YouTube : la plateforme de Google qui règne sur la vidéo mondiale
Fondée en février 2005 avant d’être rachetée en 2006 par Google pour plus d’1,5 milliard de dollars, YouTube.com est un des sites les plus visités au monde. Son succès est en grande partie dû à une fonctionnalité de recommandations personnalisée, qui s’améliore en continu.
L’algorithme qui mise tout sur notre satisfaction
Quel est le but de YouTube ?
YouTube a beaucoup changé depuis les premières minutes de film amateur diffusées par son créateur (Me at the zoo - 2005). Pour mieux comprendre son évolution et les étapes qui ont fait son succès, retournons 17 ans en arrière, lorsque trois employés de PayPal décident de lancer leur propre plateforme d’hébergement vidéo.
2005 à 2010 : le clic à tout prix
Selon Jawed Karim, son fondateur, YouTube a été créé en 2005 pour diffuser en ligne la vidéo d’une célèbre performance de Janet Jackson et Justin Timberlake lors du Superbowl de la même année. Sans surprise, l’algorithme d’origine était conçu pour montrer les vidéos réalisant le plus de vues.
Cette course au clic a rapidement entraîné une prolifération de titres et de vignettes trompeurs, une pratique appelée « clickbait ». L’expérience utilisateur s’est logiquement dégradée, laissant les spectateurs insatisfaits et agacés.
2012 : le temps de visionnage est privilégié
À cette époque, YouTube a déjà pris son envol. Les « viewers », un terme faisant référence aux spectateurs, regardent plus de quatre milliards d’heures de vidéos chaque mois.
C’est alors que l’entreprise prend le pari de rendre YouTube plus interactif, en encourageant les personnes à interagir davantage avec les contenus. L’algorithme suggérant des vidéos à découvrir est alors modifié.
Avant, la découverte de vidéos était conçue pour générer des vues. Cela récompensait davantage les créateurs attirant des clics, plutôt que les vidéos qui arrivaient à capter réellement l’intérêt des spectateurs. L’objectif de YouTube change : moins de clics, mais plus de temps de visionnage (autrement appelé watch time).
Cette nouvelle donnée de mesure a poussé les créateurs à moins se focaliser sur des stratégies d’optimisation destinées à générer des clics (vignettes trompeuses, titres accrocheurs, etc.). Ils sont désormais incités à créer du contenu qui donne envie d’être visionné du début à la fin.
2015-2016 : YouTube mesure notre satisfaction en un clic
En 2015, YouTube a commencé à calculer directement la satisfaction des spectateurs à l’aide de sondages. Les partages, « j’aime / je n’aime pas » (les fameux pouce bleu et pouce rouge) permettent d’obtenir un avis instantanément afin de nourrir l’algorithme de classement de contenu.
L’équipe chargée du développement produit ne s’arrête pas là. En 2016, elle s’attaque à la personnalisation de l’algorithme pour chaque utilisateur. Le but de ces travaux de recherche était de trouver la vidéo que chaque spectateur - pris individuellement - veut regarder, et pas seulement le contenu que beaucoup d’autres personnes ont vu.
Le pari est réussi : en 2018, 70 % du temps de visionnage concerne des vidéos suggérées par l’algorithme de recommandation, sans que l’utilisateur n’ait à utiliser la barre de recherche.
Ces travaux sont documentés ici : Deep Neural Networks for YouTube Recommendations
Des recommandations personnalisées
YouTube est désormais construit pour aider l’utilisateur à trouver des vidéos qu’il aime regarder et qui lui apporteront de la satisfaction. Cependant, l’espace de recommandation est parfois considéré comme une mystérieuse boîte noire.
En résumé, l’algorithme se base sur trois facteurs essentiels :
- la personnalisation (en fonction de l’historique de visionnage) ;
- la performance des vidéos (engagement, taux de satisfaction et attractivité de l’image de couverture) ;
- plusieurs facteurs externes comme la saisonnalité et l’actualité.
