Les appareils reconditionnés pour un numérique plus sobre et éthique
L’essor de la vente d’appareils numériques reconditionnés peut-il contribuer à répondre à certains défis majeurs de notre époque : le changement climatique, mais aussi la fracture numérique et la baisse du pouvoir d’achat ?
À l’heure où les engagements de la COP26 apparaissent loin d’être suffisants pour contenir la hausse de la température mondiale et contrer la menace de dérèglements climatiques majeurs, la pollution liée au numérique, secteur en pleine expansion, pose des problèmes environnementaux et sociaux grandissants. Les objets numériques et technologiques reconditionnés peuvent-ils peser dans la balance en luttant contre l’obsolescence programmée et économisant des ressources rares ?
Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ?
Le terme « obsolescence programmée » apparaît au début des années 1930 aux États-Unis, employé par Bernard London, alors agent immobilier new-yorkais. Il y fait référence dans un court livre intitulé « Ending the Depression through Planned Obsolescence », qui paraît quelques années seulement après le début de la crise économique mondiale de 1929. Avec cette idée, il souhaite venir au secours des entreprises en difficulté par le renouvellement plus fréquent de certains biens d’usage et aider ainsi à la relance de l’activité économique.
Le premier objet « victime » de l’obsolescence programmée est l’ampoule et son filament à incandescence, mais il en existe beaucoup d’autres : collants, voitures, vêtements, appareils électroménagers, et bien entendu, les appareils et accessoires numériques, dont les smartphones, tablettes et ordinateurs.
Aujourd’hui, la définition légale de l’obsolescence programmée est la suivante : c’est « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ». Depuis 2016, elle est considérée comme délit et interdite par la loi française, selon l’article L 441-2 du code de la consommation.
Quel est l’impact environnemental des appareils électroniques ?
Avec l’essor du numérique, l’impact environnemental lié à ce secteur est de plus en plus alarmant. Il faut prendre en compte toutes sortes de pollution émise tout au long de la vie des appareils : leur fabrication qui comprend notamment l’extraction des matières premières, leur transport, leur utilisation et leur fin de vie.
Prenons l’exemple des métaux rares que l’on retrouve dans les smartphones : il s’agit bien souvent de ressources non renouvelables, extraites dans des conditions aussi bien désastreuses pour l’environnement que pour les personnes et parfois enfants qui travaillent dans ces mines, souvent situées en Afrique et en Asie, en marche non-stop. Sans parler de l’énergie fossile nécessaire pour mener à bien les opérations de forage et minage.
L’assemblage et la fabrication en usine des appareils et accessoires numériques, puis leur expédition autour du monde sont elles aussi gourmandes en énergie et carburant.
N’oublions pas les déchets que représentent les appareils électroniques en fin de vie : cassés, obsolètes, démodés, impossibles à réparer… En France, on change de téléphone en moyenne tous les 2 ans, et pratiquement 90 % d’entre nous changeons de téléphone alors que le nôtre fonctionne toujours ! Plusieurs dizaines de millions de téléphones portables fonctionnels dormiraient actuellement dans les tiroirs des Français·e·s. Seuls 15% des téléphones portables et smartphones seraient collectés afin d’être recyclés, et quand bien même, leur conception rend complexe la récupération et le recyclage des matériaux dont les métaux. De nombreux déchets électroniques sont alors exportés de façon illégale vers des pays d’Asie et d’Afrique, où ils terminent dans des décharges à ciel ouvert de plus en plus grosses.
Les appareils reconditionnés à la rescousse !
Heureusement, on observe depuis plusieurs années un changement dans les habitudes de certains consommateurs. Dans l’hexagone, la part de téléphones neufs vendus recule chaque année tandis que celle des téléphones reconditionnés augmente. Prix du neuf exorbitants ou sensibilisation croissante aux enjeux environnementaux et sociaux de notre consommation ? Peu importe la réponse, les Français·e·s achètent de plus en plus d’objets reconditionnés, tout comme ils conservent leurs smartphones plus longtemps qu’auparavant !
Les appareils reconditionnés sont plus que des appareils d’occasion : ils sont récupérés, rénovés et testés par une entreprise spécialisée dans le reconditionnement, des « reconditionneurs ». Aujourd’hui des sites web se sont spécialisés dans la vente d’appareils électroniques reconditionnés comme Back Market, CertiDeal ou encore remade.com, spécialisé dans les smartphones d’Apple. Certains fabricants de biens électroniques ont par ailleurs créé des programmes de recyclage et reconditionnent leurs produits, comme Apple et ses iPhone. Les opérateurs téléphoniques s’imposent aussi progressivement comme des acteurs croissants du marché du reconditionné.
Le web a aussi permis de grandement faciliter le don de ses anciens téléphones portables et autres appareils électroniques : le site jedonnemontéléphone.fr (je donne mon téléphone) récupère pour remettre en état ou recycler les téléphones inutilisés des usagers, tandis que La Collecte Tech récupère les appareils numériques des entreprises et organisations qui ne sont plus utilisés pour leur donner une seconde vie au profit de personnes frappées par la fracture numérique.
Quels sont les avantages d’acheter des appareils technologiques reconditionnés ?
- Prix très intéressants (jusqu’à 75 % moins cher qu’un appareil neuf) ;
- Plateformes d’achat et de revente qui travaillent avec des reconditionneurs expérimentés et incluent des garanties à leurs produits ;
- Réduction de la « fracture numérique » en rendant accessible les appareils numériques et les nouvelles technologies au plus grand nombre ;
- Réduction de la pression environnementale créée par la fabrication de produits électroniques neufs ;
Il existe de nombreuses façons de réduire son empreinte carbone numérique, et se tourner vers des produits reconditionnés plutôt que neufs en fait partie ! D’autres habitudes sont aussi à prendre :
- Faire attention à ses appareils pour les faire durer le plus longtemps possible ;
- Réduire son utilisation d’objets électroniques/informatiques et résister aux publicités et offres promotionnelles ;
- Essayer de réparer ses appareils en cas de casse : de plus en plus de boutiques de réparation mobile voient le jour et proposent des services de réparation ;
- Recycler ses appareils inutilisés en les donnant à des associations, des centres de recyclage, des entreprises spécialisées dans le reconditionnement ;
- Ne pas laisser ses appareils inutilisés au fond de ses tiroirs et placards et ne pas les jeter avec les ordures normales.
