenix18.pdf)3 a analysé les différentes façons dont les pirates pourraient exploiter «Login With Facebook» , ainsi que d’autres types de connexions (par exemple, se connecter avec Google). Dans des expériences contrôlées, les auteurs de l’article ont pu :
- Accéder au compte Uber d’une cible, suivre ses trajets en temps réel et même donner un pourboire au chauffeur.
- Envoyer et recevoir des messages sur le compte Tinder d’une cible.
- Se connecter à certains comptes pourtant non associés au Facebook connect, simplement en utilisant la même adresse e-mail que celle associée à leur compte Facebook. Pour éliminer ce risque et dans ce cas très précis, les auteurs conseillent d’utiliser une adresse e-mail liée à aucun autre compte pour l’inscription à Facebook.
Alors finalement, faut-il laisser ses codes et ses informations dans les mains d’un géant tel que Facebook ? Il semble dangereux de connecter toutes vos applications à un même compte car vous mettez tous vos oeufs dans le même panier. Si Facebook est victime d’une cyberattaque, toutes les données de vos services liés sont susceptibles d’être exposées ! Ne vaut-il pas mieux prendre le temps de créer un compte ex nihilo sur une application que l’on utilisera peut-être ponctuellement ?
Même si cela peut paraître contre intuitif, la réponse est non. Il vaut mieux laisser ses informations à un géant capable de financer sa cybersécurité plutôt qu’à une application inexpérimentée insouciante des dangers du piratage. En outre, vous restez libres de révoquer l’accès de vos services liés à tout moment, et vous évitez d’avoir à créer un nouveau mot de passe, potentiellement peu sécurisé.
Une alternative à la méthode «Facebook Login»
Il se peut que vous n’ayez pas la possibilité de lier vos applications à vos comptes Facebook ou Google, ou bien tout simplement que vous préfériez créer un compte unique par service. Aucun problème mais il sera nécessaire de sécuriser au maximum votre connexion : préférez un mot de passe complexe et différent pour chaque compte. Si multiplier vos mots de passe vous fait peur, vous pouvez utiliser un gestionnaire de mots de passe. Ces logiciels enregistrent de manière sécurisée vos données de connexion mais aussi vos informations personnelles sur vos supports numériques. Il reste que cela revient à mettre ses œufs dans le même panier. Dès lors, pourquoi utiliser ces logiciels au lieu de s’inscrire via Facebook, Google ou LinkedIn ? Les gestionnaires de mot de passe sont conçus pour séparer chacun de votre compte même s’ils sont centralisés. Autrement dit, dans l’hypothèse où l’un de vos comptes est piraté, vos autres comptes ne seraient pas liés et donc pas touchés par ce premier piratage.
Finalement, avoir des données sur internet n’est pas un risque en soi. Il faut en avoir conscience et savoir comment les protéger. Alors n’hésitez pas à utiliser un gestionnaire de mots de passe comme [Keepass] (https://keepass.fr/)4. Pourquoi celui-ci ? Tout simplement parce qu’il est [certifié par l’Autorité nationale de sécurité informatique] (https://www.ssi.gouv.fr/entreprise/certification_cspn/keepass-version-2-10-portable/)5 et qu’il est régulièrement mis à jour.
Un autre outil incontournable : la double identification. Aujourd’hui, nombreux sont les services qui proposent une connexion en deux étapes. Autrement dit, pour vous connecter, vous devrez montrer au moins deux preuves d’identité distinctes comme un mot de passe et un code reçu sur votre mobile ou votre adresse e-mail. Vous l’aurez compris, cette méthode renforce d’une étape la sécurité de vos comptes.
En guise de conclusion, retenez les conseils suivants :
- utilisez des mots de passe complexes et différents pour chacun de vos comptes
- ayez recours à la double identification quand c’est possible
- vous pouvez utiliser «Facebook Login» mais ne négligez pas les deux points précédents.
1 [Facebook : vérifiez quelles sont les applications associées à votre compte] (https://www.facebook.com/settings?tab=applications)
2 [Mise à jour des connexions Facebook] (https://bit.ly/3jJaXpY)
3 [O Single Sign-Off, Where Art Thou?] (https://keepass.fr/), The Advance Computing System Association
4 [Keepass] (https://keepass.fr/), sur Keepass
5 [Site de l’Anssi] (https://www.ssi.gouv.fr/entreprise/certification_cspn/keepass-version-2-10-portable/), sur Anssi
Yuka : l'application qui change nos habitudes alimentaires
Les crises sanitaires et les enjeux environnementaux ne cessent de nous interroger sur notre manière de nous nourrir et de produire. L’application Yuka ambitionne de faire de nous des consomm’acteurs…
Se nourrir, prendre soin de son corps, mieux consommer de manière générale sont devenus des préoccupations essentielles pour de plus en plus de gens. Dans ce sens, plusieurs applications mobiles ont été créées dans le but d’éclairer nos choix. Yuka est l’une d’entre elles.