Les vidéos recommandées se trouvent à deux endroits : la page d’accueil et le panneau latéral des « vidéos à venir ». Ce dernier onglet est déterminant car il doit être le plus pertinent possible pour nous faire cliquer sur une nouvelle vidéo.
Pour lister les contenus qui ont le plus de chance de recevoir notre clic, YouTube part du principe que chacun de nous a des habitudes de consommation et des goûts uniques. Il compare ensuite notre historique de visionnage à celui d’autres utilisateurs qui nous « ressemblent », et se base sur ces informations pour nous proposer de nouveaux contenus.
Illustrons cela avec un exemple. Imaginons que vous aimez regarder des vidéos de football. L’algorithme de YouTube constate que d’autres personnes, qui passent aussi du temps à regarder ces mêmes contenus sportifs, cliquent souvent sur des vidéos de musculation. Même si vous n’avez jamais cherché de vidéos en rapport avec le fitness, vous pourriez désormais en voir apparaître dans vos suggestions.
L’algorithme est également plus susceptible de recommander :
- des vidéos qui sont souvent regardées ensemble (les unes après les autres) ;
- des vidéos liées à un thème précis ;
- des vidéos que l’utilisateur a déjà regardées.
Chacun son rôle pour que YouTube reste une plateforme saine et agréable
La plateforme de Google est une mine d’informations, un formidable outil de divertissement ou d’apprentissage ludique, et une opportunité en or pour les créateurs. Toutefois, YouTube reconnaît que la recrudescence de contenus jugés problématiques est un sujet à prendre au sérieux.
L’augmentation de la désinformation ces dernières années a conduit la plateforme à élargir la manière dont elle utilise le système de recommandation pour éviter de mettre en avant les contenus problématiques ainsi que le « borderline content » (désignant un contenu nuisible, violent, raciste, mensonger, potentiellement dangereux pour la santé, etc.). Concrètement, YouTube peut faire intervenir le jugement de ses équipes, en plus des algorithmes, pour évaluer manuellement une vidéo.
Pour déterminer si un contenu doit être retiré des recommandations, les évaluateurs utilisent une grille de facteurs pour donner un score à la vidéo. Toute vidéo classée comme étant « limite » est rétrogradée dans les recommandations.
Les créateurs de contenu ont aussi une responsabilité
“Être un créateur signifie faire partie d’une grande communauté internationale et influente. Chacune et chacun d’entre vous peut nous aider à protéger cette communauté à la fois dynamique et précieuse.” C’est par ces mots que YouTube introduit la responsabilité des créateurs vis-à-vis de leurs contenus.
La démonétisation d’une vidéo est une menace directe pour les propriétaires de chaînes YouTube. Langage inapproprié, violence, dénigrement et même “sujets controversés”…les directives du Programme Partenaire YouTube destinées aux créateurs visent à limiter fortement les types de vidéos pouvant être monétisées, et donc, leur capacité à être promues et à accueillir la publicité émanant d’annonceurs.
De nombreux annonceurs choisissent souvent de ne pas associer leurs publicités à des vidéos pouvant être jugées problématiques. Pourtant, ce type de vidéo peut attirer des millions de clics. Si la monétisation est impossible, le manque à gagner affecte donc le créateur avant tout, mais également YouTube.
En outre, la plateforme a également été amenée à durcir ses règles pour lutter contre la prolifération de contenus relevant du cyberharcèlement. Au cœur des débats ces dernières années, le cyberharcèlement engendre parfois de véritables vagues de haine suite à des propos diffusés sur YouTube. Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène de viralité, pouvant avoir de très graves conséquences sur la santé mentale des victimes. Là encore, YouTube a prévu un panel de règles et de sanctions pour contrer la diffusion de contenus haineux sur sa plateforme.
Les spectateurs peuvent agir pour se protéger
Afin de permettre à ses utilisateurs d’utiliser la plateforme sans danger, YouTube a développé plusieurs outils leur permettant de :
- signaler les contenus inappropriés ou les utilisateurs abusifs ;
- bloquer les commentaires, les utilisateurs ou certains types de vidéos ;
- sécuriser son compte et agir sur le traitement de ses données personnelles.
