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Réseaux sociaux : la santé mentale de nos enfants en péril ?

29.05.2023

Les troubles psychologiques affectant les enfants et les adolescents en hausse ces dernières années nous ouvrent les yeux sur les revers de l’accès toujours plus précoce aux outils numériques. Nous savons désormais que les réseaux sociaux peuvent avoir une part de responsabilité importante sur la santé mentale dégradée des jeunes utilisateurs.

Les nombreuses applications sociales installées dans notre téléphone font partie intégrante de notre vie. Depuis plusieurs années, nous découvrons que les conséquences néfastes pour le bien-être moral et l’équilibre psychologique se sont exacerbées, notamment à cause de l’isolement provoqué par les confinements à répétition lors de la pandémie de Covid-19.

Bien que les réseaux sociaux soient de formidables outils de divertissement et de maintien du lien social, nous nous intéressons dans cet article aux menaces qu’ils font peser sur un public jeune, parfois vulnérable, peu conscient du danger et des aides existantes pour une utilisation raisonnable et éclairée.

Que savons-nous de l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents ?

Les réseaux sociaux sont responsables d’une aggravation des problèmes de santé. Ce constat est celui de nombreuses études menées ces dernières années par un large panel de professionnels de la santé mentale, de neurosciences ou encore de psychologie comportementale. Aux Etats-Unis, il a par exemple été prouvé que l’augmentation du temps passé à utiliser les plateformes sociales durant la période de pic du Covid-19 a été associée à des symptômes d’anxiété et de dépression.

Pourtant, il est aussi reconnu que les interactions et relations sociales sont un élément crucial de la protection de notre santé mentale. La quantité et la qualité de celles-ci influencent nos croyances, nos pensées, nos comportements et même notre santé physique. Dès lors, comment se fait-il que des outils gratuits, accessibles en un clic, dont le but est de multiplier et faciliter nos interactions avec les autres, puissent causer de tels dommages ?

Une consommation à outrance qui nous dérègle

L’utilisation des réseaux sociaux active le système de récompense du cerveau en libérant de la dopamine. Cette substance chimique est connue comme étant “l’hormone du bien-être" liée à des activités vécues comme agréables telles que manger, rencontrer quelqu’un, jouer à un jeu vidéo ou parier en ligne.

Cette libération de dopamine se produit également lors d’une consommation de stupéfiants. À l’instar d’une addiction à l’alcool ou à la nicotine, l’utilisation des médias sociaux peut créer des sensations de manque. Les algorithmes qui régissent ces plateformes sont conçus pour créer une dépendance, ce que nous vous expliquons plus en détail dans cet article : Existe-t-il une « recette Netflix » pour nous rendre accrocs ?

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Joseph VanZandt, coordinateur juridique d’un recours collectif déposé contre les plateformes en Californie, estime que :

« Tout, de la manière dont les vidéos et les publications sont affichées et organisées, à la conception et au placement des boutons, est conçu pour favoriser la dépendance et inciter les utilisateurs à revenir encore et encore sur la plateforme. »

Le sommeil, si important à l’âge où les jeunes développent leur cerveau, est également une victime directe de ces réseaux. Les adolescents qui passent trop de temps sur les médias sociaux (et leur téléphone en général) ont plus de mal à s’endormir et souffrent davantage d’insomnie et de dépression. Chez l’enfant et l’adolescent, le sommeil est considéré comme étant trop court en dessous de 7 heures par nuit. En France, 26,7 % des collégiens et 43,7 % des lycéens peuvent être considérés comme étant en “dette de sommeil”.

Le sommeil, si important à l’âge où les jeunes développent leur cerveau, est également une victime directe de ces réseaux. Les adolescents qui passent trop de temps sur les médias sociaux (et leur téléphone en général) ont plus de mal à s’endormir et souffrent davantage d’insomnie et de dépression. Chez l’enfant et l’adolescent, le sommeil est considéré comme étant trop court en dessous de 7 heures par nuit. En France, 26,7 % des collégiens et 43,7 % des lycéens peuvent être considérés comme étant en “dette de sommeil”.

Un mal-être en partie dû au culte de la perfection sur les réseaux

Pour renforcer l’estime de soi et le sentiment d’appartenance à un groupe, les utilisateurs publient des contenus dans l’espoir de recevoir des réactions positives (likes, commentaires, partages, etc.). Le but ? Une récompense morale, un sentiment d’accomplissement. Mélangé à cette recherche de dopamine, on obtient ici une recette qui incite à consulter les plateformes en permanence, et à toujours montrer le meilleur de soi-même.