Son succès auprès des consommateurs est tel que son influence a fini par toucher les secteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution. Pour ne pas perdre en attractivité auprès de leurs clients, les entreprises sont contraintes d’apporter des réponses en améliorant leurs produits. Mais quelle est l’étendue de cette influence ?
Yuka, qu’est-ce que c’est ?
La société Yuka SAS tire son nom d’un État du sud du Mexique, Yucatán - le pays d’origine de l’épouse d’un des trois fondateurs : Julie Chapon, François et Benoît Martin. C’est en 2017 que ces 3 français lancent cette entreprise qui revendique aujourd’hui 21 millions d’utilisateurs. Sa spécialité ? L’évaluation des produits de consommation !
Comment ça marche ? L’application utilise une nomenclature minimaliste pour simplifier sa prise en main par le consommateur. Chaque produit peut être scanné directement par le consommateur en pointant l’appareil photo de son téléphone sur son code barre. Le produit se voit alors assigner un code couleur suivant sa qualité. Plus le score est élevé, plus le produit est censé être bon : vert foncé signifie «excellent», vert clair «bon», orange «médiocre» et rouge, «mauvais».
Pour être plus précis, la notation s’étend à trois critères :
60 % du score est déterminé par la qualité nutritionnelle. Elle est calculée sur la méthode de calcul du nutri-score (guide de comparaison des produits selon leur catégorie) développée par le ministère de la Santé. La teneur en énergie, en sel, en sucre ou en gras sont autant de variables prises en compte.
Ensuite, 30% représente la présence d’additifs.
Enfin, 10 % évaluent la qualité biologique selon le label bio européen.
Si le score d’un produit est mauvais, Yuka va jusqu’à rediriger son utilisateur vers un produit semblable, censé être meilleur et disponible dans le commerce. Pour résumer, Yuka permet en un scan de connaître la qualité de nos produits alimentaires, et nous offre ainsi la possibilité d’orienter facilement nos choix de consommation suivant des critères objectifs.
Un succès incontestable
Le succès est clairement au rendez-vous. Il suffit de voir à quel point l’application est entrée dans les mœurs. Le verbe «Yukaïser» a même fait son apparition dans certains foyers. Aujourd’hui, dans les rayons des magasins, pour vérifier la qualité d’une sauce, de gâteaux ou d’un jus de fruit, le consommateur sort son smartphone et scanne son code-barre.
On peut se demander à quoi tient réellement le succès de cette application ? De fait, elle s’impose parmi plusieurs autres : Is my food good, Verdict ou encore Kwalito qui se démarque en proposant de scanner notre nourriture en fonction d’un régime alimentaire particulier… La qualité de son algorithme y est certainement pour quelque chose. Tout en s’appuyant sur la plateforme collaborative Open Food facts (sorte de dictionnaire qui classifie les produits en fonction de leur degré de transformation), elle crée en 2018 sa propre base de données alimentée par ses utilisateurs et les industriels. En 2020,1 million et demi de produits sont ainsi recensés sur la plateforme.
Toutefois, l’influence de Yuka apparaît au demeurant essentiellement limitée à certaines catégories de Français : ceux qui font «attention à leur santé» et à «leur impact environnemental». L’utilisation de l’application, précise l’étude de l’ObSoCO (Observatoire Société & consommation), est plutôt le fait de personnes jeunes (29% de 25-34 ans contre 9% de 65 ans), urbaines (25% de Franciliens) et diplômées (29% de bac +5). Il convient aussi de noter, en reprenant Caroline Urbain de l’IAE de Nantes, que le pouvoir d’achat a aussi son importance : « Le pouvoir d’achat pèse également beaucoup sur le pouvoir du consommateur… »
Yuka, quelle influence ?