Les enfants et les adolescents représentent une partie conséquente du public de YouTube. Il convient alors de les tenir à l’écart des contenus non adaptés à leur tranche d’âge. Pour cela, il est possible d’indiquer aux algorithmes de filtrer les résultats de recommandations.
L’accès supervisé à YouTube, en associant le compte Google de l’enfant à celui du parent, est une autre fonctionnalité de protection. Ainsi, les parents filtrent le type de contenu que les enfants de moins de 13 ans peuvent trouver et visionner. Les comptes supervisés modifient également les publicités qui seront diffusées sur ce compte administré.
YouTube a même créé une application dédiée aux enfants : YouTube Kids. Présentée comme un outil dédié à une utilisation sécurisée, c’est également l’occasion pour le géant du web de conquérir son public de plus en plus tôt.
Voici ce qu’on a retenu du documentaire « Derrière nos écrans de fumée » sur Netflix
Le documentaire réalisé par Jeff Orlowski nous alerte sur les dangers (déjà connus) des écrans et des réseaux sociaux. Mais peut-il vraiment contribuer à changer nos pratiques ?
Le ton se veut dramatique et alarmiste, et le procédé original, avec des bouts de fiction insérés entre les paroles d’experts et d’anciens collaborateurs des puissants de la Silicon Valley. Google, Facebook, Instagram, Twitter et les autres. Quel impact ont les médias sociaux sur nos croyances, notre bien-être, nos manières de vivre ? Est-ce que malgré les efforts de certaines plateformes comme Instagram et Snapchat pour prévenir l’utilisation dangereuse des plus jeunes, on fonce droit dans le mur ? L’ensemble nous laisse sur notre faim, avec l’impression d’avoir identifié des coupables, mais sans disposer de solutions concrètes pour les contrer. Ironique aussi de regarder ce documentaire sur une plateforme qui utilise les mêmes procédés que ceux dénoncés. Une meilleure transparence aurait été bienvenue, mais malgré tout, quelques points intéressants sont sortis du lot.
Nous sommes accros aux réseaux sociaux, mais ce n’est pas de notre faute
« Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit », répète-t-on sans cesse pour bien nous faire comprendre que nous sommes un pur produit capitaliste qui permet à des géants comme Mark Zuckerberg d’amasser une fortune. Scroller, liker, amener son téléphone partout, tout le temps, ne serait pas vraiment de notre ressort, mais la résultante d’un procédé appelé captologie, qui utilise des techniques de persuasion afin de nous maintenir en alerte. Tout serait fait pour nous pousser à nous connecter et à affiner notre profil, nos goûts, nos activités, à travers notre vie numérique. « Les réseaux sociaux ne sont pas un outil qui n’attend que d’être utilisé. Ils ont leurs propres objectifs et leurs propres moyens de les poursuivre en utilisant votre propre psychologie contre vous. », avance Tristan Harris, ancien de chez Google. Le message est clair, nous sommes manipulés et ce n’est pas près de changer.
La génération Z directement touchée dans sa santé mentale et son estime de soi
Les premiers concernés par cette utilisation addictive sont la GenZ, la génération née après 1996, avec quasiment un portable dans la main. Ces jeunes maîtrisent les selfies à la perfection, et en subissent les dommages collatéraux. Résultat : un taux de suicide important qui a augmenté de plus de 50 % entre 2007 et 2017 chez les adolescentes aux Etats-Unis, qui concorde avec l’arrivée des réseaux sociaux. Ces derniers sont accusés d’aggraver la dépression et l’isolation chez les jeunes pour qui la validation des autres est une condition sine qua non pour se sentir bien dans leur peau et valorisés. Plus qu’une affaire d’addiction, chez eux, c’est tout un aspect sur leur développement personnel en tant qu’ado qui serait ainsi perturbé.