Aller plus loin
- Consulter notre article consacré aux enjeux de l’obsolescence programmée
- En savoir plus sur les outils à notre disposition pour ne pas subir l’obsolescence des produits, avec Halte à l’Obsolescence Programmée.
- S’informer sur la pollution engendrée par la fabrication des appareils numériques avec Greenpeace.
- Prendre conscience de l’impact environnemental des smartphones avec l’ADEME
- Découvrir le réseau Envie, qui valorise des équipements électroniques en conciliant insertion professionnelle, économie circulaire et création d’emplois locaux
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Où en est la transition écologique des géants du numérique ?
Surnommés les BIG 5 du secteur technologique, les GAFAM apparaissent souvent plus puissants que nos gouvernements et omniprésents dans notre quotidien. Mais quel est leur impact environnemental, et comment le limitent-elles ?
En 2020, le secteur du numérique représentait entre 3 et 4 % des émissions mondiales de CO2, se plaçant devant le secteur aérien civil. Les gaz à effet de serre (GES) émis par le monde numérique seraient en outre appelées à doubler d’ici à 2025 si le secteur continue de se développer à sa vitesse actuelle. Ces émissions sont réparties entre la production de biens électroniques et l’utilisation de terminaux, data centers et réseaux. Devant ce constat alarmant, les entreprises du numérique sont confrontées à la nécessité d’adopter au plus vite une stratégie de réduction de leurs émissions carbone, à commencer par les géants d’Internet : les GAFAM.
Les GAFAM sont au centre de nombreuses polémiques (protection des données de Facebook, conditions de travail chez Amazon, évasion et optimisation fiscale, désinformation…), dont une nouvelle qui concerne ces cinq mastodontes du monde numérique : leur impact environnemental.
Que font les GAFAM pour alléger leur empreinte carbone ?
La firme de Sundar Pichai a investi dans des projets de captation du méthane, un GES moins présent dans l’atmosphère, mais beaucoup plus polluant que le dioxyde de carbone.
Google a aussi affirmé que 100 % de l’électricité utilisée pour ses activités était d’origine renouvelable, mais cette information est à prendre avec des pincettes puisque dans les faits, Google compense la totalité de son énergie utilisée par des énergies renouvelables. Autrement dit, Google achète autant d’énergie renouvelable que la quantité d’énergie consommée pour ses activités, mais en fonction de la région et du moment de la journée, l’alimentation de certains de ses data centers s’appuie toujours aujourd’hui sur les énergies fossiles.
Son prochain objectif est de n’utiliser en permanence que des énergies renouvelables pour l’ensemble de ses activités (data centers compris) d’ici à 2030, en misant sur les énergies solaire et éolienne et le stockage d’énergie, et en investissant sur ces dernières à grande échelle.
- Apple
Depuis 2013, Apple affirme recourir à 100 % d’énergies renouvelables pour alimenter ses data centers. Une tendance que l’entreprise de Tim Cook souhaite élargir à la production de ses appareils et à ses chaînes d’approvisionnement avec pour objectif la neutralité carbone en 2030.
Longtemps critiqué pour favoriser l’obsolescence programmée et inciter ses clients à acheter sans cesse de nouveaux modèles d’appareils et accessoires, Apple a depuis investi dans des programmes de recyclage de ses équipements, tout comme les mises à jour iOS sont désormais accessibles à un plus grand nombre de modèles anciens qu’auparavant.
En 2020, la firme de Mark Zuckerberg publiait son rapport annuel dans lequel elle affirme avoir réduit ses émissions de GES de 94 % et avoir atteint la neutralité carbone.
Les actions mises en place et communiquées par la firme de Cambridge sont :
- l’alimentation en électricité renouvelable (solaire et éolien) de ses data centers
- la réduction de sa consommation d’eau et son engagement à restituer à la nature plus d’eau qu’elle n’en consomme
- la création d’un centre d’informations sur le climat
- l’investissement dans des projets qualitatifs d’élimination du carbone
- Amazon
En 2019, Jeff Bezos lance son « Climate Pledge » dont Amazon est le premier signataire. Les signataires s’engagent à atteindre la neutralité carbone en 2040. Les actions qui vont être implémentées ou le sont déjà concernent :
- l’utilisation de 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2025
- une flotte de véhicules électriques pour livrer les commandes (« Shipment Plan Zero »)
- l’étiquetage des produits « eco-friendly » vendus en ligne
- les dons d’invendus à des associations pour lutter contre le gaspillage de ressources
- l’implémentation de « Amazon Second Chance » (recyclage des emballages, recyclage et échange de biens électroniques, réparation d’articles et achat d’articles d’occasion)
- Microsoft
Microsoft a pour objectifs de présenter un bilan carbone négatif en 2030, mais aussi de compenser tout le CO2 émis depuis sa création en 1975. L’entreprise de Bill Gates a commencé à s’intéresser à ses émissions carbone dès 2007, et s’affirme neutre en carbone depuis 2012.
Grâce aux projets communautaires de compensation carbone mis en place, Microsoft affirme ainsi avoir impacté positivement plus de 8 millions de personnes dans les pays émergents. En 2020 et pour la sixième année consécutive, Microsoft utilise pour ses opérations aux USA seulement de l’énergie verte.
Enfin, le « Microsoft’s Climate Innovation Fund » qui voit le jour en 2020, s’engage à investir 1 milliard de dollars sur 4 ans dans les nouvelles technologies et projets destinés à lutter contre le changement climatique.
Greenwashing ou véritable transition écologique ?
Les GAFAM semblent prendre au sérieux la question environnementale en mettant en place des actions concrètes. Mais qu’en est-il en réalité ?