Initialement, les créateurs affichaient un double objectif,
Premièrement, ils souhaitaient donner aux consommateurs les moyens de connaître la qualité d’un produit sans avoir à déchiffrer des emballages peu lisibles. La société s’affiche indépendante et annonce que ses scores reposent sur une expertise scientifique reconnue : l’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire), la CosmeticOSC (l’Observatoire des cosmétiques), la liste Sin, liste de substances chimiques dangereuses à supprimer… Tous les ingrédients seraient passés aux cribles pour attribuer aux aliments un niveau de risque en fonction des effets avérés ou suspectés sur la santé (perturbateurs endocriniens, éléments cancérigènes, allergènes…).
L’intérêt que l’application a rapidement suscité (dès 2018) a conduit par la suite à proposer une nouvelle fonctionnalité : l’analyse des produits cosmétiques et des produits d’hygiène.
Ensuite, poussé par des consommateurs de plus en plus informés et exigeants, Yuka vise à inciter les industriels à améliorer la qualité de leurs produits, tant pour la santé des individus que pour la planète. De quoi étendre l’impact de la vocation première de l’application, à mi-chemin entre la pédagogie et l’engagement militant : guider nos achats afin de faire de nous des " consomm’acteurs”, et privilégier in fine les entreprises et producteurs soucieux de la santé humaine et de l’environnement.
Les chiffres tendent à prouver que Yuka aurait visé juste. Si l’on s’en tient à une étude d’impact de septembre 2019 portant sur 230 000 utilisateurs et 21 industriels, il ressort que :
- 92 % des utilisateurs reposent dans les rayons les produits mal classés.
- 83 % des utilisateurs disent acheter moins mais de meilleure qualité.
- 84 % privilégient les produits bruts et 78 % les produits biologiques.
On apprend dans le même temps que 90 % des sondés sont convaincus que Yuka est en mesure de peser sur les industriels afin de les inciter àaméliorer leurs produits. Les 21 entreprises interrogées n’ont pas manqué de témoigner de cette influence. On peut citer Nestlé France, Monoprix, Leclerc, Fleury Michon… Pour citer un exemple significatif, Intermarché a annoncé le changement de 900 recettes de produits pour les rendre plus sains et améliorer leur note sur l’application.
De multiples scandales sanitaires liés à notre alimentation (tels que celui de la «vache folle», la présence de viande de cheval dans les lasagnes…) ont créé de la défiance vis-à-vis du secteur agro-alimentaire et de la grande distribution. Les consommateurs ont été amenés à se soucier davantage de leur alimentation pour préserver leur santé. La multiplication des manifestations de la crise climatique a aussi contribué à accélérer la prise de conscience quant à la nécessité d’une transition écologique. Yuka s’est, semble-t-il, d’abord développée par la compréhension de ces besoins.
L’intégration d’un nouvel indicateur sur l’application renforce cette idée : l’éco-score, une des propositions phare de la Convention Citoyenne Pour le Climat, alimenté par la base de données Agribalyse conçue par l’ADEME et l’INRAE. L’éco-score intégré par Yuka s’appuie ainsi sur l’analyse du cycle de vie, mesurant les effets globaux des produits alimentaires sur l’environnement, de leur culture à leur recyclage en passant par leur transformation et leur transport.
Ainsi, depuis février 2012, à chaque scan, un score écologique apparaît en même temps que les qualités nutritives du produit, avec une une note allant de A à E. Vers le A, l’impact environnemental du produit est jugé limité, et inversement lorsqu’on se rapproche du E, l’effet sur l’environnement est jugé néfaste.
L’influence et l’impact de l’application Yuka sont incontestables : elle permet de favoriser l’émergence d’une consommation plus durable, respectueuse de la santé et de l’environnement. Néanmoins, elle reste encore circonscrite à une partie de la population et des acteurs industriels : il faut certainement laisser le temps faire son œuvre. Tout changement dans nos habitudes n’est-il pas avant tout l’œuvre de chaque conscience personnelle confrontée aux problèmes de son temps ?
Aller plus loin
- Pour acheter plus responsable, rendez-vous sur le site Bien ou bien, qui vous orientera vers des produits bons pour les gens et pour l’environnement !
- La plateforme Moralscore (site et application mobile) vous permet de sélectionner des marques en fonction de vos critères éthiques (dont l’impact environnemental), suivant un système de notation. Et cela vaut notamment pour les objets numériques !
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Objets connectés et transition énergétique : le bon mix ?
Les objets connectés peuvent constituer de bons alliés de notre transition énergétique. Comment ? En nous rendant acteurs de notre consommation. À condition de rester vigilants sur leur impact.