Les réseaux sociaux ont leur rôle à jouer en politique…
Shoshana Zuboff, professeur à la Harvard Business School et à la Harvard Law School qui apparaît à maintes reprises dans le documentaire, évoque le capitalisme de surveillance qui va au-delà des marques qui traquent chaque utilisateur pour le faire consommer. Son livre, L’âge du capitalisme de surveillance, sort le 20 octobre 2020 aux éditions Zulma. On peut y lire dans le résumé, « Tous tracés, et alors ? Bienvenue dans le capitalisme de surveillance ! Les géants du web, Google, Facebook, Microsoft et consorts, ne cherchent plus seulement à capter toutes nos données, mais à orienter, modifier et conditionner tous nos comportements : notre vie sociale, nos émotions, nos pensées les plus intimes… jusqu’à notre bulletin de vote. En un mot, décider à notre place. » La victoire de Trump, les brutalités policières à Hong-Kong, le mouvement des gilets jaunes en France, mais aussi le poids de la Russie sur internet, la circulation des conspirations et des fakes news… Autant de faits de société directement connectés aux réseaux sociaux qui ont bouleversé l’actualité mondiale, et mis en lumière le poids de certains algorithmes dans certaines décisions politiques.
… Et dans la propagation des fakes news
« 64% des personnes qui ont rejoint des groupes extrémistes sur Facebook l’ont fait parce que les algorithmes les y ont guidés. », apprend-on dans le documentaire. Les GAFAM ont leur part de responsabilité quand il s’agit de la circulation des fake news. Celles-ci se propagent à une vitesse rare sur les réseaux sociaux, parfois visibles par des millions de personnes, sans aucune source. On a pu le voir récemment avec la pandémie qui secoue la planète depuis quelques mois. Les vidéos sur « une fausse maladie », « une invention du gouvernement américain » ou encore les remèdes miracles véhiculés par des faux praticiens sur YouTube pullulent. Ces rumeurs et fausses croyances ont un impact d’autant plus grave quand elles touchent à la santé.
Plus alarmant qu’éducatif, « The Social Dilemma » (titre dans sa version originale), résume bien les dangers que les réseaux sociaux font encourir à leurs utilisateurs. La data nous contrôle, les algorithmes nous traquent, le problème est systémique. Et tant que ce système sera lucratif, rien ne changera. Un des bénéfices de leur utilisation est à regarder du côté des mouvements sociaux profitant à des minorités. FreeUyghurs, Black Lives Matter ou Me Too n’auraient sans doute pas provoqué un tel séisme planétaire sans la contribution des Twitter, Instagram, YouTube et consorts. Une manière d’y voir un peu de positif.
Existe-t-il une « recette Netflix » pour nous rendre accrocs ?
Aucune idée de film pour ce soir ? Ne vous en faites pas, Netflix sait mieux que quiconque ce que vous allez aimer regarder. C’est l’ami de confiance qui a toujours de bonnes idées. Et pendant que vous hésitez en naviguant sur votre télévision ou votre smartphone, l’algorithme se met au travail avec un objectif : proposer la meilleure réponse à vos attentes en moins de 90 secondes.
Le marché du streaming cinématographique est saturé de concurrents féroces tels que Prime Video d’Amazon, Apple TV+, ou encore Disney+. Toutefois, Netflix reste le leader du marché avec plus de 220 millions de clients dans 190 pays. Pour conserver sa place, l’entreprise ne creuse plus l’écart uniquement avec son catalogue, mais par la manière dont il le propose.
Comment Netflix parvient-il à rester au sommet ? Découvrons les rouages d’une telle domination, ainsi que les impacts liés à un produit de divertissement pouvant s’avérer nocif.
Technologie & Psychologie : pourquoi l’algorithme de Netflix est si pertinent ?
Une question d’employabilité
Un algorithme est un ensemble de règles ou d’instructions données à un programme informatique. Celui-ci est chargé de faire des calculs en compilant des données pour fournir un résultat optimal. Dans le cas de Netflix, ce calcul tente de faire correspondre les suggestions de programmes aux goûts du client avec le plus haut degré de précision possible.