- Contrats avec les compagnies pétrolières
L’ONG Greenpeace dénonce dans son dernier rapport certaines activités des GAFAM évaluées comme étant à l’opposé de leurs objectifs de neutralité carbone. Amazon, Microsoft et Google continuent en effet de vendre aux compagnies pétrolières des technologies alimentées par l’IA pour extraire toujours plus de pétrole. Pourtant, l’urgence d’abandonner les énergies fossiles apparaît de plus en plus pressante pour permettre aux États de tenir les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
- Crédits carbone
Les GAFAM font usage des « crédits carbone » : elles investissent dans des projets à visée environnementale pour compenser leurs propres émissions carbone.
Qu’est-ce qu’un crédit carbone ? C’est l’équivalent d’une tonne de CO2 évitée ou séquestrée. De nombreuses entreprises se servent aujourd’hui de la compensation carbone pour mettre en avant le fait qu’elles ont atteint la neutralité carbone. Mais cette façon de fonctionner n’implique-t-elle pas un effet pervers, en permettant aux entreprises de continuer à polluer plutôt que de véritablement réduire leurs émissions ?
- Publicités en ligne intensives et incitation aux achats
Les modèles économiques de Facebook et Google reposent avant tout sur la publicité en ligne. La publicité intensive en ligne semble pourtant contraire à une politique ambitieuse de réduction de ses gaz à effet de serre, impliquant une approche globale de son impact sur la société et les comportements de consommation. En effet, la publicité diffusée au sein des campagnes diffusées via Facebook et Google favorise l’expansion de notre société de consommation, en incitant à l’achat et au renouvellement d’équipements parfois fonctionnels. La publicité en ligne favorise ainsi in fine une cadence de production toujours plus élevée, nécessitant de recourir à des ressources naturelles importantes (eau, électricité, matières premières).
De même pour le business model d’Amazon, géant de l’e-commerce dont les prix bas et les livraisons express incitent les utilisateurs à acheter toujours plus, et plombent le bilan environnemental de l’entreprise, contrainte de recourir de plus en plus à l’aérien et à accroître son nombre de convois routiers pour respecter ses délais de livraison contraints. Tout ceci sans compter l’impact lié aux retours de commandes des clients insatisfaits, ou bien encore aux volumes des emballages de colis. On estime d’ailleurs qu’Amazon aurait émis en 2020 60,64 millions de tonnes métriques de CO2, soit 19% de plus qu’en 2019.
Et pour terminer : comment réduire son empreinte carbone en ligne ?
Voici quelques conseils :
- Garder ses appareils numériques le plus longtemps possible, les réparer, les recycler, préférer le reconditionné au neuf et des labels de fabricants respectueux de l’environnement
- Déclencher rapidement la veille de son ordinateur, smartphone, tablette, etc.
- Éteindre complètement ses appareils numériques plutôt que de les mettre en veille
- Débrancher sa box quand on s’absente, débrancher ses câbles de chargeur quand on ne les utilise pas
- Stocker ses fichiers localement plutôt que sur le cloud
- Se désabonner des newsletters inutiles, faire le tri dans sa boîte mail, éviter d’envoyer des e-mails trop lourds
- Installer un moteur de recherche eco-friendly comme Lilo ou Ecosia
Aller plus loin
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Préserver la biodiversité urbaine grâce au numérique
La biodiversité est en péril, malmenée par l’urbanisation et la pollution humaine. Aujourd’hui, réaffirmer la place de la nature dans nos villes, et apprendre à cohabiter avec l’environnement qui nous entoure, est primordial.
Comment se porte la biodiversité urbaine ?
La biodiversité, urbaine ou non, n’est pas au mieux de sa forme, et chaque année, le nombre d’espèces végétales et animales menacées augmente, tout comme des espèces indigènes disparaissent du paysage urbain. Les espèces de faune et flore qui font partie de l’écosystèmeème urbain ont la vie dure : on observe une situation conflictuelle avec les humains, une diminution de leur aire vitale, une altération des sols (bien souvent trop compacts et contaminés) et la propagation de maladies issues d’espèces exogènes invasives.
Les habitats naturels se dégradent et disparaissent à cause de l’urbanisation, d’une population toujours plus dense et des activités liées à l’agriculture, à l’industrie et à la foresterie. Les changements climatiques, l’exploitation et l’utilisation excessives et non durables des ressources naturelles, ou encore l’introduction d’espèces invasives (la plupart du temps introduites, volontairement ou non, par l’homme) sont aussi responsables du déclin de la biodiversité.
Sommes-nous toujours connecté·e·s avec la nature ?
Les humains ont beau être de plus en plus connectés, ils se déconnectent chaque jour un peu plus de la nature. L’urbanisation progresse bien souvent au détriment de la nature, tandis que notre utilisation exponentielle du numérique a tendance ànous éloigner du monde extérieur et de la biodiversité qui l’habite.
Pourtant, vivre entouré·e·s de nature, ou au moins l’espace de quelques heures par semaine, est indispensable à notre bonne santé physique et morale.
Alors pourquoi ce désamour pour la nature et cet engouement pour les nouvelles technologies et la ville, qui ne feraient pourtant augmenter notre niveau de stress ? N’est-il pas possible de concilier nature, numérique et urbanisation ?
Quels rôles joue la biodiversité en ville ?
C’est en 1992 que le concept de « biodiversité » apparaît pour la première fois, pendant le sommet planétaire de Rio de Janeiro, lors de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement : il se définit par la « mesure de l’ensemble des espèces végétales et animales dans un espace donné » (Wilson, 1993).
La biodiversité en ville est indispensable et est synonyme de nombreux bienfaits pour les riverains. Les écosystèmes présents en milieux urbains rendent de multiples services aux villes. Ils aident par exemple à :
- Filtrer l’air ;
- Réguler le microclimat urbain ;
- Réduire les bruits ;
- Drainer les eaux de pluie ;
- Traiter les eaux usées ;
- Apporter des valeurs culturelles, récréatives, éducatives ;
- Permettre la pollinisation des végétaux ;
- Fournir des habitats refuges aux espèces ;
- Préserver les ressources génétiques des espèces.