Le numérique est un incontournable de nos sociétés modernes : il nous sert à communiquer, à gérer nos comptes bancaires, à nous informer et nous éduquer, à effectuer nos démarches administratives… et maintenant, il investit le domaine de l’écologie.
En effet, nos pratiques quotidiennes sont amenées à devoir changer en faveur de la préservation de notre planète. Les technologies numériques nous ont amenés à faire évoluer la manière dont nous nous alimentons, dont nous suivons nos performances sportives, dont nous veillons sur nos proches ou bien encore sur notre propre santé… Mais c’est aussi un outil au service de la transition énergétique !
Pour rappel, le terme transition énergétique renvoie au passage du système énergétique actuel - s’appuyant sur des énergies fossiles - vers un bouquet énergétique basé prioritairement sur des ressources renouvelables et non carbonées. Quel est l’apport du numérique dans cette opération ? Et plus concrètement, comment les objets connectés peuvent-ils nous aider à concrétiser notre ambition écologique ?
Les objets connectés, gestionnaires de notre consommation
Apparus à la fin des années 90, le nombre des objets connectés dans le monde est passé de 5,9 milliards en 2017 à 7 milliards en 2018 (11,7 milliards fin 2020 rien qu’en France). À l’horizon 2025, on devrait compter 26 milliards d’objets connectés en service en Europe. Ces objets nous distraient, nous relient, nous servent à travailler et aujourd’hui, on attend aussi d’eux qu’ils nous aident à faire des économies d’énergie. Et où consomme-t-on le plus ? Chez nous !
Les objets connectés en lien avec la gestion de notre maison relèvent de la domotique, ou littéralement « informatique de la maison ». Le terme englobe la gestion automatisée de tous les appareils et les systèmes intégrés à l’habitat. Ainsi, les objets connectés peuvent nous permettre d’ajuster à nos besoins et nos habitudes notre consommation d’électricité, de chauffage… même à distance !
Le modèle abouti de la domotique relève de la maison entièrement connectée dite « intelligente », ou encore smart home : une habitation qui intègre au moins deux outils numériques pour la contrôler. À ce stade, on parle d’internet des objets dans la mesure où toutes les données des objets physiques sont entièrement transmises par le réseau mondial. Cela concerne principalement trois types de systèmes : les thermostats, l’éclairage et la climatisation.
Le but de cette technologie est d’assurer une consommation énergétique économique et adaptée à nos modes de vie grâce à un meilleur suivi et un contrôle optimal.
Le numérique allié des fournisseurs d’éléctricité
Les objets connectés sont aussi utilisés, à plus grande échelle, par les fournisseurs d’énergie. Prenons l’exemple de l’électricité.
Engie (groupe français spécialisé dans l’énergie) a par exemple développé des solutions de smart-metering : dispositifs qui renseignent le consommateur sur sa consommation via des compteurs intelligents. Le compteur Linky en est la parfaite illustration. Plus de 80 % des foyers en seraient aujourd’hui équipés. Grâce à ce système, il est possible de calculer à la fois l’énergie électrique consommée, mais aussi, celle produite par un foyer. Par exemple, si j’ai des panneaux photovoltaïques, l’énergie que je produis sera aussi prise en compte.
Le smart grid (ou réseau de distribution d’électricité « intelligent ») constitue une autre application à la fois numérique et écologique. Le terme décrit un système capable d’ajuster les flux d’énergie entre le consommateur et le distributeur. Son but est de prendre en compte les besoins des utilisateurs afin de leur assurer un approvisionnement durable et sûr à moindre coût. Avec ce mode de gestion énergétique, il est possible de réduire la consommation de certains équipements ne nécessitant pas d’être alimentés - voire de la couper en cas de fortes tensions sur le réseau.
L’objectif des smart metering/grids est au moins triple :
- réduire l’impact environnemental du système électrique.
- impliquer les individus dans leur consommation en leur donnant le moyen de mieux la contrôler.
- encourager la production d’électricité décentralisée pour qu’elle se rapproche au plus près de là où elle est consommée.
Les objets connectés restent néanmoins énergivores
L’avenir de la planète, dont dépend celui de l’humanité, passe par la sobriété et la responsabilité de chacun. Après l’Accord de Paris (adopté en 2015), la COP 26 réitère ses premiers objectifs incluant notamment celui de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. La transition énergétique de la France vise ainsi à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Est-ce que les objets connectés peuvent contribuer à réaliser cette ambition ? Quel bilan peut-on faire de leur rôle en matière de sobriété énergétique ? Paradoxalement, leur fonctionnement exige une consommation d’énergie importante. Plus problématique, on estime aujourd’hui que les économies qu’ils permettent de réaliser ne parviendraient pour l’heure pas à compenser les dépenses énergétiques nécessaires à leur fonctionnement.