« Notre activité est un modèle de service par abonnement qui offre des recommandations personnalisées, pour vous aider à trouver des émissions et des films qui vous intéressent. Pour ce faire, nous avons créé un système de recommandations exclusif et complexe. » - Netflix Help Center.
Tout commence lors de la création d’un Profil utilisateur. L’application Netflix cherche à cerner nos goûts le plus rapidement possible en demandant de sélectionner plusieurs films, séries ou genres que nous apprécions.
Au fur et à mesure des heures de visionnage, le programme analyse nos actions pour affiner les préférences exprimées au départ. C’est le début d’une réaction en chaîne, dont l’objectif est de ne jamais décevoir l’utilisateur pour le maintenir actif le plus longtemps possible. Netflix devient notre réflexe pour accéder au divertissement.
Personnalisation à l’extrême, matching et apprentissage continu
L’algorithme de Netflix est un secret bien gardé. Impossible donc de connaître toutes les données utilisées pour tenter de nous figer devant nos écrans.
En revanche, nous savons que certains facteurs sont particulièrement prisés :
- les avis et notes des spectateurs ;
- nos habitudes de recherche ;
- les similitudes comportementales entre utilisateurs ;
Une première étape vers la proposition du contenu idéal consiste à mettre en avant les bonnes catégories (permettant de classer les films et séries). Il y a bien sûr les genres classiques (horreur, aventure, action, romance, sport, etc.) mais également toute une galaxie d’autres « micro-genres », qui semblent créés sur mesure par Netflix.
Vous pourriez par exemple trouver votre bonheur parmi une sélection de séries appartenant à une catégorie « romance et rivalité entre familles aux États-Unis ». Il en existe au moins 4000 différentes.
La force de Netflix réside dans sa capacité à analyser chaque visite sur sa plateforme pour entraîner continuellement son algorithme. Les données collectées permettent d’améliorer en continu leurs prédictions sur ce que vous êtes le plus susceptible d’aimer.
L’humain a du mal à choisir. Netflix lui facilite la vie en rendant ses prises de décision simples et rapides. Plus les recommandations sont précises, plus le client est satisfait et moins il a de raisons de quitter le service voire de remettre en question son abonnement.
Enfin, ce système de recommandation utilise l’adéquation entre les profils de spectateurs pour affiner ses résultats. Sur Netflix, personne n’a exactement la même page d’accueil, mais il existe des similitudes entre certains « types » de spectateurs.
Trois utilisateurs qui regardent un panel de 10 séries en intégralité reçoivent probablement des recommandations semblables lorsqu’ils sont indécis. Si l’un des trois visionne (et apprécie) un film que les deux autres n’ont jamais regardé, il y a de fortes chances que ces derniers voient ce film dans les recommandations de leur compte Netflix quelques heures plus tard.
Le « binge watching » devient un sujet de santé publique
Certains effets indésirables de la surconsommation de contenus vidéo sont susceptibles de se manifester rapidement.
Pour certains, Netflix s’apparente à une drogue, diffusée par tout un rouage de mécanismes intelligents créant une addiction. Ce phénomène consistant à regarder plusieurs épisodes d’une série à la suite est appelé « binge watching ». Il n’épargne pas les Français (+ de 8 millions d’utilisateurs), et peut devenir problématique quand il influe sur la vie réelle de l’utilisateur.
En 2019, les utilisateurs de la plateforme ont passé en moyenne deux heures par jour à regarder Netflix. Les confinements à répétition qui ont suivi en 2020 ont provoqué une augmentation de 61 % de l’utilisation du streaming vidéo, faisant grimper ce chiffre à 3,2 heures par jour.
De nombreux scientifiques nous avertissent à ce sujet : remplacer une part importante de temps consacré au sport, à la vie sociale et au sommeil par le visionnage de contenu en ligne augmente le risque de souffrir de problèmes de santé :
- maladies cardio vasculaires (cardiaques) ;
- dépression ;
- insomnies ;
- capacité de concentration ;
- dépendances comportementales.