Prenons quelques exemples de bénéfices concrets qu’une biodiversité urbaine saine apporte :
- Les végétaux améliorent la qualité de l’air, de l’eau et des sols ;
- Les arbres absorbent les polluants dont le CO2, régulent la température, notamment en cas de fortes vagues de chaleur ;
- Les espaces verts ont un effet positif sur la santé mentale des citadins, tout comme ils améliorent leur santé physique (moins d’allergies, de maladies cardiovasculaires, etc.).
Quels indicateurs pour évaluer, comprendre et protéger la biodiversité ?
Grâce au numérique, il est possible d’enregistrer de très nombreuses informations afin de créer des bases de données qui permettront de suivre et de cartographier les espèces. Deux types d’indicateurs sont nécessaires pour mieux appréhender la biodiversité en milieu urbain :
Les indicateurs directs, simples ou composites : diversité des espèces, abondance de variétés, etc.
Les indicateurs simples ou à paramètre unique se basent sur des caractéristiques facilement observables comme le nombre d’espèces ou l’abondance des espèces.
Les indicateurs composites ou à plusieurs paramètres résument plusieurs types de données (au minimum 2) en un seul indicateur.
Les indicateurs indirects s’intéressent davantage aux facteurs qui constituent un risque ou une opportunité pour la biodiversité.
Des projets et outils numériques déployés pour favoriser la biodiversité en ville
Des applications de participation citoyenne permettent de relever la biodiversité autour de soi, en milieu urbain comme en pleine nature :
Pl@ntNet, à la fois application (2013) et plateforme (2009) de sciences participatives pour reconnaître les espèces végétales à partir de photographies. Aujourd’hui, c’est une base de données qui recense plus de 37 000 espèces de plantes vasculaires et qui grossit chaque jour grâce à la participation communautaire ainsi qu’à celle d’experts.
NaturaList, permet de recenser et de relever sur le terrain des informations relatives aux espèces de la faune sauvage observées : oiseaux, mammifères, reptiles, insectes…
Bioblitz de Sciences et Vie ou le « plus grand observatoire de la biodiversité mené en France » qui offre la possibilité de recenser et de photographier les espèces du vivant près de soi.
Des projets numériques ont aussi vu le jour pour aider les villes à mieux intégrer la faune et la flore au sein de projets d’écoconception urbaine :
Le projet CAcTUS utilise l’intelligence artificielle et le Machine Learning pour prédire les statuts de conservation des espèces végétales, en analysant des données biologiques comme les données climatiques et environnementales, les images satellites ou les occurrences d’espèces.
Biodi(V)strict est un outil numérique pour incorporer l’écologie à des projets d’aménagement urbain en mettant en place une démarche d’écoconception. Rapide, facile à comprendre et peu onéreux, il se base sur la diversité des habitats et de celle des espèces. Il analyse 5 indicateurs qui prennent en compte la biodiversité au sein d’un projet d’aménagement : la perméabilité à l’eau, la proportion de végétaux, la diversité des strates végétales et des habitats naturels et leur connectivité.
Si les données récoltées sur la biodiversité grandissent, la biodiversité urbaine semble quant à elle chaque année un peu plus menacée. L’urgence aujourd’hui est de cohabiter avec la nature, et non plus de la détruire pour les besoins humains. Le numérique peut ainsi permettre de venir au secours de la biodiversité urbaine en recueillant et compilant une très large variété de données, à prendre en compte dans de futurs projets d’écoconception urbaine. Tout ceci grâce à la mobilisation collective des citoyennes et des citoyens, soucieux de faire progresser la cause écologiste au cœur de leurs lieux de vie !
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
Face à l’urgence climatique, il est encore temps de changer de logiciel. Ensemble, faisons le choix d’un numérique éco-responsable.
Le métavers sera-t-il bon ou mauvais pour la planète ?
Alors que le métavers, comme les réseaux sociaux avant lui, inquiète déjà quant aux dommages collatéraux qu’il pourrait entraîner sur la santé mentale de ses utilisateurs, c’est désormais à la menace environnementale de pointer le bout de son nez.
Nous entendons beaucoup parler du métavers depuis octobre 2021 et l’annonce en grande pompe par Mark Zuckerberg de la mutation du célèbre Facebook en Meta, engageant ainsi un investissement massif dans le développement de « l’Internet du futur », qui représenterait pour certains l’avènement du web 3.0.
En réalité, les métavers ne sont pas nouveaux, et M. Zuckerberg n’a rien inventé du tout. Le terme « métavers » est cité pour la toute première fois dans un roman de 1992, Snow Crash écrit par Neal Stephenson (le nom du roman en français est Le Samouraï Virtuel). Soit dit en passant, ce roman de science-fiction met en scène l’un des pires futurs dystopiques que l’on pourrait imaginer.
Depuis les années 2000, plusieurs métavers ont par ailleurs déjà été créés dans le secteur des jeux vidéo (Active Worlds en 1995, Le Deuxième Monde en 1997, Second Life en 2003, etc.).
En quoi consiste brièvement le métavers ?
En résumé, le métavers est un univers virtuel, parallèle à notre monde physique, persistant et interactif. Dans cet univers qui mélange réalité virtuelle, réalité augmentée et intelligence artificielle, les utilisateurs s’y déplacent et interagissent entre eux sous la forme d’avatars.
Au sein de ce monde du futur à mi-chemin entre réel et virtuel et hautement interactif, les avatars peuvent acheter, vendre et s’échanger des NFT (non-fungible token) grâce aux cryptomonnaies. Ainsi, il semble clair que le métavers crée de grandes opportunités commerciales pour les marques et s’avèrera être un excellent outil de communication, comme le sont devenus les réseaux sociaux.
On pourrait penser que le métavers, étant un monde entièrement virtuel, ne représenterait pas de réelles menaces pour l’environnement. C’était sans compter l’enchevêtrement de très hautes technologies, très énergivores, nécessaires à son développement et à son bon fonctionnement.
Les hautes technologies et le matériel nécessaires au métavers
Retour sur les technologies qui rendront possibles le métavers et leur impact environnemental.