La tentation de se comparer aux autres est inévitable, en particulier pour les jeunes qui manquent de recul ou de confiance en eux, et ont tendance à rechercher une validation externe de leur valeur à travers ces réseaux. Instagram, Snapchat ou TikTok sont une vitrine, montrant une réalité parfois trompeuse ou très maquillée. Chaque jour, il suffit de scroller quelques secondes pour voir des photos retouchées ou filtrées, tout en nous laissant croire que ce contenu est authentique. La perfection virtuelle n’est plus seulement réservée aux célébrités dans les magazines de mode, puisqu’elle est accessible à tous et devient une norme.

Dans un monde numérique filtré, voire complètement faussé, il peut être difficile pour les adolescents de distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Ce qui à terme, peut bouleverser leur vision de la réalité, leurs attentes, et avoir un impact sur leur moral.

Usages numériques
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Instagram & co : des loisirs gâchés par le diktat de l'image parfaite ?

22.07.2021

Les écrans de fumée pris à leur propre jeu

Peu à peu, la parole se libère sur un sujet longtemps resté tabou et ce, notablement, parmi les jeunes générations très actives sur des plateformes telles que TikTok et Instagram. Certains créateurs de contenus, conscients des dérives engendrées par l’utilisation excessive de réseaux et les comportements toxiques associés (harcèlement, risques pour la santé mentale, problème de concentration, etc.) agissent pour le bien-être de leur communauté.

Ils s’appuient alors sur la portée de diffusion massive des réseaux pour faire de la prévention, notamment sur TikTok, l’application de vidéos courtes devenue le réseau social le plus téléchargé au monde en 2021. Par exemple, les hashtags #mentalhealth, #anxiety ou encore #adhd représentent des centaines de milliards de vues. En France, le compte Instagram @bonjouranxiete aborde les enjeux de santé mentale en diffusant ses publications “sans tabou et avec bienveillance” à plus de 337 000 abonnés.

Les experts interrogés sur cette tendance estiment que les contenus préventifs ou éducatifs, en se servant d’un réseau social lui-même déclencheur des potentiels troubles évoqués, viennent contrebalancer l’effet négatif d’autres contenus jugés problématiques. Ces contenus dédiés au bien-être mental massivement diffusés sont un bon levier pour permettre aux utilisateurs des réseaux de se questionner sur leurs usages et leurs comportements vis-à-vis de la consommation d’écrans.

Toutefois, cela ne suffit pas à remplacer le diagnostic d’un professionnel, qui est le seul habilité à proposer des mesures individualisées pour aider une personne en détresse morale ou psychologique.

Les pouvoirs publics se saisissent du problème

Ces dernières semaines, une proposition de loi visant à réglementer l’usage des réseaux sociaux a marqué l’actualité. Le 23 mai 2023, le Sénat a proposé des modifications au texte voté en début d’année par l’Assemblée nationale, afin d’inciter les plateformes à mieux encadrer le contrôle de l’âge des utilisateurs. Des solutions techniques existantes ou en cours de création pourront être utilisées, et chaque procédure de vérification devra recevoir l’aval des autorités compétentes afin d’être mise en place dans le cadre de cette nouvelle loi.

L’accord des parents sera également nécessaire pour qu’un mineur de moins de 15 ans puisse s’inscrire sur une plateforme comme Snapchat, TikTok, Instagram et autres. Actuellement, la plupart des réseaux sociaux mentionnent dans leurs conditions générales que la création d’un compte n’est pas possible avant 13 ans.

Pourtant, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) estime que l’âge moyen des enfants lors de leur première inscription sur un réseau social est de 8 ans et demi. Une enquête de l’association Génération Numérique menée en 2021 confirme que 63 % des moins de 13 ans ont déjà au moins un compte sur un réseau social.

Concernant les sanctions possibles en cas de manquement à cette obligation, notons qu’une amende pouvant aller jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise fautive pourrait être infligée. Les parents ou responsables légaux du jeune utilisateur de moins de 15 ans auront également la possibilité d’exiger la suspension du compte.

e-Enfance, la plateforme du ministère de l’Education nationale et de la jeunesse

Autre initiative intéressante, l’association reconnue d’Utilité Publique e-Enfance agit depuis 17 ans pour la protection de l’enfance sur internet et l’éducation à la citoyenneté numérique.

Concrètement, l’organisme propose notamment aux jeunes, aux parents ainsi qu’aux professionnels des interventions en milieu scolaire et des formations sur les usages responsables d’internet. Leur but est d’informer, prévenir des risques éventuels et proposer des solutions aux dangers d’internet (cyberharcèlement, cybersexisme et autres formes de cyberviolence).

Elle opère le numéro national 3018 pour venir en aide aux victimes de violences numériques.

Découvrez son kit de prévention des dangers numériques.

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