Aux États-Unis, 60 % des adultes américains clients de services de streaming vidéo à la demande admettent pratiquer le binge watching. Les chiffres sont encore plus élevés chez les jeunes (en particulier les millenials), puisque 73 % des 18-29 ans s’y consacreraient au moins une fois par semaine.
« Vous recevez une émission ou un film que vous mourrez d’envie de regarder, et vous finissez par rester debout tard dans la nuit, donc nous sommes en fait en concurrence avec le sommeil », Reed Hastings, PDG de Netflix.
Que se passe-t-il dans notre cerveau en regardant Netflix ?
Regarder une série est une activité agréable. Chaque nouvel épisode libère une dose de dopamine dans notre cerveau.
Cette « hormone du bonheur » a pour particularité de provoquer un sentiment de bien-être. Comme nous en sommes difficilement rassasiés, notre cerveau intègre comment en obtenir de plus en plus pour prolonger cette sensation confortable.
Nous serions naïfs de penser que Netflix n’a pas connaissance de ces leviers psychologiques à sa disposition. Des réseaux sociaux comme Facebook et Instagram sont construits sur cette quête de dopamine à travers un autre levier : les likes.
Les services de streaming ne dérogent pas à la règle, et utilisent principalement le suspens et les scénarios à rebondissement pour nous tenir en haleine de longues heures devant nos écrans. Entre autres, l’attachement aux personnages joue aussi un rôle déterminant. En effet, nous sommes capables de projeter nos émotions et de ressentir celles des protagonistes d’un show télévisé.
Il semble évident que son studio de production en tire profit. En 2021, Netflix a sorti 395 productions originales dans le monde, dont 259 commandées et sorties la même année. Parmi les 10 séries qui rencontrent le plus de succès sur la plateforme, 9 ont été produites par Netflix, qui a tous les ingrédients - nos données par exemple - à disposition pour concocter la recette parfaite. La plateforme de streaming affirme de son côté qu’elle continue seulement d’améliorer son « Système de recommandation » en permanence.
Comment lutter contre les fake news et adopter de bonnes pratiques ?
Introduction
Dans une société où internet a multiplié les moyens de communication et d’information, chaque citoyen doit être en mesure de se forger une opinion éclairée. La maîtrise d’une culture hybride, mêlant le fonctionnement de la presse à celui du numérique, est alors essentielle. Avec à la clé, la capacité à se protéger contre les infox, ces fausses nouvelles qui prospèrent sur internet, et aboutissent à créer une véritable fracture de l’information parmi la population.
Etape 1 : s’informer sur… les origines de la désinformation sur internet
Ah, les “fake news” (fausses informations) ou “infox” ! Vous avez sûrement l’impression d’en avoir largement entendu parler. Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de prendre un peu de recul et de faire l’état des lieux des pratiques des Français en matière d’information… Nous vous proposons ici de partir en quête des origines de la désinformation qui semble toucher, via le web et les réseaux sociaux, un nombre conséquent de personnes !
Etat des lieux : comment les Français s’informent-ils à l’ère numérique ?
Que faire face au cyberharcèlement ?
Le harcèlement est le fait de tenir des propos ou d’avoir des comportements répétés ayant pour but ou effet une dégradation des conditions de vie de la victime. Cela se traduit par une dégradation de la santé physique ou mentale de la personne harcelée. C’est la fréquence des propos et leur teneur insultante, obscène ou menaçante qui constitue le harcèlement.
Source : Cyber-harcèlement (harcèlement sur internet)
Le harcèlement devient du cyberharcèlement à partir du moment où les propos et les comportements caractéristiques du harcèlement basculent en ligne. Dans ce cas, les réseaux sociaux, les services de messagerie instantanée, les forums, les jeux vidéo multijoueurs et les blogs sont par exemple concernés. Les propos en cause peuvent être des commentaires, des vidéos, des montages (photos ou vidéos) ou de simples messages sur des forums. Que ces échanges soient publics ou privés, ils sont punissables par la loi.
À travers ce parcours, Numérique Ethique vous propose des solutions pour mieux identifier et faire face au cyberharcèlement.