Les datacenters :
Les métavers ont beau être des mondes virtuels, leur architecture et le nombre astronomique de données informatiques qu’ils vont générer devront être stockées sur des serveurs, eux-mêmes hébergés dans des data centers. Les data centers capteraient aujourd’hui 3 % de la consommation d’énergie mondiale, un chiffre appelé à grandir au regard de la numérisation galopante de notre monde, de la migration des données et applications vers le cloud computing, et de l’augmentation des données informatisées générées par les nouvelles technologies.
Pourtant, les principaux acteurs du numérique ne cessent de mettre en avant la neutralité carbone de leurs opérations, notamment par l’utilisation quasi-totale d’énergies renouvelables ou le recours aux crédits carbone.
L’intelligence artificielle :
L’intelligence artificielle sur laquelle reposera le métavers pour offrir en permanence à ses utilisateurs du contenu qui leur sera adapté se basera sur des algorithmes de deep learning très complexes, nécessitant une immense puissance de calcul et de nombreux serveurs de données.
Les cryptomonnaies et la blockchain :
L’utilisation de la blockchain au sein des métavers crée une économie décentralisée, non contrôlée par une seule et même entité. Les cryptomonnaies utilisées dans la technologie blockchain ont donc vocation à devenir la monnaie virtuelle utilisée au seinde s différents métavers, particulièrement pour la vente et l’achat de NFT.
Pourtant, la blockchain et les cryptomonnaies représentent déjà une menace environnementale grandissante du fait de leurs énormes besoins en électricité. Le minage de cryptomonnaies (en anglais, « mining »), qui consiste pour faire simple en la création de cryptomonnaies par un ordinateur après la résolution d’un problème mathématique, nécessite des ressources énergétiques très élevées.
Avec un engouement croissant pour la blockchain au niveau mondial, cette consommation d’énergie destinée au minage de cryptomonnaies est devenue dramatiquement exponentielle. La blockchain Bitcoin consommerait autant d’énergie sur un an que l’Argentine et la blockchain Ethereum autant que les Pays-Bas…
De même, de nombreux centres de minage implantés autrefois en Chine se sont délocalisés aux États-Unis. La Chine a en effet interdit le minage de cryptomonnaies sur son sol pour des raisons — en partie — environnementales. Le minage de cryptomonnaies s’est en effet révélé bien trop énergivore pour un pays qui vise la neutralité carbone pour 2060 et dont la production d’énergie actuelle est encore largement alimentée par les centrales à charbon.
Aux États-Unis, ce n’est malheureusement pas le même son de cloche, puisque des centrales à charbon sont remises en service pour alimenter en électricité les « fermes de minage », au grand dam des défenseurs de l’environnement — et de l’environnement lui-même.
S’équiper pour aller dans le métavers :
Le matériel informatique que nous utilisons quotidiennement représente un bilan carbone phénoménal, en raison de l’extraction des ressources et l’utilisation d’énergie nécessaire à leur fabrication, de la consommation d’énergie faramineuse nécessaire au bon fonctionnement de ces mêmes appareils, mais également des serveurs où sont stockées toutes les données du web… Sans parler des amas de déchets électroniques que nous créons chaque année et qui, depuis 2021, pèseraient plus lourd que la Muraille de Chine.
S’équiper pour le métavers nécessitera de construire de nouveaux matériels informatiques gourmands en ressources et difficiles à recycler, et qui viendront s’ajouter à la situation déjà critique causée par nos usages numériques.
Le métavers peut-il avoir des répercussions positives sur nos émissions de gaz à effet de serre ?
Il ne faut pas non plus voir le mal partout : le métavers pourrait effectivement avoir des répercussions positives sur certains de nos usages néfastes pour l’environnement, par exemple, au niveau du transport et notamment de nos déplacements professionnels.
Immergées dans un monde virtuel interactif, les personnes pourraient, par exemple, travailler davantage en télétravail, ce qui réduirait les trajets en voiture (la voiture étant le moyen de transport préféré des Français·es pour se rendre sur leur lieu de travail, même pour des trajets courts), tout comme les voyages d’affaires en avion pourraient être radicalement réduits.
Pourtant, il faut là encore prendre ces informations avec des pincettes et les relativiser. Le secteur de l’aviation représenterait entre 2 et 4 % des émissions de GES, et la moitié de ces émissions serait générée par les 1 % de la population mondiale qui prend effectivement l’avion. Le secteur du numérique, aujourd’hui aux prémices déjà bien avancées d’une expansion fulgurante, représenterait en 2022, la même part d’émissions de GES…
Faut-il alors troquer les émissions de GES d’un secteur pour celles d’un autre, dont la croissance future va sans doute s’avérer bien plus forte que celle du secteur de l’aviation ?
La clé d’un futur durable serait donc la sobriété, autant pour les voyages dans les univers virtuels qu’en avion, comme l’a préconisé le 6ᵉ rapport du GIEC, publié lundi 4 avril 2022.
Fin d'année & consommation responsable : l'heure du bilan
La période d’inflation que nous traversons n’a pas l’air de freiner la croissance de la vente en ligne. Les Black Friday et Cyber Monday ont encore battu des records de vente en 2022. En cette période de fêtes, comment ne pas céder à la tentation des achats superflus qui pèsent sur notre environnement ?
L’e-commerce (ou commerce en ligne) est apparu en même temps que l’accès à Internet s’est facilité et démocratisé. Le tout premier achat en ligne est réalisé le 11 août 1994 par un certain Phil Brandenberger de Philadelphia, qui fit alors l’acquisition d’un CD de Sting. Ce tout premier achat en ligne peut paraître anodin, mais il marque pourtant le début d’une nouvelle ère dans l’économie mondiale : celle de l’e-commerce.
Le New York Times fut le premier journal à rapporter cet événement dans un article de presse dont le titre aurait difficilement pu être plus annonciateur de l’avenir du shopping tel que nous le connaissons aujourd’hui… « Attention Shoppers: Internet Is Open » (comprenez, « Avis aux acheteurs : Internet est ouvert »).