Le besoin d’une connectivité constante s’appuie sur une infrastructure énergivore (des serveurs, des routeurs…). De plus, les batteries de ces appareils ont besoin d’être régulièrement rechargées ou d’être reliées au réseau électrique en permanence.
Dès 2013, l’IAE (l’Agence Internationale de l’énergie) a ainsi calculé que les appareils connectés au niveau mondial consommaient annuellement 616 Twh (térawatt/heure, ou milliards de kwh). 400 Twh assurent leur maintien en veille. Les 216 Twh restants contribuent à alimenter la connectivité réseau afin de garantir le transfert de données. Un tel volume dépasse la consommation de deux pays comme la Finlande et le Canada.
Ces appareils consommeraient en définitive quasiment autant en veille qu’en étant connectés. Compte tenu de l’essor des objets connectés, comment réduire leur consommation énergétique et les rendre plus efficaces ? L’école Wis, spécialisée dans le digital, propose 3 axes d’amélioration :
- Trouver une alternative à la connectivité permanente et prévoir des connexions ponctuelles pour éviter des consommations d’énergie inutiles.
- Réduire les capteurs et les fonctionnalités de nos appareils.
- Optimiser le mode veille.
En définitive, les objets connectés sont incontestablement sur la voie de la transition écologique. Cependant, il nous revient de rester conscients de leur impact énergétique, afin de favoriser les solutions les plus optimisées, compatibles avec un mode de vie réellement plus sobre. Comptons pour cela sur les acteurs du numérique pour innover sans cesse et nous offrir des outils de plus en plus efficaces !
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Mesurer la pollution réelle du numérique pour mieux agir
Dans un monde en pleine crise climatique, il est impératif d’en identifier les causes. Si la plupart des polluants sont clairement désignés, certains sont sous-estimés. C’est le cas de nos objets numériques, dont nous pouvons encore réduire l’impact.
Le monde numérique est pour le moins paradoxal : plus on « dématérialise », plus on utilise de la matière et de l’énergie. La demande de services numériques, de même que le volume des données transportées et stockées, explosent dans le monde. Au lieu de tendre vers la sobriété - qui pourrait être plus en accord avec les enjeux climatiques - la consommation énergétique du numérique croît d’environ 10% chaque année. Françoise Berthoud, ingénieure en informatique au CNRS, nous alerte sur l’absence de résilience du numérique, hautement dépendant en ressources et en énergie.
Le vocabulaire relatif au numérique et sa prétendue « dématérialisation » ferait presque oublier que tous ces objets numériques reposent sur des réalités bien tangibles. Nos téléphones, nos ordinateurs, nos GPS, nos télévisions…nécessitent, pour être fabriquées et fonctionner, de grandes quantités de matière et d’énergie.
Une fois ce constat établi, il s’agit de comprendre comment mesurer l’impact environnmental de nos objets numériquesdont la présence ne cesse de s’accroître dans nos vies.
Prendre en compte tout le cycle de vie du produit
Pour agir concrètement, il faut comprendre ! Des outils d’analyse ont été développés pour évaluer l’impact environnemental d’un objet. Parmi les plus intéressants, on compte l’ACV : l’analyse du cycle de vie. L’ADEME (Agence de la transition écologique) explique le fonctionnement de cet outil, jugé “le plus abouti”. En résumé, l’ACV est une méthode normée permettant de mesurerles conséquences d’un objet sur l’environnement sur l’ensemble de son cycle de vie.
Qu’est-ce que recouvre exactement le cycle de vie d’un objet ? Tous les produits de notre quotidien suivent un parcours complexe et global qui va de leur création à leur disparition. Et chaque étape de ce cycle de vie a des conséquences significatives sur l’environnement. Il est important d’en avoir conscience, notamment pour identifier comment agir.
Source : L’analyse de cycle de vie (ACV), Mission interministérielle Green Tech du programme Tech.Gouv.