Les enseignants peuvent se retrouver en première ligne, comme témoins de situation de cyberharcèlement subi par un ou plusieurs élèves. Pauline Escande-Gauquié, Maître de conférences au CELSA et co-auteur de “Monstres 2.0, l’autre visage des réseaux sociaux” vous explique comment agir au sein du milieu scolaire.
Comment réguler son temps sur les réseaux sociaux ?
Si les réseaux sociaux sont des outils exceptionnels pour discuter avec des proches ou échanger de l’information, leur utilisation peut s’avérer très chronophage. À savoir que le nombre d’heures n’est pas le seul indicateur à prendre en compte. La profusion d’information, les likes et les notifications encouragent les microconnexions très régulières, et nous rendent accros. Mais une exposition prolongée et régulière peut être problématique chez les jeunes, susceptibles de développer des troubles cognitifs comme des problèmes de sommeil ou de concentration. Dès lors, comment adopter une consommation raisonnée ?
Tant de temps passé sur les réseaux sociaux…
Selon une étude Médiamétrie, en moyenne, les Français passent 2h12 chaque jour sur Internet. Mais ce chiffre cache de grandes disparités : les 15 % les plus connectés, soit 7,6 millions d’internautes, surfent près de 7 heures par jour (6h53) quand les plus modérés, soit 25,4 millions de Français, passent en moyenne 1h10 quotidienne sur la toile.
6 Français sur 10 se connectent chaque jour sur les réseaux sociaux et les messageries. Ces sites représentent à eux seuls un tiers du temps passé sur Internet. En 2019, les internautes se connectent en moyenne 22 jours sur un mois soit 4 de plus qu’il y a 10 ans et principalement via leur smartphone. Si les jeunes sont les premiers concernés par cet usage, ils marquent souvent leur préférence : à chaque âge son réseau. Ainsi les 11-20 ans font la part belle à Snapchat, TikTok et Instagram quand Facebook, Twitter et LinkedIn attirent davantage les 25-34 ans. Les collégiens consacrent 1h14 par jour aux réseaux sociaux, soit 45 % de leur temps passé sur Internet.
Réduire son temps consacré à Internet, c’est possible !
Conscients des dangers liés à une utilisation trop fréquente de leurs appareils, les géants du numérique déploient des outils pour aider les utilisateurs à contrôler leurs usages. L’objectif ? Fournir aux utilisateurs des informations détaillées sur l’utilisation de leur téléphone : temps passé sur chaque application, nombre de consultations, de notifications reçues…
Aujourd’hui, nombreux sont les appareils et applications incluant un “compteur de temps”. Ils permettent de se fixer au préalable une limite de temps à passer sur l’application. C’est par exemple le cas d’Instagram, dans laquelle il faut se rendre dans le menu principal, puis “Votre activité” et enfin “Temps d’utilisation”. À cet endroit vous découvrirez votre temps passé par jour et par semaine sur l’application. Il vous sera aussi possible de définir un rappel quotidien ou une notification, qui vous rappellera à chaque fois que vous aurez dépassé ce temps déterminé.
Sur certains smartphones comme l’iPhone, un “mode sommeil” permet de faire basculer automatiquement l’écran en mode éclairage nocturne (noir et blanc), active le mode “ne pas déranger” et rend les appels silencieux. Parfait pour la nuit !
Une autre solution ? Se responsabiliser et se poser simplement la question de sa consommation des réseaux sociaux en répondant honnêtement. On peut ensuite s’obliger à se déconnecter sur certaines plages horaires, désactiver les notifications, supprimer les apps de son téléphone, laisser son téléphone hors de sa chambre la nuit, ne pas installer de jeux, choisir un téléphone avec moins de mémoire… Nombreuses sont les astuces à adopter. Pour les plus jeunes, les parents, en tant qu’administrateurs, peuvent également définir des plages horaires auxquelles l’utilisation de l’appareil familial (ordinateurs, tablettes) sera limitée.