L’explosion du e-commerce face à la conscientisation des consommateurs
Les chiffres actuels de l’e-commerce sont vertigineux et atteignent chaque année plusieurs dizaines de milliards de dollars, d’euros ou de yuans. Inflation ou non, les traditionnelles opérations commerciales en ligne de la pré-période des fêtes ont encore rapporté très gros cette année. L’édition 2022 du Black Friday a atteint un nouveau record avec plus de 9 milliards de dollars de vente en ligne en une seule journée. Le Cyber Monday quant à lui a engendré un chiffre d’affaires de plus de 11 milliards de dollars sur la journée du lundi 28 novembre 2022…
Mais ce n’est rien comparé au Single’s Day, principalement célébré en Chine chaque 11 novembre, qui constitue la plus importante opération d’e-commerce au monde : le montant des ventes engendré dépasse ceux des Cyber Monday et Black Friday combinés. On imagine bien ce que ces chiffres à nous donner le tournis impliquent pour l’environnement, tant en termes de consommation de ressources que de pollution.
De plus en plus de consommateurs sont pourtant soucieux de leur impact environnemental, et beaucoup aspirent à consommer de manière plus éthique et responsable, spécialement à l’approche des fêtes. La fin des campagnes publicitaires et marketing en ligne tient plus du rêve que de la réalité, mais le web et l’e-commerce ont tout de même un rôle important à jouer pour permettre aux personnes de s’informer et d’accéder à des alternatives plus vertueuses, et ainsi participer au développement d’une économie plus verte et circulaire.
Labels, seconde main, do-it-yoursel…l’émergence d’alternatives durables
À l’inverse du Black Friday, le Green Friday a vu le jour en 2017 avec pour mission de mobiliser à chaque « vendredi noir » des acteurs qui mettent en avant des initiatives sociales et environnementales positives. Il dénonce la production et la consommation effrénées du Black Friday, et la surconsommation plus généralement.
D’autres tendances ont également émergé, comme l’attribution de labels et de scores aux produits et marques, le marché de l‘occasion et de la seconde main, les ateliers de fabrication ou de réparation do-it-yourself (soi-même), ou encore les appareils reconditionnés.
Orienter sa consommation grâce aux labels
Concernant les produits numériques, plusieurs labels ont été créés pour permettre plus de transparence. Ils informent notamment sur l’impact environnemental mais aussi sur l’indice de réparabilité, récemment mis en place par le gouvernement pour informer les acheteurs de la facilité qu’ils auront à réparer un appareil numérique ou électroménager, et ainsi allonger sa durée de vie.
Objets connectés : amis ou ennemis de l'écologie ?
L’Internet des objets (IoT) est indéniablement en train de changer la façon dont nous vivons et travaillons. Les objets connectés promettent de faciliter notre quotidien, voire de nous aider à faire des économies d’énergie en maîtrisant mieux notre consommation. Mais de la collecte massive de données personnelles à leur impact réel sur l’environnement, l’IoT génère des préoccupations croissantes…
“Internet des objets” : de quoi parlons-nous ?
L’Internet des objets désigne l’ensemble des objets connectés à Internet ; des objets équipés de puces, capteurs, logiciels et autres technologies qui leur permettent de relever, de communiquer et d’échanger des données.
L’expression « Internet of things » est formulée la première fois par Peter T. Lewis dans un discours qu’il prononce en 1985 lors d’une réunion de la Federal Communications Commission (FCC) des États-Unis. Kevin Ashton l’utilise à nouveau en 1999. Alors qu’il est directeur exécutif de l’Auto ID Labs du MIT, il emploie ce terme lors d’une présentation pour Procter & Gamble consacrée à la technologie de radio-identification (RFID) et à l’amélioration de la chaîne logistique. Ses travaux de recherche portent d’ailleurs sur la RFID qu’il considère comme un précurseur de l’IoT.
L’IoT fait partie des technologies dites de rupture appelées à révolutionner l’organisation de nos sociétés humaines. Le secteur connaît d’ailleurs une croissance plus que fulgurante : aujourd’hui, des milliards de dispositifs sont connectés à Internet à travers le monde, et aucun domaine n’y échappe. Le site de recherches et d’informations sur l’IoT, IoT Analytics, évoque le chiffre colossal de 14,4 milliards d’objets connectés dans le monde en 2022, avec une croissance de 18,8 % par rapport à l’année précédente. Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder autour de soi pour vite réaliser que les objets connectés font désormais partie de notre quotidien, et que leur présence dans notre vie de tous les jours est appelée à croître indéfiniment au fil des années.
Cependant, leur omniprésence soulève de nombreuses interrogations. Au-delà des enjeux de protection des données des utilisateurs, leur utilisation quotidienne et dans tous les domaines soulève la question brûlante de leur impact sur l’environnement. Alors que de nombreux objets connectés nous promettent d’optimiser notre quotidien et notamment de limiter notre consommation d’énergie, qu’en est-il réellement de leur empreinte carbone ?
Comment les objets connectés peuvent-ils nous aider à faire des économies d’énergie ?
Aujourd’hui, les fabricants n’hésitent pas à promouvoir les bénéfices attendus des objets connectés en matière de consommation d’énergie et de ressources, pour les entreprises, les industries et les particuliers.
À grande échelle, le REI, ou réseau d’électricité intelligent (smart grid en anglais), permet de surveiller avec précision l’état du réseau électrique en termes de consommation, de transits et de courants, ainsi que l’état des équipements du réseau, grâce à un réseau d’objets connectés disposés sur l’ensemble du réseau électrique. Cette surveillance permanente associée à une récolte massive de données permet d’ajuster avec précision la production d’électricité en fonction de la demande réelle, et donc de réduire la consommation d’énergie en évitant les gaspillages. La maintenance et la distribution du réseau sont également améliorées, offrant ainsi un meilleur service pour les usagers.