Pour sa création, un objet nécessite une multitude de composants : des matières premières sont ainsi extraites. Pour un pull, il faudra du coton, pour une bague, de l’or et pour une batterie, du lithium - entre autres choses ! Dans cette première étape, un objet nécessite donc à la fois des matières premières mais aussi, de l’énergie pour extraire ces dernières. Puis, c’est le moment de sa fabrication. Il est ensuite transporté sur un lieu de vente où il est distribué. Enfin, il est acheté et utilisé. Mais ce n’est pas terminé : vient le jour où il ne sert plus. Soit il a accès à une deuxième vie (don, réparation, recyclage…), soit il est jeté et c’est la fin !
Chacune de ces étapes a un impact sur l’environnement. Suivant la méthode de l’ACV, le site de l’ADEME détaille les effets d’une grande quantité d’objets. Nous prendrons ici le cas des téléviseurs. Durant son cycle de vie, un téléviseur a une multitude de conséquences environnementales. D’abord, il faut utiliser des produits et de l’énergie pour fabriquer ses composants, dont sa carte électronique. Son utilisation va entraîner une consommation d’électricité plus ou moins importante en fonction de la taille de l’écran. Enfin, si le produit n’est pas recyclé, les métaux qui le composent risquent d’avoir un fort impact écologique.
Nous réalisons ainsi que l’impact environnemental de nos objets numériques dépasse amplement le cadre de notre utilisation personnelle. Et cela d’autant plus car l’étape de fabrication de ces objets est considérée comme la plus gourmande en matières premières, en énergie et in fine, en émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, si c’est tout un système qui doit tendre vers la sobriété, nous pouvons toutefois agir en tâchant de limiter notre consommation d’objets neufs, et en soignant leur fin de vie.
Comment agir à notre échelle ?
Avec le déploiement des nouvelles technologies, nous sommes confrontés à un double choc culturel et écologique qui nous inciteà changer nos habitudes. Les technologies numériques ont une multitude effets positifs sur nos vies et la société, et sont porteuses de progrès dès lors qu’elles sont utilisées à bon escient. Le choix est prioritairement d’ordre éthique : bénéficier des atouts de la révolution technologique tout en réduisant son impact sur l’environnement.
Comment dès lors passer à un numérique plus sobre et ainsi, plus respectueux de la planète ? A l’échelle individuelle, il existe de nombreuses manières concrètes d’agir. Greenpeace nous donne quelques actions simples à mettre en oeuvre.
Première action : allonger la durée de vie des équipements informatiques. Pour cela, il convient de résister à la tentation de la nouveauté et des effets de mode, d’autant plus si nos appareils fonctionnent encore correctement et suffisent à répondre à nos besoins. En cas de panne, nous pouvons également essayer d’abord de les réparer avant de les remplacer. Et lorsque l’on se tourne vers un nouvel achat, nous pouvons privilégier les objets reconditionnés et moins énergivores.
La deuxième action concerne les vidéos, qu’il s’agisse de cinéma, de séries ou de réseaux sociaux : nous pouvons limiter le visionnage en haute définition tout en privilégiant le téléchargement au streaming. Pensons également à adapter la résolution d’image à la taille de notre écran (240p sur téléphone et 720p sur ordinateur). Ces chiffres déterminent le niveau de qualité vidéo (plus le chiffre de pixels est élevé, plus il y a de détails dans l’image) mais aussi, in fine, la quantité de données et donc d’énergie qui seront nécessaires à leur lecture. Il est également possible de désactiver la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux (Facebook, YouTube…). Interrogeons-nous enfin sur notre tendance à nous tourner des écrans de plus en plus grands et puissants (tels les fameux 4K et 8K), particulièrement gourmands en matières premières et en énergie. Des alternatives plus sobres seraient-elles aptes à nous satisfaire ?
Enfin, certains envisagent de se détourner purement et simplement des objets connectés. A-t-on vraiment besoin d’un assistant virtuel pour les tâches les plus banales comme éteindre la lumière ? Il est enfin possible de prendre de nouvelles habitudes comme celle d’éteindre sa box internet quand on ne l’utilise pas. Sachant qu’elle est aussi dépensière en énergie qu’un gros réfrigérateur, la veille n’est pas une solution superflue.
Ce sont là autant de dépenses énergétiques qui ont un coût écologique que l’on peut raisonnablement réduire en agissant à son échelle. Et la liste est loin d’être exhaustive. Quand on connaît l’étendue des répercussions de ces objets numériques sur les écosystèmes, on comprend que la somme de nos petits gestes peut avoir un grand impact…à condition d’être informés et accompagnés, mais aussi en encourageant les entreprises du numérique à soutenir le mouvement !
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.