En dernier recours, lorsque l’appel de la technologie devient trop difficile à esquiver, il reste ce qui se rapproche d’une camisole digitale. Des applications de blocages et restrictions d’accès, destinées à calculer votre temps passé sur vos applications et smartphones et établir des limites. Probablement, le meilleur allié pour reprendre le contrôle lorsque la technologie s’en est emparée.
Pourquoi me suggère-t-on toujours les mêmes choses sur Internet ?
Vous l’avez sûrement remarqué, les réseaux sociaux ont tendance à vous présenter des contenus qui reflètent vos opinions. Pourtant, des avis divergents constituent les bases nécessaires à une culture démocratique du débat. Les résultats des élections présidentielles américaines de 2016 ont mis en évidence que l’image renvoyée par les médias sociaux et les moteurs de recherche n’est pas complète. Que cela nous plaise ou non, nous vivons dans une bulle de filtres… Dès lors, comment en sortir ?
Comment se crée une bulle de filtre ?
Google, Facebook, Netflix, Twitter ou Instagram…. affinent donc constamment leurs algorithmes pour ne nous montrer que les informations, actualités et opinions supposées pertinentes pour nous. Le but pour les GAFA étant de garder l’utilisateur le plus longtemps possible sur ses services. Au premier abord, cette personnalisation algorithmique semble positive : les contenus qui ne nous plaisent pas ou ne nous intéressent pas ne nous sont pas imposés.
Cependant, cela empêche les utilisateurs de se confronter à d’autres points de vue politiques et sociaux, d’autres visions du monde, provoquant un isolement idéologique et culturel formant peu à peu des chambres d’écho desquelles il est difficile d’échapper. C’est ce qu’on appelle des “bulles de filtres”.
Pourquoi ça pose un problème ?
Les problèmes qui en résultent ne sont pas seulement de nature individuelle, mais ont également un impact sur la société dans son ensemble. Dans une démocratie qui fonctionne, l’échange de points de vue n’est pas seulement important entre les politiciens des divers partis, mais doit exister dans l’ensemble de la société. Dans la mesure où de nombreux internautes n’ont pas encore une conscience critique suffisante, ils projettent leur propre perception au sein de la bulle sur l’ensemble du monde extérieur. Au lieu de considérer sa propre opinion comme une opinion parmi tant d’autres, la bulle de filtres ne fait que la confirmer, de sorte que l’on remarque à peine qu’il en existe d’autres.
Les bulles de filtres expliquent, entre autres, le succès des fake news. Les agitateurs alimentent ces rumeurs dans une bulle de filtres dans laquelle elles peuvent se répandre sans contestation et s’orienter vers des faits supposés.
Comment sortir de sa bulle de filtrages ?
Si l’on souhaite se libérer de sa bulle de filtres, il existe plusieurs options : la première étape consiste à remettre en question son propre comportement de navigation pour influencer et former l’algorithme. Facebook, par exemple, montre moins de nouvelles des utilisateurs dont on ne clique pas sur les publications. On peut également suivre les pages de plusieurs partis ou commentateurs de bords différents pour recevoir un éventail plus large d’informations du spectre politique.
Une deuxième solution consiste à effectuer ses recherches sur d’autres moteurs que Google. Qwant, par exemple, assure qu’aucune donnée personnelle concernant les utilisateurs n’est collectée. Ainsi, aucune recherche personnalisée n’a lieu et aucune bulle de filtre ne peut être créée. Il existe également des outils pour certains navigateurs Internet qui aident à empêcher le suivi du comportement de navigation. Si les entreprises ne peuvent pas recueillir d’informations, il n’est pas possible de personnaliser les contenus. Par ailleurs, il est recommandé de toujours faire preuve de prudence en ce qui concerne les informations personnelles que l’on fournit sur les médias sociaux.
Enfin, en supposant que la bulle de filtres s’étend aux médias traditionnels, il est conseillé d’avoir recours à autant de médias et de sources différentes que possible. Cela peut être fait en ligne, par exemple, en utilisant des agrégateurs de contenu comme Inoreader, The Old Reader ou Newstab.
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