À une échelle moindre, l’IoT appliqué à la domotique peut par exemple permettre d’automatiser l’éclairage et les appareils électroniques des bâtiments, régler la température des pièces, ou encore, suivre en temps réel notre consommation d’énergie. Par exemple :
● les prises, interrupteurs et commutateurs intelligents sont capables de contrôler à distance les appareils électroniques d’une pièce, comme les lampes et les appareils ménagers,
● les thermostats connectés permettent de réguler automatiquement la température d’une pièce, en s’adaptant à la présence de personnes dans celle-ci et aux conditions météorologiques,
● les capteurs et compteurs intelligents relèvent des mesures sur l’utilisation de l’énergie dans un bâtiment et peuvent repérer les endroits et les périodes où la consommation d’énergie peut être adaptée ou réduite.
L’IoT permet à d’autres secteurs de réduire leur consommation de ressources naturelles et d’énergie et ainsi de limiter leurs émissions de carbone dans l’atmosphère. C’est entre autres le cas des secteurs de l’agriculture et des transports. Les capteurs connectés et les systèmes de surveillance peuvent aider les agriculteurs à mieux gérer les cultures et l’irrigation. Les véhicules connectés peuvent améliorer l’efficacité énergétique du transport routier en optimisant les itinéraires et en réduisant les embouteillages.
Quelle est l’empreinte carbone d’un objet connecté par rapport à son équivalent non connecté ?
Évaluer l’empreinte carbone d’un objet connecté et la comparer à celle de son équivalent non connecté n’est pas une tâche facile.
Premièrement, l’empreinte carbone d’un objet connecté dépend de son cycle de vie, depuis la production des matières premières jusqu’à son recyclage ou son élimination. Il est difficile de donner une estimation globale de l’empreinte carbone des objets connectés car elle varie suivant la technologie utilisée, les matières premières employées, l’utilisation et la durée de vie du produit, etc. Ces aspects dépendent aussi des fabricants et du degré de durabilité qu’ils appliquent à leurs processus de production.
Deuxièmement, il existe encore très peu de données et d’études fiables réalisées spécifiquement sur l’empreinte carbone des objets connectés, ceux-ci étant généralement incorporés à l’ensemble des appareils du secteur du numérique.
Quel est l’impact environnemental de l’IOT ?
Les objets connectés offrent donc tout un ensemble de solutions et services qui aident les foyers, les entreprises et les industries à mieux contrôler et optimiser leur consommation d’énergie. Pourtant, l’utilisation de tous ces appareils connectés et la collecte permanente de leurs données sont décriées par certains pour, justement, la** consommation excessive d’énergie et de ressources** qu’elles impliquent.
On estime que l’empreinte carbone du secteur du numérique, dont font partie les objets connectés, serait trois fois supérieure à celle d’un pays comme la France. Le numérique représenterait plus ou moins 10 % de la consommation d’énergie et 4 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
Consommation de ressources et fabrication polluante
La croissance exponentielle du secteur de l’IoT va entraîner une hausse drastique de la production des dispositifs connectés. Là encore, avancer un chiffre même approximatif n’est pas évident et les prévisions de différentes études divergent, mais le plus faible chiffre cit fait état de plus de 25 milliards d’objets connectés dès 2025 !
D’après une étude conduite par l’ADEME en 2021 sur le poids environnemental du numérique, la phase de fabrication/production est ce qui pèse le plus dans l’empreinte carbone d’un appareil électronique, connecté ou non. Cette étape implique l’utilisation de produits chimiques dangereux, l’extraction de métaux rares et des processus de production très gourmands en énergie.
Explosion de la consommation de données
Le traitement de toutes les données issues de l’IoT transmises aux _data centers _compte aussi dans l’empreinte carbone. Les data centers sont souvent pointés du doigt pour leur impact environnemental car ils nécessitent beaucoup d’électricité afin de pouvoir traiter et analyser les énormes quantités de données qu’ils reçoivent en continu. D’après certaines projections, le volume total de données des appareils connectés dans le monde devrait atteindre 79,4 zettaoctets (ZBs) en 2025.
Obsolescence et déchets électroniques
Enfin, les produits connectés comme tous les produits high-tech sont victimes de l’obsolescence programmée, et certains d’entre eux, de qualité moindre ou équipés de technologies rapidement dépassées, ont une durée de vie d’autant plus courte. Se pose alors la question de la prise en charge de tous ces déchets électroniques, dont la conception complexe et la présence de certains composants nocifs compliquent le recyclage.
Conclusion
Rappelons que même si les objets connectés sont responsables d’une part non négligeable d’émissions de gaz à effet de serre attribuées au secteur du numérique, ils peuvent aussi constituer des alliés de poids dans la transition écologique à grande échelle de notre économie et de nos sociétés.
Les objets connectés peuvent nous aider à mieux contrôler et consommer l’énergie. Leurs applications à des fins environnementales peuvent aussi grandement aider la société humaine à dépolluer la planète et à mettre en place des schémas d’utilisation des ressources plus respectueux de l’environnement.
Comme pour tout marché en pleine expansion, les gouvernements doivent réguler le secteur et mettre en place des normes environnementales ainsi que des labels et scores pour la fabrication, l’utilisation et la fin de vie de ces dispositifs. Les consommateurs ont aussi leur rôle à jouer en se tournant vers des marques et des fabricants qui remplissent des critères écoresponsables, et en limitant leur nombre d’appareils électroniques au strict nécessaire.
À nous de trouver un équilibre entre les bénéfices que peut apporter l’IoT dans notre quotidien et son impact sur l’environnement.
Aller plus loin
Drague 2.0 : la révolution de la rencontre ?
Aucun aspect de la vie n’échappe désormais au numérique, et bien entendu, amour et vie sentimentale ne dérogent pas à la règle. En 2023 et à l’heure du tout connecté, les célibataires ont à leur disposition toute une offre de services web pour les aider à créer de nouvelles relations.
Trouver l’amour sur Internet n’était au début pas très bien vu. Cela ne rentrait pas dans les codes, ce n’était pas la façon « normale » de se rencontrer et de se mettre en couple, voire c’était même un peu… ringard. Les couples précurseurs en la matière évoquaient d’ailleurs rarement comment ils s’étaient rencontrés.
Mais les temps ont bien changé et en l’espace de 50 ans, la vision romantique et conservatrice du couple a été plus que chamboulée. La drague en ligne s’est démocratisée pour devenir la norme. De nos jours, se mettre en couple via Internet est devenu aussi banal que de rencontrer son partenaire sur son lieu de travail, au cours d’une soirée ou par l’intermédiaire d’amis, voire même plus courant.
Car trouver l’amour en ligne présente des avantages certains. Derrière un écran, la timidité et la gêne disparaissent. On a également plus de temps pour discuter et apprendre à se connaître avant la rencontre en chair et en os.
Les rencontres en ligne sont aussi différentes des rencontres traditionnelles dans le sens où elles permettent d’élargir son champ des possibilités, de rencontrer des personnes que l’on n’aurait peut-être pas eu l’occasion de croiser autrement. Enfin, elles permettent d’entrer plus facilement en relation avec des personnes avec qui l’on a des choses en commun, grâce aux différents critères de recherche et aux apps de dating spécialisées.
Ces vingt dernières années, le marché de la rencontre en ligne s’est considérablement développé, et le panorama des sites et des applications de rencontres n’a cessé de se transformer.
Petit chronologie de la rencontre en ligne
Nous pouvons retenir plusieurs dates marquantes de l’histoire des rencontres sur Internet :
● Années 1960 : Deux étudiants d’Harvard lancent Operation Match sur une machine IBM qui analyse les réponses des participants à la question de savoir quel serait leur premier rendez-vous idéal.
● 1966 : TACT (Technical Automated Compatibility Testing) est un service de rencontres informatiques conçu par deux employés d’IBM, où des ordinateurs traitent les réponses aux questionnaires des participants et parviennent à identifier des compatibilités selon des critères socio-culturels ou encore psychologiques.
● Années 1980 : Le Minitel permet aux utilisateurs de converser entre eux grâce aux « messageries roses » payantes telles que 3615 Ulla. Ils peuvent se rencontrer de manière virtuelle et totalement anonyme, une aubaine pour les grands timides qui ne sont pas toujours à leur aise dans le cadre d’une rencontre physique.
● 1995 : **Match.com **est le premier site web de dating à proposer aux Américains de se rencontrer virtuellement.
● 1997 : Netclub.com est le premier site de rencontres à être lancé en France.
● 2002 : Les internautes français découvrent Meetic. Les sites où les utilisateurs peuvent se rencontrer par affinité vont commencer à se développer.
● 2008 : Adopte Un Mec est le premier site de rencontres où ce sont uniquement les femmes qui choisissent avec qui elles veulent échanger en ligne.
● 2009 : La première dating app qui permet de rencontrer des personnes grâce à la géolocalisation est lancée et c’est Grindr. C’est aussi la première application de rencontre gay !
● 2012 : Tinder fait son apparition, et avec lui le concept du ‘swipe’ ou balayage, pour plus vite choisir avec qui on souhaite entrer en relation. Tinder va révolutionner le secteur et contribuer à accélérer la démocratisation de la rencontre en ligne.
Qu’en est-il de la drague en ligne aujourd’hui ?
En France, on estime que près de 40 % des couples qui se sont formés en 2021 s’étaient rencontrés sur Internet, dont plus de la moitié via une application ou un site de rencontres.
Ce chiffre prouve à quel point la rencontre en ligne est entrée dans les mœurs. Les modes et les habitudes concernant les relations amoureuses évoluent avec la société et suivent les tendances : elles se « numérisent », comme de nombreux aspects de la vie humaine désormais.
La rencontre amoureuse et numérique est dorénavant une activité « domestique », puisqu’au lieu de sortir de chez soi, on peut entrer en contact avec bien plus de personnes et avoir des échanges virtuels dans le confort et l’intimité de sa propre maison.
En outre, la crise sanitaire a contribué à fortement accélérer le développement de ces nouvelles habitudes, désormais inscrites dans le quotidien de nombre de Français. Les confinements à répétition ont complexifié les rencontres, et la distance sociale a d’autant plus poussé celles et ceux en manque de contact humain vers les sites et app de rencontre. En 2021, un milliard de matchs ont eu lieu sur Bumble, soit 25 % de plus que l’année précédente, et plus de neuf milliards de messages ont été échangés sur l’application, 40 % en plus par rapport à 2020.
Cette même année, un tiers des Français était inscrit sur un site de rencontre à un moment de l’année, alors qu’ils n’étaient que 11 % en 2006.
Plus de vingt ans après leurs débuts, les applications et sites de rencontres se sont déclinés en nombreuses versions de niche pour répondre à différents segments d’utilisateurs : aujourd’hui, on trouve des apps par tranche d’âge, orientation sexuelle, religion, centres d’intérêt, signe astrologique, pour n’en citer que quelques-uns.
L’envers du décor…
Cependant, les rencontres virtuelles ne sont pas toujours aussi roses qu’elles veulent bien le laisser paraître. Les sites et applications de dating peuvent être source de fortes désillusions chez leurs utilisateurs. 25 % d’entre eux se disent déçus par leur expérience car celle-ci reste virtuelle, et qu’ils ne parviennent pas à rencontrer en personne les utilisateurs avec qui ils discutent en ligne.
Les expériences vécues par les femmes et les hommes sur les sites et applications de rencontre peuvent parfois prendre de très mauvaises tournures, en étant marquées par la frustration de l’absence de “matchs” pour les uns, ou bien encore, de l’autre côté du spectre, par des interactions relevant du harcèlement et / ou de l’agression. Une étude du Monde parue dès 2019 alertait amplement sur ces dérives divisant femmes et hommes.
En outre, l’amour en ligne n’est pas exempt de personnes mal intentionnées et de faux profils, en quête non pas d’amour mais d’opérations de manipulation ou d’arnaques en ligne. L’un des plus célèbres d’entre eux est sans doute Simon Leviev, qui s’est vu consacrer un documentaire, “L’Arnaqueur de Tinder”, sur Netflix. La prudence doit donc être de mise.